Amar Ghoul est catégorique : «Le chantier de la Constitution est toujours ouvert.» Avec lui comme maître d’œuvre, mieux vaut ne pas…
… passer sous cette Constitution ! Au procès Saipem qui se tient à …Milan, en Italie – me fallait-il vraiment le préciser ? – ma consœur Nacéra Benali d’El Watan nous apprend que Sonatrach qui voulait se porter «partie lésée» a été finalement déboutée. Pourquoi ? Parce que la demande introduite par l’Algérie était truffée … d’erreurs procédurales grotesques ! Encore des erreurs, me suis-je dit en me frappant le front, mais pas trop fort. Eh oui ! Déjà, l’autre jour de l’autre mois de l’autre année, le mandat lancé à l’international par Alger contre Chakib Khelil avait été frappé de nullité pour … nullité dans sa rédaction, pour non-respect du formulaire type en la matière. C’est tout de même intrigant toutes ces fautes, ces erreurs dans la rédaction de nos requêtes judiciaires à l’international ! A chaque fois, ça foire et ça n’aboutit pas à cause d’une virgule partie en randonnée, en goguette, par la faute d’un deuxième verbe qui a refusé de se mettre à l’infinitif alors qu’il était en seconde position derrière un confrère-verbe, ou alors au motif que la feuille sur laquelle ladite requête a été rédigée n’est pas aux normes, 21/27, mais plutôt à celles du 21/28 en vigueur du temps du beylicat turque. Avouez que c’est tout de même un brin ballot une procédure qui tombe à l’eau à cause d’un millimètre en plus ou d’un infinitif rétif ! Faut-il alors adjoindre au ministère de la Justice un secrétariat d’Etat à l’orthographe, au lexique, à la syntaxe et à la modélisation des demandes d’entraide judiciaire ? Ne doit-on pas penser à faire relire les demandes d’extradition de Chakib Khelil et de toutes les autres fripouilles du pays par un comité d’experts linguistes indépendants avant de les poster vers l’Italie et les autres endroits du monde et d’avoir la H’chouma en courrier retour ? Parce que c’est celui-là, n’est-ce-pas, le sentiment qu’éprouvent nos mandants et leurs ordonnateurs quand on leur répond que leur demande est rédigée comme un pied, la h’chouma. C’est ça, hein ? Eh ! Oh ! Ya quelqu’un ? Je fume du thé et je reste éveillé, le cauchemar sans «D» continue.
Le remaniement z’kara fikoum ! ça y est ! C’est fait ! Tata Louisa a procédé au … … remaniement partiel du gouvernement ! Lorsqu’est tombée la «nouvelle du remaniement ministériel, j’avais déjà bouclé ma chronique. Mais pouvais-je passer outre ce «mouvement» opéré par le châtelain dans le corps tourmenté et tourmentant des ministres ? Non ! Et ce qui m’a définitivement convaincu de pondre sur-le-champ une seconde chronique, c’est cette succulente suggestion pêchée dans un forum, sur le net, qui n’est donc pas la mienne mais qui m’a ravi par son mordant tellement algérien : «Il ne manque maintenant que la nomination du vigile de l’Université de droit au poste de chef de cabinet de Tahar Hadjar.» Eh oui, mon n’veu. On y est concrètement aujourd’hui : le remaniement z’kara fikoum ! Vous vous étiez offusqués de cette affaire de la mini-jupe, de cette étudiante empêchée d’accéder au campus parce que jugée trop courte vêtue par une université algérienne unanime du planton-vigile au recteur ? Eh bien, nous avons mieux à vous offrir, messieurs et mesdames les offusqués : nous plaçons à la tête de toutes les universités, facultés et instituts du pays le recteur-tailleur, le recteur-mini-jupe. C’est … éberluant d’irresponsabilité et de gouvernance infantilisante. Niveau dominos le soir après le f’tour du Ramadhan, que mes compagnons de dominos dans le quartier me pardonnent si cette comparaison les heurte, car, après tout, c’est à eux de se montrer heurtés par ce parallèle. Je suis étonné que le régime finissant de finir ne soit pas allé plus loin. Et Hamadache commissaire du Salon international du livre d’Alger, pourquoi vous vous en êtes privés, ya l'khawoua ? Quand on se lâche, on se lâche, les amis ! Quand on pète un câble comme vous venez de le faire et qu’on décide que la z’kara peut être un critère de remaniement ministériel, faut pas jouer petits bras ! Entre un maçon-entrepreneur devenu patron des patrons qui invite les Chinois au tourisme marital en Algérie, les vigiles équipés de loupes à jupes, les recteurs qui inventent un règlement intérieur taillé dans un tissu de fantasmes, y a encore de la place pour l’ignoble dans ce cirque des horreurs. Allez ! Mais allez donc ! Encore ! Ce pays exsangue, vous le saignez et vous ne vous rassasiez toujours pas de ses chairs sanguinolentes. Alors encore, et encore. Taillez dans nos peaux ! Découpez nos membres ! Lobotomisez nos cerveaux ! Achevez-nous ! Il en restera toujours un peu pour vos enfants à qui vous avez appris l’art de mastiquer sans vergogne un pays et de le roter ensuite à la face de ses martyrs. Je fume du thé et je reste éveillé, le cauchemar continue.
H. L. |