Mauvaise humeur au menu !
Mauvaise humeur au menu !
SOIT DIT EN PASSANT
19 Juillet 2016
Par Malika Boussouf
journaliste, écrivaine
Pièce jointe 24997
[email protected]
Il est des jours comme ça où si je n’ai aucune raison de râler, je me dis que
quelque chose ne tourne pas rond. Certains lecteurs auraient le droit de
me reprocher d’être à l’affût de la moindre occasion de m’énerver. Vrai !
Mais, pourquoi parler de choses qui vont bien, de gens qui font le travail pour
lequel ils sont rétribués, d’immeubles qui sentent bon, de rues qui sont propres
et, surtout, pas défoncées ou d’ordures ménagères qui sont ramassées à la
nuit tombée ? A quoi cela sert-il de se frotter le ventre et de se montrer satisfait
à propos de choses qui, dans un Etat normal, devraient toujours aller bien ?
Pourquoi ne pas tenter d’attirer l’attention sur ce qui agresse notre équilibre ?
Je veux bien admettre que cela soit déstabilisant de se dire que les choses
vont en se dégradant, mais ce ne sont certainement pas les situations de
confort qui encouragent l’émulation ou donnent envie de bouleverser l’ordre
des choses. On ne me l’a pas encore dit, mais j’imagine tout à fait que l’on puisse
attendre de moi un regard plus souriant et, surtout, moins négatif. Il faudra,
pour cela, patienter quelque peu, sans pour autant désespérer. Il y en a eu un,
pas celui dont j’ai déjà partagé avec vous la prose, qui, fou de rage que je parle
de cerises comme je l’ai fait, allez savoir pourquoi ce fruit a suscité autant de
passion chez nos émigrés au Canada, m’a expliqué que j’étais une amère,
une aigrie, une jalouse et une sale envieuse qui s’acharne sur ceux qui ont le
privilège de vivre ailleurs. Voyez vous ça ! Cet espace n’étant pas conçu pour servir, systématiquement, de tribune aux excités de rivages lointains,
je vais laisser cela en suspend et ne faire aucun commentaire désagréable à
ce qui l’a déjà largement été. Et puis, qui sait après tout, ces personnes
appartiennent peut être à une catégorie d’individus qui auraient précocement
compris que dépendre d’un pays qui a du mal avec son identité et ne sait
presque plus à quoi ressemble son histoire n’a rien de rassurant lorsque l’on
y vit ? Mais alors, pourquoi vouloir le défendre de l’extérieur quand on ne
dispose pas de la crédibilité pour le faire ?
M. B.
Acte isolé et détermination plurielle !
Acte isolé et détermination plurielle !
SOIT DIT EN PASSANT
20 Juillet 2016
Par Malika Boussouf
journaliste, écrivaine
Pièce jointe 24997
[email protected]
Il est des jours comme ça où un acte, même s’il est supposé isolé et
ne coûte qu’une victime à l’ennemi, alors qu’il fait un nombre incalculable
de morts, fait froid dans le dos. Je pense à Nice, cette célèbre ville côtière
française où un homme, d’origine tunisienne, a commis un carnage tandis
que le pays tout entier célébrait sa fête nationale, à coups de feux d’artifice.
L’objet de ce billet n’est pas de refaire l’enquête et encore moins de feindre
connaître les motivations de criminels tels que ceux qui vont à la mort
sans savoir s’ils seront récompensés pour l’ignominie de leur acte ou si
le crime qu’ils décident de commettre pourra leur assurer une paix d’un
autre genre ailleurs. Faut-il croire que le monde, pour aller mieux, fait
régulièrement le plein de psychopathes nourris à la liberté et aussi à l’acte
gratuit ? Je ne veux pas dire pas par là que les sociétés occidentales sont
trop libres avec les leurs. Je m’interroge juste sur ce que l’on affirme bon
pour certains et qui ne le serait pas pour d’autres. A quelle planète appartiennent
donc tous ces monstres qui pensent pouvoir gagner les faveurs d’une force
fantasmée comme idéale en commettant l’innommable ? Sans même en mesurer
l’impact, les mots s’organisent peu à peu en faveur du bourreau que l’on traite
de plus en plus comme on le fait à l’égard d’un challenger. Au lieu de toujours
considérer comme nébuleuse l’association de criminels qui composent
Daesh et les groupuscules qui gravitent autour, on renonce de plus en plus
à qualifier d’organisation ce que l’on élève au rang d’Etat islamique.
