Tel-Aviv qualifie d’«absurdes»
les accusations de l’ONU sur la colonisation
Conflit israélo-palestinien
le 31.08.16 | 10h00
Le gouvernement israélien a qualifié hier d’«absurdes» les critiques de l’ONU sur la poussée
de la colonisation israélienne en Cisjordanie et à Jérusalem-Est, selon l’AFP, citant un
communiqué du porte-parole du Premier ministre Benjamin Netanyahu, David Keyes.
Les propos de l’envoyé spécial de l’ONU au Proche-Orient,
Nickolay Mladenov, «constituent une distorsion de l’histoire et du droit
international», a indiqué dans le communiqué le porte-parole du
Benjamin Netanyahu. «Les juifs sont à Jérusalem et en
Judée-Samarie (Cisjordanie) depuis des milliers d’années et leur présence
n’est pas un obstacle à la paix», a-t-il observé. «L’obstacle à la paix, c’est
cette entreprise sans fin visant à dénier les liens entre le peuple juif et
une partie de leur terre historique.»Et de poursuivre «Prétendre qu’il est illégal
pour les juifs de construire à Jérusalem est aussi absurde que prétendre
qu’il est illégal pour les Américains de construire à Washington ou pour
les Français à Paris.» Comme «l’exigence palestinienne selon laquelle un
Etat palestinien devrait être ethniquement épuré des juifs est scandaleuse,
et l’ONU doit la condamner au lieu de l’adopter». Israël considère tout
Jérusalem, y compris Jérusalem-Est occupée et annexée, comme sa
capitale indivisible.Les Palestiniens veulent faire de Jérusalem-Est
la capitale de l’Etat auquel ils aspirent. Nickolay Mladenov a relevé, lundi
devant le Conseil de sécurité, que les «recommandations» du Quartette
(Etats-Unis, ONU, Russie et Union européenne) «continuent a être
bafouées, y compris par une poussée des annonces par Israël liées à
la colonisation et la poursuite des démolitions» d’habitations palestiniennes.
Il a rappelé que les colonies, ces implantations civiles israéliennes sur des
terres occupées depuis 1967, sont illégales au regard de la loi internationale.
La communauté internationale considère la colonisation, qui s’est poursuivie
sous tous les gouvernements israéliens, comme un obstacle majeur à
la paix. L’envoyé spécial onusien a recensé lors de son intervention
des projets de construction de plus de 1700 logements annoncés par
le gouvernement israélien depuis le 1er juillet, dont plus de 1000 à
Jérusalem-Est, partie palestinienne de la ville occupée et annexée par Israël.
R. I.
«Nous sommes reconnaissants aux autorités algériennes pour leur soutien»
Ossama Hamdane. Membre du bureau politique du Hamas palestinien
le 31.08.16 | 10h00
En visite en Algérie sur invitation du MSP, une délégation du Hamas palestinien a animé une
série de meetings et de conférences dans plusieurs villes du pays. C’est l’occasion de
rencontrer à Alger Ossama Hamdane, membre du bureau politique du mouvement et responsable
des relations internationales du Hamas, pour évoquer l’actualité palestinienne, la situation
catastrophique dans la bande de Ghaza, les relations entre Alger et le mouvement de résistance
islamique ainsi que les défis qui attendent la scène politique palestinienne à l’approche
des élections municipales ,en octobre prochain.
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- Vous êtes invités, avec votre délégation, par le MSP algérien pour
une série de conférences et de rencontres
. Est-ce votre première visite en Algérie ?
Ce n’est pas la première fois que nous visitions l’Algérie, nous avons déjà
été invités par d’autres partis, comme lors du congrès du FLN. L’Algérie a
une place spéciale chez les Palestiniens, la lutte de l’Algérie contre
l’occupation et la répression est source d’inspiration pour les Palestiniens.
Et l’Algérie a toujours soutenu la Révolution palestinienne depuis 1965.
Comme peuple et comme mouvement de résistance aussi, nous tenons à
avoir les meilleures relations avec l’Algérie, son Etat, ses différentes forces
politiques et élites sociales.
- Quelle est la teneur des relations entre le Hamas et les officiels algériens ?
Les relations et les contacts n’ont jamais été interrompus entre les
responsables algériens et les dirigeants du Hamas. Nous sommes reconnaissants
aux autorités algériennes pour leur soutien, d’autant que le président
Abdelaziz Bouteflika l’a personnellement exprimé lors du sommet arabe de
2007 à Riyad en évoquant les élections de 2007. Sur le plan régional, africain
ou mondial, l’Algérie a constamment soutenu la question palestinienne et
la résistance. Aussi, les autorités accompagnent les efforts de la société
algérienne pour briser le blocus dont souffre Ghaza. Je rappelle la participation
à la flottille de la liberté avec la délégation la plus importante, soit 37 personnes.
