Le mouton verdâtre
19 Septembre 2016

alorsça.jpg



unécllat.jpg
DIGOUTAGE
justepourrire.jpg

Par Arris Touffan


«Le mouton de cette année est chouia bark.» C’est l’affirmation
péremptoire et irréfutable de khalti Garmya, ma tante préférée,
que la succession pluri-décennale d’Aïd el-Kébir a transformée en
vétérinaire instinctive. Dès le lendemain du sacrifice, ma tante
véto a remarqué que le mouton prenait une allure de cadavre en
putréfaction. Il vire presto au verdâtre et se met à schlinguer comme
pas possible. Elle téléphone à partir de son portable à double puce à
deux de ses sœurs qui confirment le constat du légiste. Les moutons
sacrifiés chez mes autres tantes ont pareillement viré.
Tante Garmya a décrété que c'est la première fois de sa vie qu’elle
voit ça. Renseignements pris, elle apprend que le phénomène est
répandu cette année. Facteurs naturels, disent les uns. Non, rétorque
une association de défense des consommateurs qui soupçonne
«une hormonothérapie prouvée par des points d’injections».
«Nous avons eu des échos que des moutons ont été injectés
par des corticoïdes ou carrément d’œstrogènes.» On les a dopés,
les pauvres moutons, pour en mettre plein la vue.
Et subséquemment, remplir les poches des vendeurs… Sauf
que le consommateur a, en échange, de la viande verdâtre et
même pas boucanée…