La grève d'I-Télé est la plus longue de l'audiovisuel français
Dimanche 13 Novembre 2016 00:00
C'est du jamais-vu sur une chaîne de télévision française. I-Télé est
en grève depuis presqu'un mois. Jamais une chaîne de télévision,
n'avait tenu une grève aussi longue que celle que mène la chaîne
d'info du groupe Canal+. Une affaire qui a poussé les ministres
françaises du Travail et de la Culture, Myriam El Khomri et
Audrey Azoulay, à réagir et recevoir lundi dernier la direction du
groupe Canal+, maison mère de la chaîne I-Télé. La tutelle, le
département d'Audrey Azoulay, avait appelé la direction d'I-Télé
à tenir ses «engagements» d'indépendance de la rédaction, au 24e
jour de grève, la plus longue de l'histoire de l'audiovisuel français.
La direction a fait des propositions, mais le désaccord persiste avec
les salariés. Myriam El Khomri, qui avait reçu lundi les syndicats
d'I-Télé, qui réclament une médiation sociale, a pour sa part souhaité
rencontrer la direction «le plus rapidement possible» pour trouver
«très vite» une issue au conflit. La grève à I-Télé est entrée dans sa
quatrième semaine. Les salariés sont en grève de travail depuis le
17 octobre, date de l'arrivée de l'animateur très controversé Jean-Marc
Morandini. Mais, en réalité, c'était une occasion qui a été saisie pour
exprimer une contestation plus ancienne. Dès juin, les journalistes
avaient voté en force une motion de défiance envers leur direction,
pour protester contre le non-renouvellement d'une cinquantaine de
CDD, soit un quart de la rédaction, et contre le projet de mise en
place de publi-reportages. Le propriétaire de la chaîne, le groupe
Vivendi, qui pensait que la promesse d'un encadrement de l'émission
de Jean-Marc Morandini par la rédaction en chef de la chaîne et
surtout l'amélioration des conditions financières pour les candidats
au départ amélioreraient les choses, s'est trouvé confronté à une
nouvelle crise. En réalité, les salariés d'I-Télé veulent la séparation
de la mission de directeur de la rédaction et de DG de la chaîne,
occupées par un seul responsable Serge Nedjar, un fidèle de Vincent
Bolloré, patron de Vivendi.Depuis le lancement de la grève,
l'audience de la chaîne a largement chuté et commence à toucher les
chaînes du groupe Canal+. Un seul moment a augmenté les audiences
d'I-Télé, le débat de la primaire de droite, mais depuis le 17 octobre,
I-Télé affiche une part d'audience de 0,4%, contre 0,8% en septembre.
Cette chute dans les sondages a profité aux concurrents et en particulier
à Bfmtv, le leader des chaînes d'info avec une audience de 2,5% depuis
mi-octobre (contre 2,1% en septembre). LCI est à 0,5% (0,4% en
septembre).Tout cela risque d'influer négativement sur le rendement
de la chaîne mère Canal+ qui est en train de perdre de plus en plus d'abonnés.