Quel avenir pour les chaînes endettées?
Samedi 03 Septembre 2016
Suite à la publication dans le Journal officiel des modalités du dossier
pour l'acquisition d'une autorisation de chaîne privée, l'Etat a jeté
définitivement les bases d'une régulation sérieuse et efficace du secteur
de l'audiovisuel. Ce qui a le plus intéressé les propriétaires des chaînes
c'est essentiellement le volet financier de l'opération. Ainsi pour acquérir
les droits d'une chaîne il faudrait payer à l'Etat au moins 10 milliards.
C'est le montant nécessaire fixé par l'Etat, dû par le bénéficiaire de
l'autorisation de création du service de communication audiovisuelle
thématique pour obtenir le fameux sésame: l'autorisation de création d'un
service de diffusion télévisuelle. Or, l'Etat n'accorde aucune contrepartie
aux propriétaires des chaînes privées. Contrairement aux années 1990
quand l'Etat avait décidé d'ouvrir le champ médiatique, le chef du
gouvernement d'alors, Mouloud Hamrouche, avait accordé des subventions
et des locaux pour aider et soutenir les journaux privés à s'organiser. Or pour
les télévisions privées la situation est tout autre. Pour le moment, aucun
directeur de chaîne n'a salué ces nouvelles mesures du gouvernement et
aucune télévision privée n'a accordé un sujet ou un débat sur la question,
ce qui démontre leur refus de payer l'autorisation à 10 milliards. A cela,
s'ajoutent les dettes accumulées au cours de ces quatre années d'ouverture
audiovisuelle. Certaines chaînes qui ont changé de propriétaire, n'ont pas
pu payer les dettes des producteurs privés, qui sont les plus grands perdants
dans cette affaire de régulation du champ audiovisuel privé. Des chaînes
comme Beur Tv, KBC, El Djazairia TV, Echourouk TV, El Bilad TV et surtout
Salam TV, Dzair TV, Hoggar TV, l'Index TV et El Adjwa ont toutes des dettes
qui varient entre 20 et 70 milliards. A cela s'ajoutent les dettes envers l'Onda
qui n'ont pas encore été versées. En réalité, le gouvernement n'est pas
concerné par ces dettes, dont la responsabilité incombe aux seuls propriétaires
des chaînes. Certaines chaînes comme Dzair News, Ennahar TV, Numidia News
n'ont pas travaillé énormément avec les producteurs privés, ce qui n'a pas
engendré des dettes à la chaîne. En revanche, deux chaînes qui ont énormément
investi dans la production attendent de réduire leurs dettes: c'est le cas de KBC
qui a financé ses productions externes avec la société World Vision. Aujourd'hui,
les dettes des producteurs chez KBC s'élèveraient, selon certaines sources,
à 25 milliards répartis sur quatre producteurs: Sofiane Dani, Hakim Dekkar, Lakhdar Boukhers et Riad Redjdal. Ce dernier possède encore des dettes avec son frère
Djalil auprès d'El Djazairia TV qui n'ont pas été encore réglées à ce jour. Entre le
silence des producteurs, la mauvaise gestion des propriétaires des chaînes, il y a l'administration intraitable de l'Arav qui ne veut pas rentrer dans les détails de la
production et surtout quand elle demande aux patrons des chaînes une épuration
totale des dettes de la télévision et le payement des impôts.