Ce cri du cœur lancé hier soir, lors du réveillon de la Saint
Sylvestre par un Algérien résidant à Neuilly :
«Le père Noël existe !» Maintenant, nous savons de manière documentée et précise ce qui peut les faire bouger, ce qui leur fait peur au point de sortir le patriarche de son tête-à-tête avec son fauteuil et l’amener à travailler quelques minutes, images à l’appui. La terre peut trembler des dizaines de fois, des murs s’effondrer, des blessés s’entasser dans des polycliniques, rien. La pomme de terre peut tutoyer les stars et revendiquer d’avoir son nom composé gravé sur le trottoir en granit rose-gris d’Hollywood, rien ! Un cinéaste, un écrivain ou une universitaire peuvent être menacés de mort, rien ! Mais il suffit que le prix du pétrole chute pour que la trompette retentisse du haut du pic du Donjon, que le Roi soit vite entouré de ses plus proches sujets et que l’on fasse déclarer par les hérauts que «la République est en danger !». A quoi ça tient tout de même le degré de conscience du danger chez nos dirigeants. A l’odeur des derricks ! Et rien qu’à ça. Plus l’odeur s’éloigne, se raréfie, plus nos chers, très chers, trop chers dirigeants font des découvertes «stupéfiantes». Il s’en trouve qui découvrent enfin l’agriculture. Si ! Si ! Je vous assure ! J’ai écouté, éberlué, un ministre affirmer, sans honte aucune, qu’il «fallait rendre à la terre sa vocation première, la production agricole». Il est vrai que jusqu’à ce choc pétrolier, la terre agricole algérienne était la seule terre au monde à produire de drôles de fruits et de légumes : des cités-dortoirs ! Un autre ministre, encore sous le coup de l’émotion, nous a appris que le Président Bouteflika avait appelé son comité vachement restreint à réduire le train de l’Etat. D’abord, une précision : je n’ai jamais vu l’Etat dans un train, fût-il luxueux ! Et même après cet appel du châtelain à réduire le train de vie de l’Etat, j’ai, de mes yeux, vu le même Etat et ses démembrements innombrables quitter et regagner le Club-des-Pins en limousines menant grand… train, sirènes de protection hurlantes ! Petite parenthèse : celui qui dirige l’Etat-Forage en comité hyper-restreint devrait commencer par s’appliquer à lui-même les réductions et économies ordonnées à ses ministères. Je ne l’ai pas entendu, ni lui directement ni son lecteur officiel de communiqués annoncer que le mégaprojet de Mosquée d’Alger avait été abandonné. Rien ! Pour une raison toute bête, au fond. L’Etat-Forage nous bourre le mou, encore une fois. Paniqué, certes, il se réunit en comité ultrarestreint, mais c’est juste pour étudier les mesures extra-restreintes qui l’aideront lui – et pas nous – à tenir jusqu’à la remontée des cours du pétrole. C’est prévu à partir de janvier 2015. Je prends le pari. L’année prochaine, les terres agricoles retrouveront comme par miracle leur «vocation naturelle», les barres d’immeubles, les commerces et les usines des potes et des cousins ! Je fume du thé et je reste éveillé, le cauchemar continue.
H. L. |