Se parler, se toucher et rire ensemble !
SOIT DIT EN PASSANT
22 Mars 2016
Se parler, se toucher et rire ensemble !
Malika Boussouf
Journaliste, écrivaine
Pièce jointe 21735
Par Malika Boussouf
[email protected]
Il est des jours comme ça où l’idée, qui va devenir fondamentale dans quelques années, de rompre avec certaines habitudes,
prises au fil du temps, et ce mauvais pli qui a, peu à peu, transformé notre vie au quotidien, redonne du punch
et l’envie pressante d’entrevoir le résultat. Il y a quelques jours, c’était la journée du sommeil. Oui ! Comme il y a une journée
sans tabac, il y a une journée où certains spécialistes vous disent tout l’intérêt d’aller, de façon plus apaisée, dans
les bras grands ouverts de Morphée. C’est là que ceux qui veillent à nous imaginer plus de bien-être et à nous guérir de nos travers
saisissent l’occasion de nous sensibiliser à l’urgence de nous aménager un temps de pause indispensable au bon fonctionnement
de la machine sophistiquée qui nous porte. Pointer du doigt le danger qu’encourt notre équilibre et nous expliquer pourquoi vouloir
s’endormir en gardant un œil ouvert et une oreille aux aguets rend impossible cette qualité de vie dont on a perdu et le rythme
et la saveur. Rester connecté à son ordinateur tard le soir et entretenir la fâcheuse habitude de dormir avec son téléphone sur l’oreiller
pour ne rien rater du message qui va peut-être nous «changer la vie» nuisent, aussi sévèrement, aux relations chaleureuses que
l’on ne développe ou n’enrichisse qu’à une seule condition. Celle de ne pas se couper de son environnement immédiat
et de continuer à évoluer à proximité les uns des autres.Pour illustrer la détérioration des rapports ou l’isolement qui s’opère
sournoisement au sein d’un groupe supposé en phase avec son temps, on publie cette image des membres d’une même famille,
assis les uns à côté des autres, mais totalement indifférents à ce qui se passe autour d’eux.L’attention de chacun est happée par
un smartphone, une tablette ou un ordinateur et tous s’ignorent, souverainement, plongés qu’ils sont dans un monde que chacun
a modelé à sa mesure avec les acteurs de son choix. Comment dans ce cas réapprendre à se parler et à s’écouter ? Comment rester
connecté aux siens et au monde qui nous entoure ? Quand le remède absolu fait défaut, les avis restent partagés.
M. B.
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S’indigner pour ne pas se résigner !
SOIT DIT EN PASSANT
23 mars 2016
S’indigner pour ne pas se résigner !
malika boussouf
journaliste, écrivaine
Pièce jointe 21735
par malika boussouf
[email protected]
Il y a des jours comme ça où il suffit de prêter l’oreille aux autres, de les écouter raconter juste un passage de leur vie auquel se greffent
quelques tracas, pour ressentir une espèce de malaise et perdre l’envie de se plaindre à tout jamais. Personnellement, cela me fait toujours
le même effet.Tout le temps que l’histoire vous reste en mémoire, vous oubliez les soucis qui sont les vôtres et fermez les yeux sur cette
tourmente, que, vous-même, côtoyez. Celui que vous écoutez vous confier comment il perçoit les choses de la vie porte en lui un tel
niveau de désespoir que vous auriez honte de parler de vous. Croiser le mal-être et l’incertitude dans un regard voisin est, hélas, devenu bien courant !
Beaucoup de ceux qui m’écrivent le font pour me saluer mais, surtout et le plus souvent, pour pousser un coup de gueule ou partager avec moi,
l’espace d’un courrier, leur colère et leurs inquiétudes. Ils disent leur détresse actuelle et racontent comment, aux problèmes qu’ils traversent
au présent, vient se greffer l’incertitude des lendemains quand aucune des sorties de secours dont on leur laisse entrevoir la possibilité ne leur paraît
à portée de main. La société algérienne n’aurait-elle pas vocation à faire la meilleure place aux siens ? En principe, si !
En théorie, tout paraît tellement accessible ! Dans la pratique, mon incapacité à répondre par l’affirmative me terrifie et je n’aime pas du tout
cette sensation d’inutilité et d’impuissance. Même si je m’estime privilégiée de pouvoir le dire, au quotidien, dans cet espace, je dois avouer que l’on a
tendance à prêter, aux journalistes, un pouvoir qu’ils n’ont pas dans la réalité. Le quatrième pouvoir est, chez nous, une belle fumisterie.
Je pense personnellement que si au cours de notre carrière, d’entre mes confrères ou moi-même, avons pu prêter main-forte à des personnes
en difficulté, ce n’est pas parce que nous possédions une influence quelconque mais parce que chacun d’entre nous a quelquefois eu l’heureuse
occasion de croiser la route de personnes qui avaient une vision plus juste et plus noble de leur fonction.
