Football : Passe d’armes entre Orange et SFR.

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Orange doute de la rentabilité des droits sportifs acquis par SFR.

Nouvelle passe d'arme entre Orange et SFR. Invité hier de l'Association des journalistes économiques et financiers, Michel Combes, le directeur général d'Altice, la maison-mère de SFR, a répondu à Pierre Louette, directeur délégué d'Orange, qui, mardi, a exprimé ses doutes sur la rentabilité des droits sportifs acquis par SFR .
Après s'être offert l'exclusivité de la Premier League de foot pour 120 millions d'euros, SFR a annoncé l'achat des droits télé de la Ligue des Champions et de la Ligue Europa pour 350 millions d'euros. Des sommes nettement supérieures aux prix payés par les Canal+ et BeIn Sports qui détenaient ces droits jusqu'ici. Or, selon Pierre Louette, « il faudrait convertir à la passion du foot quelques millions de téléspectateurs en plus !», pour les rentabiliser.
Pari gagnant, ou pas ?

« Je comprends les états d'âme d'Orange puisque, dans le passé, ils n'ont pas prouvé leur capacité à monétiser des droits sportifs. Vous vous souvenez du désastre absolu de l'acquisition des droits du foot français par Orange il y a quelques années », a rétorqué Michel Combes. L'opérateur historique était alors dirigé par Didier Lombard. Stéphane Richard, qui lui a succédé, a mis un terme à l'aventure d'Orange dans les droits sportifs télévisés.
« Peut-être que Pierre Louette ne sait pas bien comp ter ? », s'est par ailleurs interrogé Michel Combes, en enchaînant avec une démonstration mathématique. « Un client SFR Family chez nous, c'est un peu plus de 70 euros par mois, donc 800 à 900 euros par an. Donc pour couvrir les droits de la Ligue des Champions, il faut que l'on gagne 400.000 clients fixes. Et je pense que nous en gagnerons beaucoup plus », a-t-il assuré.
Le modèle BT en Angleterre

Dans une analyse, le courtier Oddo estime que SFR peut engranger « entre 300.000 et 700.000 nouveaux clients » grâce à ses droits sportifs avec « un revenu par abonné entre 30 et 40 euros ». « En somme, SFR serait en mesure de générer 205 millions d'euros à 570 millions d'Ebita par an pour absorber les 350 millions d'euros de coûts supplémentaires. »
Il est un peu tôt pour juger si le pari sera gagnant. En tout cas, SFR a perdu 2,5 millions de clients en deux ans, et continue, au premier trimestre, à voir sa base de clients, notamment fixe, s'éroder . « Notre stratégie est mûrement réfléchie, insiste Michel Combes. Elle s'inscrit dans une perspective d'une dizaine d'années. On n'est pas encore là où on doit être, ces droits, on va commencer à les distribuer en 2018. » Et d'ajouter,« regardez BT en Angleterre, qui est reparti en croissance très significative de ses activités fixe, après avoir investi dans ses réseaux et acquis les droits de la Ligue des champions. J'ai toujours dit que cette stratégie m'avait inspiré. »