Le professeur M. Reggabi parle du départ des chefs de service
dans les hôpitaux à l’Âge de 65 ans :
«Partir oui, mais dans la légalité»

Propos recueillis par Malika Boussouf
Indispensables aujourd’hui et plus encombrants qu’utiles demain. Est-ce ainsi
que l’on perçoit désormais les plus hautes instances médicales du pays ?
Le ministère de la Santé, qui n’aime pas être dérangé dans son confort,
voudrait les voir vider les lieux mais pas le ministère de l’Enseignement supérieur.
Lui sait que s’il les mettait à la retraite, il serait bien en peine de les remplacer
dans l’immédiat ou même dans le futur proche. Pour le ministère de la Santé,
les inquiétudes ne sont pas de même nature. Poussé par de jeunes maîtres-assistants
syndicalistes aux dents longues, il préfère céder à la pression que regarder les risques qu’engendrerait une mise à l’écart de tout ce que compte le pays comme maîtres
chevronnés en la matière. Les centaines de postes vacants n’ont pas trouvé preneur
que la tutelle travaille encore à en vider d’autres. Quelques jeunes loups se bousculent
au portillon. On en a identifié une partie mais on ignore qui explicitement tire les ficelles.
Le malaise qui règne dans la corporation, essentiellement chez ceux que l’on voudrait
brutalement pousser dehors, autrement dit les professeurs chefs de service, aura fini
par s’étaler au grand jour par la grâce de jeunes spécialistes hospitalo-universitaires
impatients d’occuper les postes vacants et qui ne s’en cachent même plus, indifférents
à l’allure que prend la fin de carrière de leurs aînés embarrassés par la tournure que
prennent les évènements. Pour mieux comprendre ce qui se passe au cœur de
la profession et du SNECHU(*), le syndicat censé défendre les intérêts de ses
adhérents, nous avons approché certains professeurs dont le Pr M. Reggabi,
professeur de toxicologie, ancien directeur de l’INESSM.
Alger (Institut national d’enseignement supérieur en sciences médicales)
et ancien doyen de la Faculté de médecine d’Alger, ex-chef de service du
laboratoire du CHU Aït Idir. Il a accepté de nous parler de ce que nous qualifions
de bradage d’un important, pour ne pas dire indispensable pan de notre élite
au bénéfice d’intérêts inavoués mais dont «l’agressivité» interpelle celles
et ceux qui n’ont pas toutes les cartes en main.