Comme si pour justifier son intervention au Moyen- Orient, il devenait important,
pour Paris, de décrire la capacité de nuisance de Daesh comme celle d’un Etat
constitué. On ne ferait pas mieux si l’on admettait lancer son armée contre
celle très entraînée d’un adversaire redoutable. Comment s’étonner que tout le
monde ne fasse pas de rejet de l’horreur élevée au rang de personnage principal
d’une tragédie qui fait de la volonté de tuer une pratique contagieuse.Ce qui reste
terrible, c’est de ni savoir ni pouvoir se prémunir contre ce qui n’est pas identifié.
M. B.
Deuil et drapeaux en berne !
Deuil et drapeaux en berne !
SOIT DIT EN PASSANT
21 Juillet 2016
Par Malika Boussouf
journaliste, écrivaine
Pièce jointe 24997
[email protected]
Il est des jours comme ça où une tragédie qui plonge tout un pays dans le
chagrin ne vous épargne rien quand elle vous renvoie, inévitablement,
l’image d’autres corps déchiquetés, d’autres corps sans vie, d’autres
épreuves que l’on a tenté, un jour, ailleurs, de surmonter et qui ont valu
tellement de deuils successifs aux familles et au pays. Une fois la brutalité
du choc quelque peu atténuée et que la colère a cédé le pas aux
interrogations, les questions affluent et parmi elles certaines qui
pourraient aisément passer pour incongrues. Allez savoir pourquoi, en même
temps que je regarde des citoyens français se recueillir et rendre hommage
aux victimes d’un fou furieux qui, un matin, a décidé d’en finir avec la vie en
s’en prenant à celle des autres, je me surprends à compter. Je compte
les journées de deuil décrétées par les uns, concernés en premier lieu, et
celles décrétées par d’autres, indirectement impliqués mais qui n’en font
pas moins une affaire de première importance. Ce n’est pas tant l’acte en
lui-même qui interpelle mais la gravité qu’il suppose dès lors qu’il est annoncé
et aussitôt appliqué. Trois jours de deuil pour les uns quand la situation est
douloureuse, grave et que cela concerne le pays et huit jours pour d’autres,
histoire de marquer une proximité dont personne ne doute avec un
peuple en mal d’autodétermination qui perd de façon naturelle son leader.
Le président Bouteflika semble attaché au chiffre huit. A chaque disparition,
naturelle ou qui survient à la suite d’une maladie, le palais d’El-Mouradia plonge
d’autorité tout le pays dans un deuil qu’il ne conteste d’ailleurs pas, conditionné
qu’il est, dans sa grande majorité, à adhérer sans discuter.Drapeaux en berne,
musique classique et programmes insipides sur les chaînes de radio et de
télévision témoigneront d’une tristesse solidaire qui,au-delà de la symbolique,
finit, fatalement, par se banaliser. Lorsque le deuil est partagé, il est censé
permettre à ceux qui en sont d’œuvrer spirituellement pour recouvrer une part
de sérénité. Mais pourquoi faire autant de zèle quand les intérêts communs
ne sont pas menacés ?
M. B.
Deux indépendances, deux conduites opposées !
Deux indépendances, deux conduites opposées !
SOIT DIT EN PASSANT
23 Juillet 2016
Par Malika Boussouf
journaliste, écrivaine
Pièce jointe 24997
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Il est des jours comme ça où, même en admettant que l’on puisse user d’une
machine à remonter le temps, il nous serait difficile de revivre dans les moindres
détails ces jours où l’Algérie a signé l’acte fondateur de son indépendance.
