Situation financière de la caisse des retraites un secret bien gardé

Alors que des spécialistes accusent le gouvernement de manipulation des indicateurs financiers de la Caisse des retraites, les syndicats sont incapables de contester sérieusement les chiffres officiels avancés.

- Dans leur bras de fer avec le gouvernement au sujet de la suppression de la retraite sans condition d’âge, les syndicats autonomes sont déterminés à ne pas faire machine arrière. Alors que le gouvernement, campant sur sa position, a fermé les portes du dialogue, l’Intersyndicale prévoit de maintenir la pression.
Parmi les trois options examinées lors de la réunion d’avant-hier qui s’était poursuivie jusqu’à une heure tardive — grève illimitée, grève cyclique ou des
sit-in —, les représentants des travailleurs ont convenu de «durcir le ton». Ce qui veut dire qu’ils iront fort probablement vers une grève illimitée puisqu’une grève cyclique a déjà perturbé les secteurs de l’éducation nationale et de la santé en ce mois d’octobre qui tire à sa fin. Ils décideront le 5 novembre prochain de l’action à entreprendre.
En somme, les choses se dirigent vers une impasse. Une impasse dont il est difficile de sortir, tant le débat est faussé par une langue de bois qui n’explique ni l’opportunité de la réforme prônée par le gouvernement ni le bien-fondé de la résistance des syndicats.
En effet, le gouvernement comme les syndicats se cachent derrière des argumentaires construits sur la base du même principe de solidarité entre les générations mais aucun des antagonistes n’est en mesure de justifier techniquement sa position, notamment le gouvernement qui, sous prétexte de la nécessaire pérennité du système, veut supprimer un droit acquis des travailleurs. C’est, en tout cas, le miroir qui reflète l’efficience des politiques socio-économiques menées par les gouvernements successifs depuis l’introduction de la retraite sans condition d’âge, il y a maintenant vingt ans.
Quand on n’arrive pas à assurer la pérennité du système des retraites dans un pays où les trois quarts de la population ont moins de 35 ans, il y a lieu de se poser des questions sur la capacité de ses dirigeants à gouverner. Parce que la faillite de la caisse des retraites et l’effondrement de ce système de solidarité déconstruisent les mensonges du gouvernement sur le taux réel du chômage et discréditent son outil statistique qui donne un taux de chômage à 9%. Parce que cela signifie que la Caisse des retraites se trouve dans une situation confortable vu le nombre de cotisants qu’on peut déduire à partir de ce faible taux de chômage.
Ainsi, certains spécialistes qui sont intervenus dans le débat sur le sujet ont accusé le gouvernement de manipulation des indicateurs financiers de la caisse afin de cacher les erreurs cumulées de gestion du système des retraites. Or, aucun syndicat n’a les moyens pour contester les chiffres officiels. En l’absence de chiffres fiables sur la situation financière de la Caisse des retraites, les syndicats sont incapables de dire si c’est la retraite sans condition d’âge qui est à l’origine du déséquilibre financier pour pouvoir démolir l’argumentaire du gouvernement. Pire, leur revendication se trouve discréditée. Cela réduit leur discours puisé dans des valeurs comme le travail où la solidarité a une langue de bois de circonstance.
Lyas. Hallas