Dicton du terroir : c’est tous les jours Mouloud pour
les…… fumeurs de pétards ! Je les sens moins tendus. Un brin plus souriants. Oh ! Pas trop quand même, mais tu le vois bien, ce discret sourire au coin de la bouche. Un sourire qui se veut en retenue, tout, sauf exhibitionniste, mais qui est tout de même là. Ils s’énervent moins quand ils parlent et s’adressent à nous. Il y a quelques jours encore, il nous suffisait de leur demander quelque chose, un p’tit truc insignifiant pour les voir baver, éructer et lever les bras au ciel. Là, maintenant, ils semblent un chouia plus sereins. Non, ça ne peut pas être dû à la météo seulement. Certes, le soleil est revenu. La bise du matin pique un peu, mais, dès 10 heures, elle ne résiste pas au franc et vrai soleil qui inonde ce mois de décembre d’une clarté unique et tellement bien décrite par le peintre Delacroix. La météo, oui, mais pas que ! Y a autre chose dans leur mine réjouie. Ils essaient de ne pas trop le laisser transparaître, comme s’ils voulaient modérer leur enthousiasme retrouvé, mais moi, je les connais, mes lascars ! Ils sont aux anges, les loulous ! Ils planent littéralement depuis quelques jours. On les dirait presque sous amphétamines. Non, tout de même pas ? Au début, très sincèrement, dans ma naïveté toute citoyenne, je croyais que ce bonheur retrouvé ne pouvait être le résultat de produits hallucinogènes. Et puis, à la réflexion, lorsque je me suis gratté le haut de mon crâne dégarni, j’en suis arrivé à la seule explication plausible en pareille situation : les mecs se sont shootés ! Et pas à la verveine, si tu vois ce que je veux dire. Le machin qu’ils se sont enfilé, c’est du lourd. Parce qu’avoir des pupilles dilatées à ce point, le regard baignant dans une zénitude nirvanique, assurément, ils sont chargés ! Chargés à bloc. Curieux comme vous me connaissez, chipatouilleur comme d’hab’, fouille-poubelle professionnel, j’ai cherché à savoir. J’ai enquêté. J’ai épluché. J’ai interrogé. Et j’ai trouvé ça… par hasard, en ouvrant une dépêche : le prix du baril de brut est brutalement remonté à 60 dollars. Mumm ! Que c’est bon, ce genre de brutalité ! Eh ouais ! Ils se sont injecté des vapeurs de pétrole à 60 dollars la dose, les bougres. Normal qu’ensuite, ils planent autant. Alors que nous, qui n’avons pas les mêmes dealers de bonheur qu’eux, sommes obligés de fumer du thé pour rester éveillés à notre cauchemar qui continue.
H. L.
|