Dernière minute. Abdekka limoge le directeur du Centre de
développement de l’énergie solaire. Ce responsable n’aurait
pas réussi à empêcher le soleil de projeter…… l’ombre de Belkhadem sur le sol ! Je me suis réveillé en sueur, tremblant comme une feuille, victime d’un de ces cauchemars qui vous zigouillent la journée. Dans mon «songe», Abdekka ordonnait à Ouyahia de prendre la tête du FLN, et à Belkhadem de remplacer Raouraoua à la FAF. Et le truc le plus affolant dans cette histoire, c’est que j’ai assisté en direct-live à la passation de consignes entre Saâdani, revenu précipitamment de son commissariat parisien, et Ouyahia, et entre Hadj Raouraoua et Hadj l’Empastillé. Tout ce beau monde souriait, avait l’air de trouver cette kermesse normale, limite champêtre et bucolique. Une douche glacée plus tard, j’ai enfin retrouvé mon calme et mon rythme cardiaque de plénitude. Cette plénitude qui me souffle depuis 1999 qu’avec cet homme, cette famille, ce clan, mon cauchemar est parfaitement réalisable. On donnerait la fédé de scrabble à Abdelaziz 2 qu’il y courrait, la «ch’kara de lettres» à la main. Depuis 1999, plus, beaucoup plus que durant toute la période précédente, Abdekka a installé durablement – il a eu le temps de le faire avec quatre mandats ! – une culture dérivée directement du Makhzen. J’écris volontairement «dérivée» parce que comme pour tout le reste de nos copies pirates, le Makhzen que nous pratiquons est une contrefaçon maladroite, poussant parfois plus loin dans l’immonde que l’original. Et dans ce contexte de contrefaçon, je suis étonné que certains attendent encore la tenue d’une session extraordinaire d’une instance habilitée du FLN pour destituer officiellement Belkhadem, ou que se tienne en bonne et due forme un conseil de discipline qui prononcerait son exclusion. C’est proprement ridicule. Notre copie Taïwan du Makhzen n’en a pas besoin ! Ils feront sans ses «artifices légaux». Et c’est du bourrage de mou que nous obliger à lire des inepties, entre autres des déclarations de «frondeurs» du Front (la belle invention) qui attestent que le bannissement de Belkhadem est hors-la-loi. Mais quelle loi ? Quelle justice ? Et quels droits de l’Homme ? Ceux de Ksentini ? Pour enlever l’Empastillé, pour l’effacer des listes de la cour et de ses dépendances, pour le dissoudre comme on dissoudrait un corps à l’acide dans une baignoire rouillée à force d’avoir vu défiler en son creux des cadavres, le Palais n’a besoin de rien, sinon de ce pouvoir «magique» et gigantesque dont on comprend mieux aujourd’hui que cette famille ne veuille pas se départir, s’en séparer. Demain, le latéral droit de l’équipe d’Algérie de foot Aïssa Mandi ne s’empresserait pas de dédier notre qualification à la Coupe d’Afrique au raïs bien-aimé, le Palais lui interdirait alors l’accès à toute parcelle gazonnée, et agira même tentaculairement pour que cette interdiction s’étende aux gazons étrangers. Pouvoir de vie ou de mort ! Ordonnance de respiration ou de suffocation par asphyxie ! Edit de visibilité ou d’invisibilité. Baba Rabbi installé sur cette portion de terre maudite. Et il paraît qu’il ne faut pas exagérer en appelant cela une dictature. Le terme serait trop fort, disproportionné. La vie. La mort. Quelqu’un pourrait-il m’en préciser les proportions ? Je fume du thé et je reste éveillé, le cauchemar continue.
H. L. |