Stabilisation du marché pétrolier
L’OPEP veut dialoguer avec les États-Unis

le 15.12.16|10h00

Les producteurs américains risquent de faire capoter la nouvelle
démarche de l’Opep, si les cours remontent suffisamment pour favoriser
la rentabilité de l’industrie du schiste.
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L’OPEP poursuit ses efforts pour le rééquilibrage du...


Après avoir réussi à concilier les positions de ses propres membres et à rallier d’autres producteurs
à sa stratégie de stabilisation de marché, l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP)
envisagerait désormais d’étendre le dialogue aux Etats-Unis, afin de prévenir une nouvelle rechute
des prix.
C’est du moins ce qu’a laissé entendre hier le secrétaire général de l’OPEP, Mohammad
Barkindo, en indiquant, selon l’APS, qu’il souhaitait désormais renforcer le dialogue avec les Etats-
Unis, l’un des partenaires importants de l’Organisation et l’un des plus grands producteurs
d’hydrocarbures de la planète, à la faveur du boom qu’ont connu ces dernières années le gaz et le
pétrole de schiste. Sans pour autant préciser par quel biais pourrait être amorcé un tel dialogue,
sachant que la production américaine ne dépend pas d’instances gouvernementales comme c’est
le cas ailleurs.
Le secrétaire général de l’OPEP, qui intervenait devant le Centre des études
internationales et stratégiques (CSIS), basé à Washington, a néanmoins évoqué la possibilité
d’asseoir un mécanisme de coopération avec les pays producteurs n’appartenant pas à
l’Organisation afin de ramener la stabilité sur les marchés. En guise d’argument, M. Barkindo a
rappelé l’impact néfaste de la dégringolade des cours du pétrole depuis plus de deux ans, non
seulement sur les économies des pays producteurs, mais aussi sur l’industrie pétrolière mondiale
dans son ensemble.
La chute des prix du brut, a-t-il déclaré en ce sens, a entraîné une baisse
très forte des investissements, évaluée à «plus de 300 millions de dollars en 2015 et 2016», ce
qui n’a plus permis de répondre aux demandes du secteur énergétique. Aussi, l’OPEP, désormais
forte du consensus obtenu ces dernières semaines entre ses propres membres et 11 autres pays
producteurs, notamment la Russie, semble donc vouloir tendre la main aux producteurs
américains qui, faut-il le souligner, risquent de faire capoter sa nouvelle démarche si les cours
remontent suffisamment pour favoriser la rentabilité de l’industrie du schiste.
Ne devant entrer en
vigueur qu’en janvier prochain, la réduction de la production de près de 1,8 million de barils par
jour, décidée par l’OPEP et les non-OPEP, a d’ores et déjà permis de redresser les cours à un
niveau de plus de 55 dollars le baril, alors qu’ils fluctuaient auparavant nettement en deçà des 50
dollars.
Pour nombre d’observateurs et d’analystes, le risque d’un nouveau plongeon des prix, et
par conséquent d’un échec de la stratégie jusque-là gagnante de l’OPEP, pourrait venir d’une
éventuelle reprise du schiste américain, qui viendrait profiter ainsi de l’amélioration des conditions
du marché pour combler les réductions d’offre concédées par les autres producteurs.
D’où d’ailleurs
les déclarations de Mohammad Barkindo à Washington en faveur d’un dialogue avec les Etats-Unis.
Un appel qui reste, cependant, difficile à faire aboutir, tant le secteur du schiste américain dépend
davantage du marché et des choix économiques propres aux producteurs eux-mêmes que d’une
quelconque politique du gouvernement fédéral.
A souligner néanmoins que la production pétrolière
américaine est actuellement en déclin, à moins de 9 millions de barils par jour cette année, et que
la plupart des prévisions indiquent qu’elle va stagner l’année prochaine, à moins qu’une forte
remontée des prix du brut vienne stimuler sa reprise.

Akli Rezouali