Je dis cela parce qu’en suivant la retransmission du défilé du 14 Juillet, je me suis souvenue que la nôtre de date d’indépendance avait été marquée un peu comme
si, un peu comme ça, quelques jours auparavant. J’avoue, pourtant, ne pas être
vraiment friande de démonstrations dont on comprend, vite, qu’elles sont plus une affirmation de puissance et de force. Une espèce de salon ambulant, de kermesse
où est exposé tout l’arsenal militaire dont dispose un pays et au cours de laquelle
défilent tous les acteurs engagés dans la préservation de la souveraineté française,
mais pas que cela. Une manière, que l’on voudrait efficace, de dissuader tout ennemi potentiel qui s’aventurerait à porter atteinte à la pérennité d’une nation. A quoi
pense-t-on de part et d’autre au moment de fêter son indépendance ?
Comment perçoit-on ces dates et en apprécie-t-on la valeur ? En regardant l’ancienne puissance coloniale s’adonner à une démonstration de force et de «grandeur» comme
elle le fait, je me demande, au regard de ce que l’Algérie a fait de son indépendance, comment elle a pu, 54 ans auparavant, en finir avec l’occupant français ?
Si à une époque, désormais révolue, les Algériens ont vanté haut et fort les mérites
de leur révolution, ils ont fini par ne plus y faire référence sans distinguer les vrais bâtisseurs de ceux qui la dépouillent depuis qu’ils ont eu l’opportunité d’accéder aux
hauts postes de commandement.Quand les uns saluent les leurs, blessés lors
d’opérations menées au nom de l’entité qu’ils représentent, les autres rendent hommage aux assassins et oublient les forces qui ont vaillamment défendu le pays durant les dures années de terrorisme. On ne demande même pas de rendre hommage aux héros disparus auxquels l’Algérie doit sa libération mais aux derniers défenseurs des villes et villages
dont on s’est vite débarrassés, sitôt la réconciliation nationale consacrée. M. B.
Non, vraiment rien à redire !
Non, vraiment rien à redire !
SOIT DIT EN PASSANT
24 Juillet 2016
Par Malika Boussouf
journaliste, écrivaine
Pièce jointe 24997
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Il est des jours comme ça où cela coûte beaucoup de se dire
«Nous y voilà ! Quoi d’étonnant à ce que des désapprobations fusent
ici et là lorsque, alors que vous regardez ce qui se réalise ailleurs,
vous osez évoquer la situation peu amène dans laquelle baigne
l’Algérie. Pardon à ceux qui ne trouvent rien à redire à ce qui menace
le pays. Ceux-là ont sans aucun doute pu réussir leur ascension sans
gros efforts. Ils font partie d’une élite d’un genre nouveau qui aura
creusé son petit trou et su renflouer son bas de laine à l’ombre des
privations imposées à d’autres. Personne n’aura besoin d’expliquer
ou de justifier les intérêts bradés avec un art de mieux en mieux
accompli. Parce que personne ne le demandera à personne.Comment expliquer, d’ailleurs, que ce sont ceux-là-mêmes qui crient
au loup qui sont les mieux pris en charge par l’animal ? Ils détournent
ici et investissent là-bas. Ne jamais faire confiance à ceux qui s’essoufflent
à critiquer l’ancien occupant. S’ils affirment, pour la galerie, ne rien
lui pardonner des horreurs commises, ils courent lui confier leurs biens
si mal acquis en prévision d’une retraite confortable lorsqu’ils n’auront
plus rien à gratter au pays. Il n’est pas utile de se demander comment
nous en sommes arrivés là !Car, abstraction faite de ce plus en réalisations
que l’on pense ou prétend avoir apporté au pays depuis son accession à
l’indépendance et de toutes les réussites inscrites à l’actif des chefs qui
se sont succédé aux commandes du bateau Algérie, quelles sont les
valeurs ajoutées que l’on pourrait mettre sur le compte des uns et des
autres ? Ou tout ne serait-il que pur vernis et l’Algérie qui travaille et réussit
ne serait que pure utopie parce qu’elle le ferait ailleurs ? Personne ou presque,
aujourd’hui, n’a envie d’aller au charbon pour mieux s’assurer que l’argent du
contribuable est bien utilisé.Cela ne veut pas dire qu’à l’époque où l’Algérie
goûtait fraîchement à son indépendance, il n’y avait pas de gens déterminés à
l’élever au rang de nation fortunée. Mais comment le dire, aujourd’hui, à ceux
pour qui le devoir à accomplir reste, encore, une évidence ?
