Il est vraiment difficile d'être directeur d'une chaîne de télévision privée en Algérie. Plus qu'un poste, c'est une position politique qui est aussi bien la cible des attaques que le terrain de convoitise. Avec plus d'une vingtaine de chaînes, rares sont les chaînes de télévision qui ont des P-DG ou des directeurs et cela pour plusieurs raisons. La position de directeur signifie que ce dernier a le pouvoir absolu et beaucoup de propriétaires de chaînes ne souhaitent pas donner ce pouvoir à des directeurs qui ne sont pas dans les statuts ou dans la décision. Contrairement aux statuts des télévisions occidentales ou orientales, les chaînes de télévision algériennes privées n'ont pas de conseil d'administration et fonctionnent comme des entreprises presque familiales. Le seul P-DG de chaîne installé par un conseil d'administration a été Mehdi Benaïssa, le patron de KBC aujourd'hui en prison. L'ex-P-DG d'El Djazairia TV HHC, a été également installé par les actionnaires lors d'une cérémonie. Enfin, le directeur de Dzair TV et patron du groupe de presse du groupe du milliardaire Haddad est son homme de confiance Mohamed Hakem. Pour les autres chaînes privées, c'est le propriétaire qui dirige la télévision: Anis Rahmani pour Ennahar TV, Ali Fodil pour Echourouk TV, Samira Bezaouya pour Samira TV, Nabil Amra pour El Haddaf TV, Mahiedine Tahkout pour Numidia News, Réda Mehiegni pour Beur TV, Ali Boudjema pour Hoggar TV et récemment Brahim Aissiou pour El Djazairia TV. Ce dernier a été officiellement installé par son frère Ayoub P-DG de la chaîne après le départ de HHC et l'échec des négociations avec Samir Boudjadja comme nouveau P-DG. Le nouveau cahier des charges de l'Arav impose aux propriétaires des chaînes privées d'avoir seulement moins de 40% de l'actionnariat de l'entreprise de la chaîne. Les autres actionnaires doivent se partager le reste des 60%. C'est en tout cas ce qu'a établi pour le moment la chaîne El Djazaria TV qui possède trois actionnaires mais aussi la chaîne Hoggar TV puisque Ali Boudjema, le propriétaire de la chaîne, a introduit dans la société de la chaîne deux autres actionnaires: Ali Kaidi l'ancien directeur technique de l'Entv et Khalifa TV et Kamel Aouadi, actuel directeur de la chaîne du Coran de l'Entv, TV5. Avec la dernière mise en demeure du ministère de la Communication, les propriétaires des chaînes doivent introduire dans leurs statuts d'autres associés afin d'être conformes à la loi sur l'audiovisuel. Sinon la chaîne sera dissoute et les bureaux fermés. La grande inquiétude pour les propriétaires des chaînes c'est en réalité la confiance. Il est presque difficile de trouver des actionnaires qui épouseraient la même doctrine et qui partageraient la même ligne que les actionnaires principaux. L'autre grand souci, surtout pour ces chaînes de télévision privées, c'est qu'il n'existe aucune société en Algérie qui se soit spécialisée dans l'audiovisuel et qui pourrait proposer des projets rentables à long terme.
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La publicité, le grand handicap des chaînes privées
Dans le dernier cahier des charges initié par l'Arav, on affirme que le contenu des messages publicitaires diffusés doit être véridique, loyal et décent. Ces derniers doivent respecter les valeurs nationales et ne pas porter atteinte au crédit de l'Etat. Mais le grand indice de restriction de la publicité pour les chaînes privées c'est le temps consacré à la diffusion des messages publicitaires, qui ne doit pas être supérieur à 6 minutes par heure d'antenne en moyenne dans l'année et chaque séquence de messages publicitaires est limitée à une durée maximum de 3 minutes. Cette limite de publicité va sérieusement handicaper les chaînes privées qui n'ont pas d'autres sources de financement. Autrement dit, les chaînes qui n'ont pas de financement extérieur vont mourir à petit feu. Pour le moment, la majorité des chaînes privées est adossée à un important propriétaire ou est liée à un journal financé par la publicité de l'Anep. C'est le cas notamment d'Echourouk TV, Ennahar TV, El Bilad TV, El Adjwa, ou encore El Haddaf, alors que d'autres chaînes comptent sur la fortune de leur propriétaire. C'est le cas notamment d'El Djazairia TV, de Numidia News, ou encore de Dzair TV. Ces trois chaînes sont financées par les grands capitaux de groupes économiques. La publicité reste le nerf de la guerre audiovisuelle. Certaines chaînes privées n'hésitent pas à faire du chantage à certains groupes économiques en les menaçant par des reportages ou des documentaires négatifs. Cette guerre des images avait fait des siennes entre Khalifa TV et Canal+ quand les télévisions se sont fait la guerre par reportages interposés.
Il faut dire qu'avec les dernières restrictions sur la publicité ce sera à coup sûr le grand barrage pour la construction de puissantes et influentes télévisions. Ce qui est étonnant est le fait que même si les télévisions privées peuvent respecter ces directives, elles risquent néanmoins de griller les lignes rouges durant le mois sacré. C'est durant cette période que la majorité des télévisions privées fait son beurre. Certaines chaînes peuvent arriver à engranger jusqu'à 50 milliards de centimes de publicité en un mois. Alors que la télévision publique peut arriver jusqu'à 70 milliards de centimes durant seulement le mois sacré. Il faut préciser aussi que les prix des espaces sur les télévisions privées est dix fois plus bas que sur la télévision publique. Si l'Entv facture 100.000 DA les 30 secondes de publicité, une chaîne privée facture les 30 secondes à 50.000DA. Certaines tranches de publicité sont descendues à 5000 DA, ce qui ne nourrit pas une chaîne de télévision qui emploie parfois seulement 40 personnes. Avant de réduire la publicité, il faut d'abord réguler les prix de la publicité pour garantir de bonnes recettes.
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