Je suis franchement surpris qu’avec autant de voiles
dans nos rues, nous soyons aussi faibles en…
…sports nautiques ! En fait, c’est exactement ça ! A cette différence, qu’au lieu de nous mener en bateau, là ils nous mènent en zaouïa. D’ailleurs, pourquoi un singulier ? Mettons vite un «s» puisque compère Khelil la poursuit, sa tournée des zaouïas. Après Djelfa, il a visité la zaouïa Mahieddine à Mascara. Et, contrairement à ce qui a pu être écrit ici ou là, son agenda de représentations est plein. La «tournée de l’enfoiré» continue. Mais le plus tuant, par Sidi El-Kheïr, c’est cette situation unique au monde. Khelil, coincé dans un couloir de la zaouïa mascaréenne et qui discute de quoi avec le journaliste de l’Unique-Bis, je vous le donne en mille ? Des cours du brut ! Avec cette pointe d’accent triomphaliste chez le revenant : «Je vous l’avais dit, je l’avais prédit, les cours allaient remonter sensiblement.» T’as presque envie de l’embrasser sur le front, le Nostradamus des derricks ! Plus hallucinant encore ! Plus magique, pour rester dans l’ambiance «b’khourisée» des lieux : le gars aborde la question «cruciale» de la suite de sa saison, de sa carrière dans les murs des zaouïas. Un vrai mercato ! Rappelez-vous, à Djelfa : «Je suis revenu aider le pays, et pourquoi pas reprendre des responsabilités.» Et hop ! Quelques jours après, dans la zaouïa de Mascara : «Je ne suis pas à la recherche d’un poste.» Et le comble dans tout ça, c’est que nous, on tente de décoder. Comme si le gars s’exprimait à partir d’une vraie conf’ de presse, dans une salle affectée à cet effet, avec communiqué et tout le toutim. Le plus sérieusement du monde, la plume en joue, nous on spécule : «Alors, il l’aura, son poste, ou il ne l’aura pas ? Tu crois qu’ils vont lui donner la chefferie du gouvernement ? Et moi, je te dis que le gus est préparé aux plus hautes fonctions.» Un truc de fous ! Réellement un truc de fous. Arrivé là, moi, je n’ai plus qu’une envie. Me prendre la main droite, parce que je suis droitier, et me la foutre à toute volée sur la joue. Refaire le geste jusqu’au réveil. Quel réveil ? Mais celui de ce coma mortifère dans lequel ils nous ont plongés et qui a fini par nous faire admettre comme tout à fait normal que les quelques dollars gagnés sur les places de cotation du brut puissent se discuter dans les jupes du cheïkh de la zaouïa Mahieddine ! Grave !
Je fume du thé et je reste éveillé, le cauchemar continue.
H. L.
|