A quelques jours du mois de Ramadhan, la mercuriale des citoyens lambda constitue déjà une source de stress et de soucis quant à la gestion de ce mois sacré avec son lot de cherté de la vie et aussi la spéculation qui prendra une allure exponentielle.
Comme à l'accoutumée, les couches défavorisées se préparent au mois de Ramadhan qui est censé être le mois de piété et de magnanimité, une préparation qui ne se dessine pas comme une occasion à la portée de tout le monde, bien au contraire, le Ramadhan de cette année est le plus difficile en termes de prix qui connaissent une flambée sans précédent depuis plus d'une décennie.
Le pouvoir d'achat des couches larges de la société algérienne a connu une érosion spectaculaire suite à la dégringolade drastique du dinar et le taux effarant de l'inflation qu'enregistre l'économie algérienne après la chute des prix des hydrocarbures. Cette réalité délicate et difficile ne présage pas une situation optimiste, elle est porteuse d'un climat de pression pour les smicards et les familles nombreuses. Cette couche de la population ne sait plus à quel saint se vouer, elle est entre l'enclume de la dégradation sociale et économique du pays et le marteau des spéculateurs qui profitent de ce mois pour engranger plus de profits au détriment de ce qui caractérise ce mois comme vertu de générosité et de solidarité.
Les préparatifs de cette année par rapport au mois de Ramadhan sont difficiles, surtout quand on remarque que le prix des ustensiles a connu une augmentation perceptible, les viandes rouge et blanche comme chaque année connaissent elles aussi des augmentations qui frisent l'invraisemblable durant ce mois. Les pouvoirs publics font semblant de prendre des mesures draconiennes pour lutter contre ces habitudes qui s'inscrivent en porte-à-faux avec les préceptes et les enseignements de ce mois sacré des Algériens. Chaque année, le gouvernement, à travers le ministère du Commerce promet d'éradiquer et de lutter contre les pratiques spéculatives qui prennent de l'ampleur durant le mois de Ramadhan. Mais rien de concret n'a été fait pour venir en aide aux couches démunies et défavorisées dont l'Etat est responsable vis-à-vis d'elles. Les pouvoirs publics ne devraient pas recourir aux mesures qui ne peuvent être que des démarches qui ne relèvent que de purs rafistolages et colmatages, comme celles qui consistent à distribuer quelques couffins aux nécessiteux, alors que cette démarche a montré ses limites, d'autant plus qu'elle a été caractérisée par des scandales qui ont touché des maires et des responsables au niveau des collectivités locales.Ces mesures ne peuvent pas venir en aide à une couche de plus en plus large dans la société, ce qu'il faut, ce sont des pouvoirs publics qui assument leurs responsabilités politiques face à leurs citoyens qui se débattent dans des situations sociales et économiques des plus dures et insupportables.
Les pouvoirs publics doivent agir concrètement à travers des mesures coercitives relevant de leurs prérogatives en leur qualité de délégués de l'Etat face à des pratiques qui ne cessent de connaître un élargissement ahurissant à l'image de la spéculation en plein jour durant le mois où la majorité observe le jeûne et l'abstinence.
L'intervention des pouvoirs publics doit se faire sentir à travers des prises de décisions courageuses en ciblant les grands mandataires et la mafia du marché parallèle qui chaque année durant ce mois font leur loi sans que l'Etat n'agisse en conséquence à tel enseigne que ce sont eux, ces mandataires, spéculateurs qui font leur loi au vu et au su de tout le monde sans que les pouvoirs publics ne pipent mot.
Rétablir la confiance entre les citoyens et leur Etat, c'est d'abord restaurer l'autorité de cet Etat pour qu'il puisse accomplir sa mission qui consiste à appliquer la loi dans toute sa rigueur et sans scrupules quand il s'agit de défier l'Etat par des pratiques mafieux relevant du crime économique ou qui relèvent du pénal.Dans des situations de crise, l'Etat est censé recourir à la loi pour montrer que le citoyen n'est pas abandonné par les siens ou livré à lui-même, c'est de cette manière que le citoyen va sentir que la justice existe pour tous et non pas pour une minorité qui fait sa propre justice au détriment de la majorité.Le mois du Ramadhan est le moment où les disparités devraient s'estomper, dans la mesure où tout le monde vit au même rythme d'abstinence, c'est un climat qui devrait inciter à la solidarité plutôt qu'à la cupidité qui imprègne les comportements sociaux. Dans tous les cas de figure, cette année, les pouvoirs publics doivent user de la force de la loi pour parer à toute velléités de spéculation et de vol caractérisé en plein jour du mois sacré.