M. B.
Ma machine à remonter le temps
SOIT DIT EN PASSANT
27 Mars 2016
Ma machine à remonter le temps
malika boussouf
journaliste, écrivaine
Pièce jointe 21735
par malika boussouf
[email protected]
Il y a des jours comme ça où éviter de regarder dans le rétroviseur exige des efforts monstrueux.
Comment prendre de la distance avec des situations antérieures à ces quinze dernières années et rompre
toute relation avec cette maudite machine à remonter le temps dans laquelle on se précipite comme par
besoin de reprendre langue avec un passé chargé de références qui réconfortent. Pourquoi ce réflexe qui
s’apparente à de la régression ? Beaucoup vous diront que l’acte thérapeutique exige, souvent, que l’on aille
chercher loin les raisons d’un mal-être présent. Aller puiser, loin derrière, les éléments qui permettraient,
aujourd’hui, de comprendre les raisons qui font que beaucoup ont baissé les bras ? Chez un marchand de fruits
et légumes, pas loin de chez moi, deux jeunes gens tiennent le commerce. Jusqu’à il y a quelques jours,
tout semblait aller pour le mieux. Les jeunes vendeurs me donnaient l’impression d’être bien là où ils étaient.
Taquins, gentils, respectueux, ils me renvoyaient une image de personnes heureuses de leur sort. Ne voilà-t-il pas
qu’un matin, l’un des deux me répondit en anglais, tout en sourire, face à mon air amusé. «Je prends
des cours d’anglais le soir à la fac. Je veux partir en Europe», me dit-il ! Le jeune homme, qui n’a pas l’intention
de vendre des légumes toute sa vie, veut mieux comme travail et pour ça, il se donne toutes les chances de réussir
ailleurs, et il est certain d’y arriver. Son copain, lui, vient d’obtenir son visa pour le Canada ! Il planait de bonheur
en me l’apprenant. Partir, il ne pense plus qu’à ça et me pèse les légumes en esquissant un pas de danse ! Le visa
en poche, il remet au goût du jour les projets qu’il avait abandonnés. «Vous savez bien que ceux qui tiennent le pays
ne veulent pas des gens comme moi. Ici, il n’y a pas de place pour moi. Tout est fichu. Ils ont tout pris pour eux» !
Je n’avais pas entendu pareil désespoir depuis quelques années. Les cadres supérieurs se barrent, les cadres moyens
en font de même et voilà que les jeunes qui n’ont pas vraiment abordé la vie active ne se sentent pas le courage d’essayer.
M. B.
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L’islamisme vu par l’Occident
SOIT DIT EN PASSANT
28 Mars 2016
L’islamisme vu par l’Occident
malika boussouf
journaliste, écrivaine
Pièce jointe 21735
par malika boussouf
[email protected]
Il est des jours comme ça où à la pensée que des gourous de l’intervention pourraient,
un jour, décider d’envahir l’Algérie, je m’interroge sur les moyens dont nous disposons
pour nous défendre. Je n’ai personnellement jamais cru, mais cela reste un avis tout à fait
personnel, en une volonté d’imposer une quelconque démocratie aux dictatures dont
on pourfend épisodiquement le caractère autoritaire en même temps que l’on détourne
le regard du terrorisme lorsqu’il s’en prend à leur stabilité. Des salafistes «conquérants»
qui déciment des populations syriennes, irakiennes ou libyennes ne heurtent pas toutes
les consciences et ne seraient, donc, pas autant condamnables que ceux qui étendent
leur nuisance à l’Europe ou à l’Amérique. Mais quelle est donc cette guerre dont on
se figure, en apparence, qu’elle est une guerre comme toutes les autres ? Pourquoi
les lectures occidentales divergent-elles de celles d’analystes arabes dont je veux croire
qu’ils sont plus crédibles parce que mieux placés pour y décrire la nature et l’essence
des violences qui y sont perpétrées ? Pourquoi ne parle-t-on pas de guerre de religion
quand sunnites et chiites se disputent le contrôle spirituel de la région ? Les promoteurs
d’hostilités meurtrières, qui réduisent à néant des populations et des sites classés
au patrimoine de l’humanité, ne peuvent pas rêver mieux. On se réjouit du fait que,
sans se faire prier, des Arabes se lancent dans des croisades sans précédent à des fins
de leadership. Et on se félicite de ne pas avoir à beaucoup s’épuiser à manipuler
des nations qui se neutralisent volontiers sur une terre aussi prospère.
Plus personne n’ignore que les guerres font toujours la part belle aux enjeux
économiques des pays qui les encouragent. Les bénéfices plus que conséquents vont
à des partenaires qui font l’apologie du pacifisme quand ils n’ont pas envie de s’engager
pour une cause qui ne sert pas leurs intérêts. L’idéal, pour ceux qui lorgnent les ressources
énergétiques et minières de cette partie du globe, serait que les pays arabes soient
réduits en miettes et renvoyés à l’âge de pierre.