M. B.
Partager le plaisir et pas le courage ?
Partager le plaisir et pas le courage ?
SOIT DIT EN PASSANT
25 Juillet 2016
Par Malika Boussouf
journaliste, écrivaine
Pièce jointe 24997
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Il est des jours comme ça où lorsque l’on vous affirme que vivre simplement
peut inspirer du plaisir et, au-delà, susciter de la satisfaction, vous vous en
étonnez, même si vous admettez volontiers qu’il y a peut-être du vrai là-dedans.
Bien sûr, il y en aura toujours qui voudront prétendre le contraire, pourrir
l’ambiance et critiquer les efforts consentis pour embellir, par exemple,
la perspective d’une promotion améliorée. Lorsque les mots se mettent de
la partie et contrarient la réflexion, cela calme définitivement toute tentative de
passer outre les décisions qui fleurissent au gré des ambitions. Ces derniers
jours, comme cela arrive assez ponctuellement, on a évoqué les droits
légitimes à la liberté. Celle-là même qui englobe, entre autres, la circulation et
l’expression. Celle qu’a fait valoir le juge qui a libéré le général Benhadid
lorsqu’il a été autorisé à enterrer la patate, trop chaude pour être gardée plus
longtemps dans la main. Le but premier de ce billet était de parler de vacances,
de loisirs et de plaisirs à partager. Il se voulait faire la liste des activités à
inscrire dans l’emploi du temps du vacancier. Je ne sais pas pourquoi leur
énumération a heurté des inquiétudes d’un autre genre. En rapport avec la
notion de droits légitimes que l’on évoque dans un pays où la cinquième roue
du carrosse est ce peuple que l’on ne sollicite que lorsque s’impose le souci
de montrer patte blanche et celui de rassurer le regard extérieur ! S’interroger
sur le temps que le système pense tenir debout tandis qu’il use d’autorité à
n’importe quelle occasion n’est ni le but ni le jeu. Ces derniers sont ailleurs.
Ils se pensent au mépris total de populations dont on aura réussi à
dompter les revendications et réduire les courageuses ambitions. Matés
ici où on les empêche d’accéder à la reconnaissance, ils réagissent ailleurs.
A n’importe quelle occasion, il y en aura toujours un qui s’écriera
«Mais pourquoi n’est-ce pas à moi que cela arrive ?» En pensant, évidemment,
aux belles choses qui rendent heureux ! Parce que, pour le reste, on
s’en déleste allègrement et même généreusement.
M. B.
L’Algérie envers et contre tous !
L’Algérie envers et contre tous !
SOIT DIT EN PASSANT
27 Juillet 2016
Par Malika Boussouf
journaliste, écrivaine
Pièce jointe 24997
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Il est des jours comme ça où lorsque je fais la rencontre de quelqu’un
qui me parle de l’Algérie comme j’aime qu’on le fasse, je me dis que
c’est sans doute parce que je préfère évoluer dans un contexte en
apparence serein que devoir me rassurer sur l’avenir. Il faut dire que
les drames qui se déroulent régulièrement, et dans un coin à chaque
fois différent de la planète, sont loin de réconforter, à l’exception des
malades qui ont opté pour un moyen aussi radical de rompre avec la vie.
Et comme autour de nous, les choses évoluent plutôt calmement au
niveau sécuritaire, je me surprends à prier sourdement pour que cela
dure, au moins le temps que les Algériens réapprennent à regarder
le futur d’une façon plus enjouée. Du coup, on comprend mieux
pourquoi il n’y a rien d’étonnant à préférer entendre conjuguer l’héroïsme
algérien au passé qu’insulter le présent ou imaginer l’avenir de manière
aussi déroutante. Il y a quelques jours, j’ai parcouru, avec autant d’intérêt
que de plaisir, une contribution que j’ai trouvée aussi belle qu’émouvante.
Nous sommes nombreux, lorsque nous parlons de l’Algérie, à le faire avec
amour, fierté et complaisance. Mais comment ne pas l’être quand on sait
tous les sacrifices consentis par nos aînés pour que l’on en soit là à nous
interroger sur le mieux à faire qui nous rendrait dignes de leur abnégation?
