Pouvoir d’achat et production nationale
Deux lignes rouges à ne pas franchir
le 05.09.16 | 10h00
Les modifications qui seront introduites dans le projet de loi de finances 2017 «pour améliorer
la situation économique du pays», comme l’a affirmé, hier à l’APN, le Premier ministre
Abdelmalek Sellal, ne manqueront pas, sans aucun doute, d’attiser l’hostilité des opérateurs
économiques et leurs représentants parmi le patronat, qui n’ont cessé d’appeler à protéger l’opérateur économique national de tout ce qui nuirait à son activité et à la production nationale en général.
Pour le président de la Confédération nationale du patronat algérien (CNPA),
Mohand Saïd Naït Abdelaziz, si ces augmentations s’avèrent vraies,
«il serait à la limite de bonne guerre que le gouvernement recoure à ce
genre de solutions dans une situation où il est nécessaire d’équilibrer
nos finances.Mais il faut faire attention aux répercussions qu’elles peuvent
avoir sur le pouvoir d’achat et l’effet négatif qui en résultera sur les prix
de certains produits». Selon lui, compte tenu de la situation sociale actuelle,
«il faudrait plutôt instaurer des taxes ou en augmenter d’autres sur les produits
de luxe, de façon à ce que ces augmentations ne touchent pas l’ensemble
des produits». Tout en insistant sur la nécessité de «faire la part des choses
pour préserver le pouvoir d’achat des citoyens aux revenus faibles»,
le président de la CNPA souligne que ces augmentations ne doivent pas
«pénaliser l’acte de production». «Si la hausse de la TVA touche la
production nationale, cela va certainement compliquer les choses.
Elle doit nécessairement concerner les produits importés, notamment ceux
n’étant pas de première nécessité», précise-t-il.Même son de cloche du
côté de l’Association de protection et orientation du consommateur et son
environnement (Apoce). Selon son président, le docteur Mustapha Zebdi, toute
hausse de la TVA ou du prix de produits ou services se répercutera sur le
pouvoir d’achat des Algériens.«On ne peut que défendre la stabilité des prix
et nous ne pouvons accueillir avec joie ces taxations et ces hausses.» Et d’ajouter
«Il y a des produits de première nécessité dont les prix doivent restés
toujours subventionnés par l’Etat, jusqu’à ce que les conditions de
levée de ces subventions soient bien mises en place, à savoir l’élaboration
du fichier national des familles nécessiteuses et la mise ne place d’une
grille de subventions directes au profit de ces familles.»Quant aux produits
secondaires, de luxe ou superflus, l’Association affirme«Nous ne trouvons
aucune gêne à ce qu’il y ait des taxations supplémentaires pour renforcer le
Trésor public et diminuer les importations, d’autant que le pays traverse
une période financièrement difficile.» Mieux encore, Mustapha Zebdi
affirme avoir demandé, à maintes reprises, à ce qu’il y ait des dispositions
imposant aux importateurs, eux-mêmes, de «financer l’importation de ces
produits sans recourir aux devises des banques algériennes».Quant à
l’électricité et au gaz, notre interlocuteur appelle à faire le distinguo entre
les particuliers, les opérateurs économiques et les administrations.
«Si les augmentations de prix ou de taxes touchent les administrations, cela
serait justifié en ce sens que le gros du gaspillage d’électricité se situe
au niveau des administrations. Les ménages devraient donc être épargnés,
d’autant que le pouvoir d’achat des citoyens est actuellement en baisse en
raison de la dépréciation de la valeur du dinar et de l’inflation», conclut M. Zebdi.
Lyes M.