Saha Aïdkoum !
SOIT DIT EN PASSANT
09 Juillet 2016Saha Aïdkoum !
Par Malika Boussouf
journaliste, écrivaine
Malika Boussouf.jpg
Il est des jours comme ça où, lorsque le Ramadhan tire à sa fin,
votre cœur se met en fête à la seule idée de ne plus avoir à côtoyer
les faces de carême désagréables et agressives. Vous vous réjouissez
aussi de ne plus avoir à croiser, en aussi grand nombre, les mendiantes
qui campent dehors, matin et soir, et dont vous enjambez presque les
corps en descendant au marché. Celles qui sillonnent les rues à longueur
de journée s’installent, la nuit venue et jusque tard le lendemain, dans des
passages très fréquentés par ceux qui vaquent quotidiennement à leurs
occupations.Durant tout le mois, je n’ai pas beaucoup rencontré d’hommes
qui dormaient à la belle étoile mais les femmes, je n’en ai même jamais vu
autant squatter les rues de la capitale flanquées d’une ribambelle d’enfants,
tous vautrés sur des cartons qui vous barrent carrément le passage. Une
façon bien agressive de contraindre les autres à s’arrêter et donner sans
rechigner face à cette volonté affichée de les culpabiliser.Aucun d’entre nous
ne pourrait faire comme s’il ne voyait rien, comme si le fait de regarder certains
d’entre eux plonger leurs bras dans les énormes poubelles laissait totalement
indifférent. Mais ce n’est pas à cette catégorie de mendiants que je fais référence.
Le problème, aujourd’hui, réside dans le fait qu’aucun d’entre nous, à l’exception
des intéressés, n’a les moyens de distinguer le vrai du faux dans cette vilaine image qu’offrent au monde ces nuées de mendiants. Un tableau qui heurte et un nombre impressionnant, aggravé par celui de réfugiés qui sillonnent les rues l’âme en peine
et dont la rencontre vous fend le cœur.C’est dans un total dénuement qu’ils sont
venus nous interpeler sur la violence de ce monde enlaidi par la pauvreté. J’avoue
avoir tendance à plus partager avec ceux qui contraints à l’exil ont atterri chez nous.
Le chagrin que l’on perçoit sur ces visages qui n’ont pas choisi l’errance est autrement
plus convaincant. On imagine que si la vie s’était montrée plus clémente à leur égard,
ils agiraient autrement que les nôtres dont la fascination pour le gain facile vous
ferait presque douter de la valeur du travail.
M. B.
Atlas-HD-200 B102 B118
Icone I-5000
ZsFa