Il sont si peu nombreux ceux qui, par les temps qui courent, se demandent
encore si le jeu en valait la chandelle ! Mais comment renoncer à croire
en une capacité algérienne à affronter le pire, quand les choses tournent au
vinaigre et que l’on se retrouve dos au mur ? Je ne dis pas cela par
chauvinisme parce que, même si cela était, je n’aurais pas à m’en excuser,
mais parce qu’évoquer la guerre de libération aura toujours de quoi
largement forcer le respect. Pas seulement grâce aux témoignages de ceux
des nôtres qui ont survécu à la guerre et n’en ont raconté qu’une infime
partie. Il faudra penser, un jour, à élever au rang de justes tous ces autres
qui, pour avoir contribué à notre indépendance, nous rappellent ponctuellement
le courage et la bravoure des disparus.
M. B.
La mémoire, aussi, a besoin de fidèles !
La mémoire, aussi, a besoin de fidèles !
SOIT DIT EN PASSANT
28 Juillet 2016
Par Malika Boussouf
journaliste, écrivaine
Pièce jointe 24997
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Il est des jours comme ça où j’ignore pourquoi je m’endors et me réveille
avec l’Algérie en tête alors que j’y vis et ne devrais, logiquement, pas
être obsédée par elle. Je m’empresse, pourtant, de chercher une réponse
crédible au fait que les Algériens n’aiment pas, sauf à le faire entre eux,
que l’on critique leur pays. Mais qui d’autre, me diriez-vous, accepterait
que quiconque le fasse pour le sien ? Je ne sais pas, non plus,
pourquoi j’éprouve, de temps à autre, comme c’est le cas aujourd’hui,
de louer ce qui fait la grandeur d’un pays où l’on a plus souvent
l’impression que les choses vont de travers que le contraire. Et pourtant,
il suffit qu’une potentielle menace, fut-elle imaginaire, nous soit signalée
pour que l’on s’élève contre le complot ourdi et que l’on manifeste sa
détermination à en protéger la souveraineté, quitte à en payer le prix fort.
Les hauts responsables du pays, qui le savent bien, n’hésitent jamais à
jouer la partition du «c’est nous ou le chaos» à chaque fois qu’ils
sentent leur autorité dangereusement contestée. Lorsqu’ils s’empressent
d’alerter sur un danger à nos portes, ils savent qu’ils n’auront pas à
mettre, longtemps, la pression, avant d’enregistrer le feed-back pronostiqué.
La contribution, dont j’ai dit hier qu’elle m’avait beaucoup émue, m’a
interpellée sur l’attachement que chacun d’entre nous peut éprouver à l’égard
de son pays. La lecture a réveillé en moi un souvenir désagréable.
L’image d’un compatriote qui m’a un jour confié, à propos de son épouse,
qu’elle s’était plus investie dans la campagne pour la présidentielle de
Nicolas Sarkozy qu’un Français de souche ne l’aurait fait. Je ne sais plus si
j’avais décelé de la fierté dans la confidence. Je pense que oui, sinon
pourquoi m’en serais-je souvenu et surtout pourquoi s’il n’en avait pas été
fier, m’aurait-il fait une telle révélation ? Autant dire que face à pareil aveu,
je me réjouis que nous ne soyons plus sous occupation. La trahison
qui se montre, toujours, plus zélée que la fidélité explique pourquoi on
s’accroche à ce qui se met au service de la mémoire, fut-elle fugitive. M. B.
Faire carrière sur internet !
Faire carrière sur internet !
SOIT DIT EN PASSANT
30 Juillet 2016
Par Malika Boussouf
journaliste, écrivaine
Pièce jointe 24997
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Il est des jours comme ça où l’idée de revenir sur le fait que l’on puisse,
aujourd’hui, faire valoir ses talents et réussir une carrière en dehors
des sentiers battus comme, par exemple, par le biais d’internet est
de plus en plus d’actualité.Dans un billet précédent, j’avais évoqué le
fait que les grands journaux et les médias lourds étaient de plus en
plus contraints d’aller chercher l’information mise en ligne presque au
moment où les faits se déroulent quand ils ne sont pas carrément laissés
à la marge par la célérité avec laquelle les choses s’imposent à eux
d’une manière plus étendue, voire plus globale. Perdre de façon fulgurante
leur ascendant sur le public dont ils revendiquent l’impact, ce n’est
pas ce à quoi ils pensaient arriver il y a quelques années encore.
