DÉPENSES EXCEPTIONNELLES PENDANT LE RAMADHAN, GASPILLAGE, ACHATS DES VÊTEMENTS POUR L'AÏD..

.Le goût prononcé de nos concitoyens pour la surconsommation durant le mois sacré n'indique pas que la société est mal en point, malgré l'alarmisme ambiant qui s'est emparé des pouvoirs publics et de la classe politique suite à la dégringolade des prix du pétrole.


Les réserves de changes s'épuisent. La trésorerie du pays s'effrite. Les équilibres budgétaires sont menacés. Le gouvernement panique et annonce une nouvelle ère économique qui s'appuierait sur un modèle de croissance qui affranchirait le pays de son addiction à l'or noir. L'Algérien, lui, reste zen. Le goût prononcé de nos concitoyens pour la surconsommation durant le mois sacré n'indique pas, en effet, que la société est en crise malgré l'alarmisme ambiant qui s'est emparé des pouvoirs publics et de la classe politique suite à la dégringolade des prix du pétrole. Tout donne l'impression que le pouvoir d'achat de nos compatriotes ne s'est pas autant érodé que l'aurait voulu la flambée des prix, mais aussi, la dépréciation de la monnaie nationale par rapport aux autres devises étrangères, l'euro et le dollar en particulier, références des marchés financiers internationaux. Depuis l'effondrement des prix du pétrole, il y a deux ans, passés entre le mois de juin 2014 et aujourd'hui de quelque 115 dollars le baril à moins de 50 dollars actuellement, les voyants ont viré du vert au rouge. Les rapports des institutions financières, Fonds monétaire international et Banque mondiale, qui se sont succédé ont tous tiré la sonnette d'alarme. Leurs experts ont mis en exergue la fragilité des économies des pays producteurs de pétrole qui dépendent essentiellement des revenus de l'or noir comme ils leur ont conseillé plus de prudence quant à leurs dépenses tout en leur recommandant de diversifier leurs économies. L'Algérie n'y a pas échappé, même si la robustesse de son économie a été relevée. Sous d'autres cieux cela aurait suffi à déclencher un vent de panique. Le débat et les réactions ont certes, été vifs, mais pas au point d'en faire un sujet récurrent. Une fixation. Des mesures ont été prises par le gouvernement (réduction de la facture des importations, promotion de la production nationale, bancarisation de l'argent de l'informel, emprunt obligataire...) pour faire face à cette conjoncture économique annoncée comme dévastatrice. L'opposition a saisi l'occasion pour tirer à boulets rouges sur l'Exécutif. Les experts ont sorti de leurs tiroirs, leurs théories tout en prodiguant leur médication pour sortir de la dépendance au pétrole. Et les Algériens qu'ont-il changé à leurs habitudes? Pratiquement rien, si l'on se réfère à la fièvre acheteuse qui s'empare d'eux durant le mois de Ramadhan réputé pourtant comme la période où les prix des produits de consommation, les viandes, les fruits et légumes, s'envolent. Les dépenses sont exceptionnelles. Le gaspillage est toujours aussi important, si ce n'est plus durant le mois béni. 4 millions de baguettes de pain par jour sont jetées. En période de Ramadhan, il est entendu que l'on peut le multiplier par deux ou trois sans trop de risque de se tromper L'Expression du 22 juin 2016). Le budget consacré à l'achat des vêtements de l'Aïd est faramineux. «Le budget moyen consacré cette année par les ménages algériens aux vêtements de l'Aïd el-Fitr est de 8000 DA par personne», a indiqué le vice-secrétaire général chargé de l'information de l'Association pour la protection et l'orientation du consommateur et son environnement, Samir Elksouri. Où l'Algérien que l'on dit saigné aux quatre veines pendant le mois sacré trouve-t-il le moyen de faire face à une dépense aussi salée. Pour une famille de quatre personnes cela représenterait près de 50.000 DA! Une piste pourrait apporter en partie la réponse. La famille nucléaire algérienne continue de reposer sur un système de solidarité traditionnel. Les liens qui unissent les membres de la famille élargie n'ont pas éclaté au point de remettre en cause la cohésion du groupe. C'est probablement là que réside la force de la société algérienne pour amortir les impacts provoqués par les situations les plus délicates.

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