Accord historique à Alger
L’Opep décide de réduire sa production
le 29.09.16 | 10h00
L’accord s’est joué à la fin des échanges entre les pays membres et les tractations étaient pour le moinsL’accord était inespéré : l’Organisation des pays exportateurs de pétrole
âpres et très serrées. C’est un véritable coup de théâtre qui s’est produit à Alger tant il s’agit du premier
accord de baisse de la production en huit ans.
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(OPEP) va réduire sa production d’environ 750 000 barils par jour. En effet,
les membres de l’Organisation, qui se sont réunis hier à Alger, ont acquiescé
à la proposition de l’Algérie qui plaidait pour l’impératif d’une baisse de la
production afin de rétablir l’équilibre du marché qui, pendant plusieurs mois
déjà, a rompu sous l’effet d’une offre abondante et d’une demande mondiale
à la traîne.Les pays membres de l’OPEP ont accepté de réduire leur production
de brut d’environ 750 000 barils par jour, ce qui la ramènerait entre 32,5 et 33
millions de barils par jour. C’est un véritable coup de théâtre qui s’est produit à
Alger tant il s’agit d’un premier accord de baisse de la production en huit ans.
L’accord s’est joué à la fin des échanges entre les pays membres et les tractations
étaient pour le moins âpres et très serrées. Tout au long de la réunion, qui s’est
terminée tard dans la soirée, le marché pétrolier était en pleine euphorie.
Négociations marathoniennes
La courbe des cours prédisait la venue d’un accord, ou du moins un accord de
principe sous forme d’un engagement formel de tous les pays membres pour la
réduction de la production. Cet engagement devrait être exécutable sous peu,
soit dès le mois de novembre, à en croire certaines informations qui ont filtré
peu avant la fin de la réunion.Dans la foulée de cette annonce, les cours
accentuaient les bénéfices à Londres et à New York, gagnant plus de deux
dollars, alors qu’ils accusaient le coup, la veille, des suites de l’intransigeance
iranienne face à l’impératif d’une baisse de l’offre de brut pour soutenir les
prix. Mais tout n’était pas encore joué mardi, tard dans la soirée, l’Algérie
s’investissait encore pleinement afin de converger les avis vers l’impératif de
geler la production à des niveaux fixes. A l’ouverture de la réunion informelle
de l’OPEP, le président, Mohamed Salah Assada (Qatar), assurait que son
organisation était «déterminée à ce que cette réunion sorte avec un message
positif et convaincant». A ce propos, il a salué «les efforts exemplaires»
consentis jusque-là pour tenter d’arriver à un consensus, évoquant de
«nouveaux défis» qu’affronte l’OPEP «sur fond de spéculations alimentant le
marché». Selon les termes de l’accord, la Libye et le Nigeria sont exempts de
cette coupe dans la production eu égard aux troubles politiques auxquels les
deux pays font face. Quant aux Iraniens, qui défendaient bec et ongles, leur
droit à recouvrer leur quota d’avant les sanctions occidentales, soit de 4
millions de barils/jour, ces derniers sont autorisés à porter leur production à
la limite des 3,7 millions de barils/jour, soit une hausse de 100 000 barils/jour
par rapport aux niveaux actuels. A travers cette coupe d’environ 750 000 barils
par jour, l’OPEP espère éponger un tant soit peu une partie de l’excédent dont
souffre le marché.Les modalités d’application de cette décision devraient être
annoncées lors de la prochaine réunion de l’OPEP, prévue fin novembre à
Vienne. L’Algérie plaide pour la mise en place d’un comité de suivi et
d’évaluation de la production de chacun des pays membres. Le mécanisme
tend à instaurer une discipline parmi les membres de l’Organisation et lutter,
par la même, contre la production informelle qui fait grimper l’offre effective
de l’OPEP. Le suivi de l’accord dans son exécution paraît vital, aux yeux d’Alger,
qui vient ainsi de réussir un pari qui était presque impossible.Le ministre de
l’Energie, Noureddine Boutarfa, menait depuis quelques semaines des tractations ininterrompues auprès des différents membres de l’OPEP en vue de faire de la
réunion d’Alger un succès. La perspective d’un consensus entre les 14 membres
de l’OPEP s’est fortement amenuisée dès la veille en raison de désaccords entre
l’Arabie Saoudite et l’Iran.Le marché perdait l’espoir d’un quelconque compromis,
alors que les responsables algériens tentaient encore, jusqu’à une heure tardive de
la nuit de mardi, de concilier les frères ennemis, avons-nous appris de sources
proches de la délégation algérienne. Les efforts se sont ainsi soldés par un accord
que le marché ne voyait pourtant pas venir.
Ali Titouche