Les États-Unis tournent le dos à l’Arabie Saoudite
Conflit yéménite
le 15.12.16|10h00
La semaine dernière, le ministre britannique des Affaires étrangères,Les Etats-Unis ne veulent visiblement plus cautionner les dérives de la coalition
Boris Johnson, a dénoncé, sur un ton peu diplomatique, les
«guerres par procuration» menées, selon lui, par Riyad.
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Boris Johnson, ministre britannique des Affaires étrangères
militaire arabe dirigée par l’Arabie Saoudite au Yémen. Pour éviter de devoir en
porter le chapeau un jour, le Pentagone a tout bonnement décidé d’annuler une
livraison d'armes à Riyad, son traditionnel allié. Un responsable américain ayant
souhaité rester anonyme a affirmé à la presse, mardi soir, que «les États-Unis
ont clairement indiqué que la coopération militaire américaine n'est pas un
chèque en blanc et que, par conséquent, ils ont décidé de ne pas procéder à
certaines ventes de munition» à l’Arabie Saoudite. «C'est le signe de notre
inquiétude profonde et continue face aux failles dans les pratiques de ciblage de
la coalition et de la manière générale dont est menée la campagne aérienne au
Yémen», a-t-il poursuivi. D'autres sources américaines ont précisé que la vente
visée concernait des munitions à guidage de précision fabriquées par le groupe
américain Raytheon. Afin sans doute de décliner toute responsabilité dans les
massacres de civils, Washington a pris le soin, par ailleurs, de souligner que son
implication reste limitée dans le conflit yéménite. Un haut responsable de
l'Administration américaine a précisé que l'aide de son pays pourrait désormais
se concentrer sur «l’entraînement des forces aériennes saoudiennes», plus
précisément sur les questions de ciblage. En clair, cela veut dire que les
Américains lâchent les Saoudiens au Yémen.La décision de Washington peut
s’expliquer aussi par le fait que le chef du gouvernement rebelle yéménite, Abdel
Aziz Ben Habtour, vient d’accuser le Royaume-Uni d'être coupable de «crimes de
guerre» au Yémen, affirmant que des bombes britanniques avaient été «larguées»
sur le pays. Les Britanniques «ont vendu des bombes à sous-munitions à l'Arabie
Saoudite», des armes interdites par les conventions internationales, a affirmé
Abdel Aziz Ben Habtour sur la chaîne Sky News, mardi soir. «Ce n'est pas que je
pense qu'ils sont coupables de crimes de guerre, c'est que j'en suis convaincu. Ils
participent au bombardement du peuple yéménite (...). Ils savent que les
Saoudiens vont larguer (leurs bombes) sur le Yémen», a ajouté celui qui dirige le
gouvernement des rebelles chiites houthis, qui contrôlent une partie du pays, dont
la capitale Sanaa. La semaine dernière, le ministre britannique des Affaires
étrangères, Boris Johnson, a dénoncé en personne les «guerres par procuration»
menées par Riyad. Mais il s'est fait aussitôt recadrer par la Première ministre,
Theresa May. Selon l’ONU, la guerre au Yémen a fait plus de 7000 morts et près de
37 000 blessés depuis l'intervention de la coalition arabe sous commandement
saoudien en mars 2015. Une vraie boucherie.
Zine Cherfaoui