M. B.
Biométrique ? Laisse, je s’occupe !!
SOIT DIT EN PASSANT
31 Mars 2016
Biométrique ? Laisse, je s’occupe !!
malika boussouf
journaliste, écrivaine
Pièce jointe 21735
par malika boussouf
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Il est des jours comme ça où des histoires comme celle des passeports biométriques
n’en finissent pas d’empoisonner la vie de nos compatriotes à l’étranger, qui ne savent
presque jamais à quel saint se vouer. Une citoyenne algérienne, qui réussit bien
sa carrière de professeur aux Etats-Unis, nous a écrit, très remontée et ne sachant pas
à qui s’adresser. Le 15 mars, elle apprend que le consulat d’Algérie à New York va
dépêcher, les 26 et 27 du même mois, une station mobile, pour relever les empreintes
et prendre les photos des Algériens résidant comme elle à Chicago. Au moment d’adresser
au consulat newyorkais son dossier, celui de sa fille et de son mari, la dame apprend,
en consultant le site de la représentation algérienne, qu’il est trop tard, la date limite pour
l’envoi des dossiers ayant été arrêtée au 10 mars. Elle ne renonce pas pour autant et
appelle les numéros du site en question, en vain ! Personne ne répond.
De guerre lasse, elle forme un numéro d’urgence du consulat, expose son problème à
un fonctionnaire qui l’envoie balader arguant du fait que l’information était disponible depuis
un mois. La station mobile censée ne se déplacer que pour relever les empreintes et prendre
les photos des citoyens qui ont envoyé à temps leur dossier pouvait tout aussi bien faire
pareil pour les trois pelés et un tondu de retardataires et emporter avec elle lesdits dossiers à traiter.
Les prières de la jeune femme se sont heurtées à un non sans appel. Elle devra se déplacer
de Chicago à New York et, surtout, s’arranger pour prendre l’avion qu’il faut et arriver à l’heure
parce que le consulat, dont les conditions d’accueil sont déplorables, ferme ses portes à 15 heures.
Une fois sur place, elle fera la queue et attendra dans cette pièce sans fenêtre qu’un agent, trônant
derrière une table en piteux état, hurle un «aya chkoun !» pour signifier à chacun que c’est son
tour de déposer le dossier. Pitoyables représentations algériennes truffées d’agents nonchalants
qui y vivent planqués et grassement payés par un département bien complaisant à leur égard.
M. B.
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Une jungle pour les réfugiés arabes !
SOIT DIT EN PASSANT
02 Avril 2016
Une jungle pour les réfugiés arabes !
malika boussouf
journaliste, écrivaine
Pièce jointe 21735
par malika boussouf
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Il est des jours comme ça où, comme beaucoup qui n’arrivent pas à s’en détourner,
je me dis qu’il est important, solidarité oblige, de revenir sur quelques-uns de ces
évènements qui se déroulent de l’autre côté de nos frontières comme ce vilain sort
réservé aux migrants. L’actualité étant ce qu’elle est, il est essentiel de relayer,
aussi souvent que nécessaire, les informations sur le drame qui se joue autour d’eux
et dont ils sont les acteurs involontaires. La catastrophe humaine, indigne et avérée,
ne présage rien de bon. Elle est bien loin de trouver une issue salutaire.
Les derniers évènements qui ont ébranlé la France et la Belgique ont renvoyé à
l’arrière-plan la situation à laquelle sont confrontées les populations qui ont réussi,
contre vents et marées, à atteindre, au péril de leur vie, les rives européennes.
On ne parle plus de la fameuse «jungle de Calais», que d’aucuns décrivent comme
le plus grand «bidonville à migrants» d’Europe, sans que cela gêne grand monde de
le décrire comme tel. Immense espace où sont parquées dans le froid et la gadoue
des familles entières qui attendent de repartir vers un ailleurs hypothétique ou qu’on
leur reconnaisse le statut de réfugiés. On a également mis en sourdine cette scandaleuse
histoire de racket pur et simple exercé sur ceux d’entre les migrants qui ont réussi à louer
temporairement leur force de travail parce que tous rêvent de matins plus cléments.
On ne parle plus de cette obligation qui leur est faite en Suisse de reverser 10% de
leurs salaires ni de cette loi votée au Danemark autorisant à confisquer les biens de
tous les malheureux prétendants au statut de réfugiés.Une façon bien honteuse pour le pays
hôte de se rembourser par avance, de se faire payer une caution et de prélever une partie
du salaire à ses supposés protégés. Lorsque j’ai lu pour la première fois cette information,
j’ai pleuré chaudement. Triste façon de se faire dépouiller du peu que l’on a pu sauver en
abandonnant tout derrière soi ! J’ai pleuré encore plus en les regardant, vulnérables
et dépendants, s’accrocher impuissants les uns aux autres.
M. B.