La suffisance empêche souvent d’ouvrir les yeux sur ce à quoi le monde
peut s’intéresser et ce à quoi il lui est permis de participer via
les désormais incontournables réseaux sociaux. Ceux-là mêmes au
pouvoir desquels on s’en remet de plus en plus volontiers. Beaucoup
et même très nombreux sont les services qui se sont développés et même
construits une solide réputation au contact, par exemple, de talents
découverts en ligne. Beaucoup de vocations se sont épanouies là où
l’influence des amis virtuels bouscule les idées reçues. C’est comme ces
livres publiés sur le Net ou ces morceaux de musique composés et mis
en ligne par des particuliers anonymes, toujours, et qui propulsent leurs
jeunes auteurs en haut de l’affiche au mépris de l’avis des professionnels
des maisons d’édition ou de disques.Les médias n’ont plus, en effet,
ce pouvoir de fabriquer ou de couler une réputation qui se serait construite
à l’ombre de leur approbation. Quand le pouvoir s’émousse et l’autorité de
filtrer au profit de qui l’on veut s’estompe, ce sont celles et ceux qui ne
jouissent d’aucun appui important qui raflent la mise. Je suis tombée par
hasard sur une jeune web radio algérienne qui organise des débats d’un
niveau excellent.Quand je pense que la Chaîne III, si célèbre à une
époque révolue, s’essouffle, aujourd’hui, en vain pour garder le cap !
M. B.
A Alger, ça sent mauvais !
A Alger, ça sent mauvais !
SOIT DIT EN PASSANT
31 Juillet 2016
Par Malika Boussouf
journaliste, écrivaine
Pièce jointe 24997
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Il est des jours comme ça où, parce que c’est l’été et que nous sommes
contraints et forcés de sortir de chez nous, non pas pour aller bronzer
mais pour bosser ou faire des courses, j’avoue personnellement que j’ai
du mal avec tout ça et que j’y vais à reculons. Et pour cause ! Ce n’est
jamais pour rien que l’on hésite à mettre le nez dehors et à la seule
pensée d’avoir à supporter la chaleur tout en courant le risque de se
casser la figure, on y va mais en traînant les pieds. Lever l’étendard blanc,
c’est le premier geste que l’on pense à faire pour manifester notre
renoncement à vouloir attirer l’attention des pouvoirs publics sur la
clochardisation des rues d’Alger et l’état de délabrement avancé des
immeubles censés raconter l’histoire de la capitale et faire état de sa
beauté. Je ne dis pas qu’Alger est en tête des villes les plus sales au
monde, mais je suis prête à parier qu’elle n’en est pas loin. Il y a les
trottoirs éternellement défoncés, les ordures, les crachats..., et quand il
n’y a pas tout ça, il y a ces odeurs nauséabondes, ces relents
d’urine qui donnent l’impression que l’on se déplace dans une gigantesque
pissotière. J’ignore si dans toutes les villes les travaux de restauration de
certaines façades d’immeubles vont à la même allure. A Alger, on a
la désagréable sensation d’un chantier qui n’en finit pas. Il y a des
échafaudages partout qui donnent l’impression d’une ville en ébullition
en voie de faire peau neuve. Mais il ne faut pas quitter les grandes
avenues pour garder cette sensation. Ne pas emprunter les petites ruelles
pour ne rien voir de l’état d’abandon des bâtisses, à l’origine des effondrements
réguliers. Qui est responsable de l’incurie ? On pourra toujours badigeonner les
façades d’immeubles. Les trottoirs, eux, sont, à l’année,difficilement praticables.
Dans quoi est englouti le budget réservé à leur réfection ? C’est comme les routes
que l’on ne répare jamais d’une traite et que l’on préfère rapiécer. Le goudron finit
toujours pas craquer. Et c’est ainsi que se démocratisent les satanés privilèges qui permettent d’offrir du travail aux copains entrepreneurs.
M. B.