Téhéran demande une réunion des parrains de l’accord nucléaire
Iran
le 18.12.16|10h00
L’Iran a officiellement demandé hier une réunion de la «commission conjointe» avec le groupe 5+1 (Etats-Unis, Russie, Chine, France, Royaume-Uni et Allemagne) sur le renouvellement des sanctions américaines, selon l’AFP citant les médias. Dans une lettre à la chef de la diplomatie de l’Union européenne (UE), Federica Mogherini, le ministre des Affaires étrangères iranien, Mohammad Javad Zarif, a appelé à une «réunion de la commission conjointe prévue par l’accord nucléaire (...) sur la récente action des Etats-Unis» visant à renouveler les sanctions contre l’Iran, a rapporté le site de la télévision d’Etat. Mme Mogherini est chargée des contacts entre l’Iran et le groupe 5+1.
Jeudi, le président américain, Barack Obama, a autorisé la prolongation pour dix ans de ces sanctions, votée début décembre à une écrasante majorité par le Sénat. Les responsables iraniens, notamment le guide suprême, l’ayatollah Ali Khamenei, et le président, Hassan Rohani, ont dénoncé le renouvellement des sanctions américaines comme une «violation» de l’accord nucléaire conclu en juillet 2015 avec les grandes puissances. Ultime décideur dans le dossier nucléaire, le guide suprême iranien a plusieurs fois exprimé ses doutes sur la fiabilité des Etats-Unis. Il a ainsi récemment critiqué la «précipitation» dans les négociations nucléaires. Et le président du Parlement, Ali Larijani, a estimé que «certaines sections de l’accord auraient dû être écrites avec plus de précision pour éviter les interprétations». D’un écueil à l’autre. Entré en vigueur en janvier 2016, cet accord a permis la levée d’une partie des sanctions internationales contre la République islamique. Mais Téhéran, qui a respecté, selon les Nations unies, tous ses engagements pour limiter son programme nucléaire, accuse les Etats-Unis d’empêcher la normalisation de ses relations économiques, notamment bancaires, avec le reste du monde. Les Etats-Unis ont suspendu les sanctions anti-iraniennes liées au nucléaire, mais en imposent d’autres liées au non-respect des droits de l’homme par Téhéran, à son soutien au «terrorisme» au Moyen-Orient et à son programme de missiles balistiques. Les sanctions américaines pénalisent le secteur bancaire iranien ainsi que les industries de l’énergie et de la défense. De ce fait, les retombées économiques de l’accord nucléaire ont été beaucoup moins prometteuses qu’espéré par Téhéran. L’accord nucléaire prévoit que l’Iran ou l’un des pays du groupe 5+1 puisse demander la réunion d’une «commission conjointe» pour examiner une éventuelle violation de cet accord. Mardi, le président Rohani a demandé à son ministre des Affaires étrangères de prendre des «mesures juridiques» contre la décision des Etats-Unis. Le même jour, l’Iran a annoncé son intention de construire des navires à propulsion nucléaire, en réponse au renouvellement des sanctions américaines. Le 20 avril dernier, la Cour suprême américaine avait décidé de saisir 2 milliards de dollars des fonds iraniens gelés aux Etats-Unis. Cet argent est réclamé par les familles d’un millier de victimes américaines d’attentats fomentés ou soutenus par Téhéran, selon Washington. Entre autres, les proches de 241 soldats américains tués le 23 octobre 1983 dans deux attentats-suicide qui ont frappé les contingents américain et français de la Force multinationale de sécurité à Beyrouth et les victimes d’un attentat en 1996 contre les tours de Khobar en Arabie Saoudite, qui a tué 19 Américains. Cette décision a été qualifiée, le lendemain par le ministère des Affaires étrangères iranien, de «vol».
Le 17 mai, de son côté, le Parlement iranien a voté une loi obligeant le gouvernement à réclamer des dommages aux Etats-Unis pour les «actions hostiles et les crimes» commis contre l’Iran depuis 63 ans. «Le gouvernement a le devoir de prendre les mesures nécessaires pour compenser les dommages (matériels et moraux) causés par les Etats-Unis» à l’Iran ou «à ses ressortissants depuis 63 ans», est-il relevé dans le texte. Il y est cité «les dommages matériels ou moraux» causés par les Etats-Unis depuis le coup d’Etat contre le gouvernement nationaliste de Mohammad Mossadegh en 1953, dont ceux commis durant la guerre Iran-Irak (1980-1988), ceux provoqués par la destruction de plateformes pétrolières dans le Golfe ou encore l’espionnage mené par les Américains contre l’Iran.Rédaction internationale