La loi sur la protection de l’enfant bloquée par la bureaucratie
Le texte a été publié il y a une année
le 06.08.16 | 10h00
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Maltraitance
La maltraitance à l’encontre des enfants
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La loi relative à la protection de l’enfant a bouclé une année.
Publié au Journal officiel le 19 juillet 2015, le texte prévoit des mesures pour
la protection et la promotion des droits de l’enfant en matière sociale et
judiciaire. Deux chapitres un consacré à la protection sociale de l’enfance,
l’autre à la protection judiciaire sont prévus dans le texte.Des règles relatives
aux enfants délinquants sont aussi largement mentionnées par la loi. Une
déléguée, nommée par décret du Président et placée sous l’autorité du Premier
ministre, a été installée en juin dernier pour faire appliquer les dispositions
prévues pour protéger l’enfant.Il est regrettable de constater que l’adoption du
texte de loi, dont certaines dispositions ont été amendées après examen au
Parlement, n’a pas permis de faire face efficacement à tous les cas d’enlèvement,
de maltraitance et d’abus. Abderrahmane Arar, président du Réseau algérien pour
la défense des droits de l’enfant Nada, reconnaît que loi de 2015 est «un acquis»,
mais regrette la bureaucratie qui bloque son application effective. «La loi prévoit 12 mesures pour la protection sociale de l’enfant. Les tribunaux sont instruits pour les appliquer. Une déléguée a même été installée en juin dernier. Mais sur le terrain,
nous constatons que les lourdeurs administratives bloquent l’application efficace du
texte», s’indigne M. Arar.
La loi sur les alertes en stand-by
L’émoi et la colère provoqués par la disparition et l’assassinat d’enfants en 2013
avaient conduit l’Etat à légiférer sur les questions liées à l’enfance le code pénal a
été amendé en 2014 et un texte a été adopté l’année suivante pour protéger les
enfants après la ratification par l’Algérie de conventions internationales.
«Le code pénal amendé en 2014 prévoit des mesures dans les cas d’enlèvement,
de violence et de mendicité. L’application effective réelle de toutes ces dispositions permettra la réduction des cas d’agressions», estime M. Arar. Le président du
réseau Nada est partisan de l’application de la peine de mort, comme prévu dans
le code pénal en 2014. «La société civile réclame la levée du gel de l’application de
la peine de mort dans les cas d’enlèvement d’enfant, comme prévu dans
l’amendement de 2014», signale-t-il. Il réclame par ailleurs l’élargissement du
signalement à la population alors qu’il est actuellement réservé aux seuls services
de sécurité. «La loi sur le signalement et l’alerte est toujours bloquée au niveau du ministère de la Justice. En Occident, l’alerte d’un enlèvement est diffusée dès la
révélation du cas. Il faut libérer le texte et permettre l’implication de toute la société», relève-t-il, tout en se prononçant pour «un combat en amont» responsabilisant toute
la société afin de lutter contre la délinquance impliquant les enfants.
Où est la déléguée à l’enfance ?
Le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, a procédé en juin dernier à l’installation
de Meriem Cherfi, déléguée nationale, présidente de l’organe national de la protection
et de la promotion de l’enfance. Cet organe, placé auprès du Premier ministre,
a pour mission de veiller à la protection et la promotion des droits de l’enfant en
matière sociale et judiciaire.Nommé par décret présidentiel, le délégué a pour mission
de visiter les services chargés de la protection de l’enfance et d’émettre toute proposition susceptible d’améliorer leur fonctionnement ou leur organisation. Il est saisi par tout
enfant, son représentant légal ou toute personne physique ou morale, des dénonciations relatives aux atteintes aux droits de l’enfant. Ce délégué transmet les dénonciations
au service du milieu ouvert compétent pour enquête et prise de mesures adéquates, conformément aux modalités prévues par la loi. Il transmet les dénonciations qui peuvent revêtir une qualification pénale au ministre de la Justice et garde des Sceaux, qui saisit
le procureur général compétent pour la mise en mouvement de l’action publique le cas échéant. Un rapport annuel sur la situation des droits de l’enfant et l’état d’exécution
de la convention sur les droits de l’enfant fera l’objet de publication et de vulgarisation
dans les trois mois qui suivent cette notification. A ce jour, rien n’a filtré sur le travail
de la déléguée. Des experts regrettent que son travail soit «bureaucratisé», notamment lorsqu’il lui est fait obligation de transmettre les dénonciations au ministre de la Justice
au lieu du procureur compétent territorialement. «Il est trop tôt pour se prononcer sur l’activité de la déléguée», estime Abderrahmane Arar, président du réseau Nada.
N. Iddir