Restrictions à l’importation
Un nouveau tour de vis
le 04.09.16 | 10h00
Une liste de 1700 à 2000 produits interdits à l’importation pourrait bientôt voir le jour.Le gouvernement Sellal travaille très sérieusement sur de nouvelles restrictions
Le Premier ministre s’est engagé à maintenir les réserves de change au-dessus du seuil critique
de 100 milliards de dollars en 2019, lors de sa récente visite, mercredi dernier, dans la wilaya de Saïda.
Les nouvelles restrictions à l’importation seraient l’une des pistes suggérées pour faire
face à la contraction spectaculaire des réserves de change.
à l’importation. Une liste de 1700 à 2000 produits interdits à l’importation
pourrait bientôt voir le jour, selon une source proche de l’administration des
finances. Plus clairement, c’est la communauté bancaire qui sera chargée de
l’interdiction de la domiciliation bancaire pour l’importation des produits figurant
sur la «blacklist». Dans la foulée, une étude d’impact sur la balance des paiements
et, plus sommairement, sur les filières industrielles a été lancée pour en évaluer
les avantages et les conséquences que cette initiative pourrait avoir sur les
réserves de change. Plusieurs ministères concourent à l’élaboration de cette liste
noire, selon nos sources. Cette liste noire est une nouvelle tentative de tordre le
cou aux importateurs et parer, par la même, à un effondrement plus spectaculaire
des réserves de change, le seul élément sur lequel le pays peut fonder sa solvabilité.
Selon les derniers documents comptables publiés par la Banque d’Algérie, les
réserves de change se sont fortement contractées, s’établissant à 144,13 milliards
de dollars à fin décembre 2015 contre 159,03 milliards de dollars à fin juin 2015
et 178,94 milliards de dollars à fin décembre 2014.Mathématiquement, il en ressort
une perte sèche de 34,81 milliards de dollars entre fin 2014 et fin 2015. Le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, avait indiqué que les réserves de change du pays (or non compris) se sont établies à 136,9 milliards de dinars à juin 2016. Lors de sa récente
visite, mercredi, dans la wilaya de Saïda, le Premier ministre s’est engagé à maintenir
les réserves de change au-dessus du seuil critique des 100 milliards de dollars en
2019. Les nouvelles restrictions à l’importation seraient l’une des pistes suggérées
pour faire face à la contraction spectaculaire des réserves de change, chutant de
193,27 à fin juin 2014 à 136,9 à fin juin 2016. L’Algérie a ainsi perdu plus de 56
milliards de dollars sur ses réserves de change en un laps de temps de deux années,
sous l’effet combiné d’une chute considérable des cours pétroliers et des exportations d’hydrocarbures ainsi que de la hausse fulgurante des importations.La liste des 1700
à 2000 produits qui seront interdits à l’importation, sur laquelle travaille le gouvernement, répond à l’objectif d’endiguer l’élan que prenait le niveau des importations.
Cette évolution effrénée de la facture des importations a été en partie à l’origine de
la contraction des réserves de change. Les déficits record de ces deux dernières
années en sont un autre facteur. Le gouvernement Sellal doit ainsi jouer sur plusieurs variables afin que le niveau des réserves de change puisse être maintenu au-dessus
de 100 milliards de dollars. A la condition que les cours du brut remontent la pente,
un facteur qui échappe totalement au contrôle, voire aux prévisions de l’Exécutif.
Dans une récente analyse de Raouf Boucekkine et Nour Meddahi publiée par
El Watan, les deux professeurs d’économie ont suggéré à l’Exécutif de freiner les importations et de préserver les réserves de change.Pour ce faire, les deux
économistes ont appelé à établir des contingentements tarifaires pour ne pas épuiser
les réserves de change et pour protéger la production nationale. Il est question
également de différencier la TVA sur des produits importés en augmentant la taxe à l’importation sur les produits de luxe ou inessentiels à l’économie nationale et à
la société pour protéger la production nationale et ralentir la consommation d’énergie. Toutefois, certains économistes craignent que cette nouvelle initiative du gouvernement, attendue pour 2017, qui vient s’ajouter aux instructions de 2015 adressées à la communauté bancaire, génère des tensions inflationnistes et des pénuries.
Ali Titouche