Et c’est l’Etat algérien qui a dépêché un avion spécial pour rapatrier cette
délégation après l’intervention de l’occupation contre la flottille c’était un
message très clair du président Bouteflika. De tout temps, la position officielle
algérienne a pris soin de soutenir notre cause.
- Justement, en parlant du soutien des pays à la cause palestinienne ou
à votre mouvement, vous avez toujours été otages des logiques des
intérêts des Etats arabes ou autres, exception faite de l’Algérie.
Comment tenir l’équilibre entre des logiques d’Etat fluctuantes et
la cause centrale d’un mouvement de résistance ? On peut évoquer ici
la Syrie, la Turquie, etc.
Pour être franc, ce n’est pas du tout chose facile. Mais c’est cela, la politique.
En fait, nous nous sommes imposés six règles, même si parfois nous le payons
en perdant une partie du soutien que nous souhaitons. La première des règles
est que nos relations avec les Etats sont bâties sur trois priorités la cause,
le peuple, la résistance. Deuxièmement, nous n’avons jamais imposé à un
Etat la forme de soutien qu’on pouvait avoir, nous nous contentons d’exposer
nos manques et on accepte l’aide, même si elle peut être insuffisante.
Troisièmement, nous informons les Etats qui nous aident sur tout ce qui se
déroule sur la scène palestinienne afin de mieux impacter et cibler leur soutien. Quatrièmement, nous ne nous immisçons dans les conflits arabo-arabes et, cinquièmement, nous ne nous ingérons pas dans les affaires internes de ces
Etats. Et puisque notre cause est consensuelle, nous nous devons de ne pas la transformer en élément de discorde : c’est notre sixième règle. Nous avons
assez de souffrances face à l’occupation pour en rajouter d’autres…
- Quelle est aujourd’hui la situation au quotidien à Ghaza ?
Lors de ces dix dernières années de blocus, Ghaza a subi trois guerres 2008,
28 jours ; 2012, 8 jours mais trois fois plus de bombardements qu’en 2008 ;
2014, 51 jours. Les mots ne peuvent décrire la résistance de notre peuple.
Le point de passage de Rafah est une question douloureuse c’est un point de
passage arabo-arabe ! Un passage vers nos frères.Les accords de la Ligue
arabe disent qu’en cas d’agression contre l’un des pays membres, les points
de passage deviennent les siens, avec annulation des taxes douanières, etc.
Nous ne demandons même pas cela : nous demandons juste que le point de
passage de Rafah reste ouvert, avec la garantie de la sécurité pour l’Egypte,
bien sûr. Maintenant, si on exige de nous que ce soit la Garde présidentielle
(de l’Autorité palestinienne) qui garde le point de passage côté palestinien,
nous ne sommes pas contre.Nous l’avons déjà dit depuis 2007. Nous ne
tenions pas à ce que ce soit exclusivement le Hamas qui contrôle le point de
passage côté palestinien. Mais ce que ne craignons plutôt est qu’il y ait un vide,
un vide que comblera l’occupation, et nous aurons ainsi de nouveau la bande
frontalière égypto-palestinienne occupée : cela, nous ne l’accepterons pas.
- Vous allez participer aux élections municipales palestiniennes d’octobre
prochain, pas avec des listes Hamas, mais avec des candidats de
la société civile. Pourquoi ce choix ?
Même si chaque action, face à l’occupation, est un acte politique, nous ne
voulons pas que le discours politique domine et paralyse tous les côtés de la vie quotidienne. Nous voulons donner leur chance aux experts, aux spécialistes de
jouer un rôle dans les municipalités. Il y a aussi le paramètre tribal et familial
qui reste important dans les municipales et qu’on ne peut prendre en compte
lors des législatives à cause du nombre réduit de sièges.
C’est une manière de favoriser la démocratie au détriment du phénomène partisan
qui pourrait créer la discorde. Ces élections sont une opportunité pour maintenir la cohésion du tissu social.
- Où en est le processus de réconciliation avec le Fatah ? Avec toutes
ses avancées mais surtout ses reculades, vous ne pouvez pas dire que
c’est toujours la faute des autres…
On peut aller dans le détail et polémiquer sur le pourcentage de responsabilité
de chaque partie, mais je ne préfère pas. Je peux par contre exposer la position
de Hamas à travers toutes ses institutions en commençant par Majliss echoura
qui est notre parlement interne et aussi le bureau politique nous devons travailler sérieusement pour sortir de cette situation de division. Pour une raison très précise
tu ne peux affronter l’ennemi en rangs divisés. Certes, les programmes sont différents, mais l’unité doit être l’élément essentiel. Pour nous, faire des concessions face à
nos frères est un bénéfice, parce que cela nous permet de nous unir ; par contre,
céder devant l’ennemi est une terrible perte. J’espère que l’expérience des prochaines élections municipales sera un facteur encourageant pour aller vers les autres élections, présidentielle et législatives. Ce sera une sorte de test.
Adlène Meddi