La communauté internationale à propos du carnage commis par Riyad au Yémen
Pour une enquête indépendante

Conflit Yéménite
le 17-10-2016|10:00

La communauté internationale, à sa tête le Royaume-Uni, s’est
enfin réveillée pour dénoncer, même à mi-voix, les carnages à
répétition sur les civils au Yémen et réclame une enquête
indépendante au lendemain du raid qui a fait plus de 140 morts
et 554 blessés à Sanaa la semaine dernière. Le Royaume-Uni
avait annoncé vendredi vouloir présenter un projet de résolution
au Conseil de sécurité de l'ONU sur le Yémen, appelant à “la fin
immédiate des hostilités et à une reprise du processus politique”,
selon Matthew Rycroft, l'ambassadeur britannique auprès des
Nations unies. L'initiative britannique au Conseil de sécurité suit le
blocage par la Russie, qui dénonce cette coalition conduite par
l'Arabie saoudite, d'une déclaration condamnant l'attaque de
samedi et appelant à un retour du cessez-le-feu. L'ambassadeur
russe Vitali Tchourkine avait estimé que ce texte, déjà proposé par
le Royaume-Uni, était “extrêmement faible et général”, jugeant
qu’une nouvelle approche diplomatique était nécessaire sur le
Yémen. Qualifiant d’“attaque cruelle contre des civils et une violation
scandaleuse des lois humanitaires internationales”, le secrétaire
général des Nations unies, Ban Ki-moon, a réclamé la création d'un
organe indépendant pour mener une “enquête complète” sur les
violations des droits de l'Homme au Yémen, après avoir refusé le
mois dernier de mettre en place une telle investigation. “Il faut que
des comptes soient rendus sur la conduite effarante de cette guerre”,
a-t-il déclaré devant des reporters. “J’exhorte le Conseil des droits de
l'Homme à remplir son devoir et à agir”, a-t-il martelé. Même son de
cloche chez l'ONG Human Rights Watch qui a qualifié, elle aussi,
vendredi, ces raids de “crime de guerre”, appelant les États-Unis, la
Grande-Bretagne et d'autres pays à “suspendre immédiatement leurs
ventes d'armes à l'Arabie saoudite,” et a exigé la reprise à Sanaa des
vols aériens commerciaux, suspendus en août, pour permettre
l'évacuation des blessés ou des malades qui ont besoin de soins à
l'étranger. La volonté de traduire en justice les responsables de ce
bain de sang a également été exprimée hier par les Houthis au Yémen,
qui ont réclamé “une enquête internationale indépendante” sur “des
crimes de guerre” de la coalition militaire arabe qui les combat.