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Vue hybride

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    Post L’acquisition de la langue maternelle

    A LA UNE/Argumentation scientifique d’une spécialiste de l’acquisition
    le 02.08.15 | 10h00

    La langue maternelle, déjà acquise, n’est pas à réapprendre à l’école

    J’ai fait couler beaucoup d’encre à ce sujet, brusquement devenu une problématique dans l’approche de la pédagogie scolaire en Algérie. J’ai aussi largement exprimé mes idées sur la question linguistique à l’école lors des travaux du CSE et de la CNRSE et elles étaient massivement approuvées parce que convaincantes.


    En effet, pour être cru, il faut convaincre par une démonstration scientifique, sans plus. Pas de politique en science, surtout qu’il s’agit, ici, d’intelligence de l’enfant algérien. Cependant, bien que puisés des thèses universelles d’acquisition et de développement de l’intelligence chez l’enfant (universel aussi), mes arguments neuroscientifiques n’ont jamais été pris en considération alors que je suis le premier expert en la matière en Algérie. En effet, mon premier doctorat, qui date de 1979, est préfacé par Martinet, publié en ligne sur le site de l’Unité de recherches en neurosciences cognitives, orthophonie, phoniatrie (Urnop).L’apprentissage est le deuxième moment de la vie après l’acquisition et, en orthophonie (voir l’historique de la fondation en ligne), on soigne les troubles d’acquisition et d’apprentissage, ce qui veut dire que mon expérience dans le secteur ne relève pas de l’improvisation. Sans contingence extrascientifique aucune donc, je vais, objectivement, à ce propos, synthétiser la substance de mes idées à ce sujet car je me sens massivement interpellée par ce que je lis dans la presse, signé par un personnel qui se dit pourtant «spécialiste en sciences du langage». On va graduellement progresser dans la démonstration ensemble et si contradiction il y a, elle sera, elle aussi, située au plan argumentatif scientifique. Aucune subjectivité.L’acquisitionQue fait l’enfant de 0 à 6 ans ? Il joue. Les tenants des sciences du langage appellent cette phase «l’acquisition», autrement dit, l’enfant «traite» cognitivement, par son intelligence personnelle, les faits d’environnement social. Il donne son «sens» à la vie, il crée son monde.
    Piaget (père fondateur de la psychologie du développement) parle, sans distinguer l’enfant chinois de l’enfant suisse ou kabyle — la science est universelle, elle n’est pas raciste — d’expérience, de résolution de problèmes de 4 à 8-10 ans.
    Il raisonne, il acquiert la faculté d’abstraction. Il décrit alors, chez tous les enfants du monde, la fonction hypothético-déductive. L’enfant pose l’hypothèse qu’il va faire un bonhomme de neige, il l’imagine, il analyse neige, nez rouge, yeux noirs…, il en fait une synthèse et en déduit une «thèse», il crée de l’idée. Puis il argumente d’autres hypothèses et passe tout son temps à créer des thèses toujours nouvelles. Ces activités ludiques développent son propre espace-temps.Donc l’oral, le langage, la daridja permettent à l’enfant de structurer son espace-temps (droite, gauche, hier, demain…). Sa structuration spatio-temporelle, en constant développement, développera alors ses capacités d’abstraction. Il pose des questions, il pense, il s’imagine une multitude de choses qui n’existent pas, au point qu’«encombré par trop de thèses», il devient même instable. Cette période d’«acquisition» est donc très vulnérable : il ne faut pas orienter l’enfant qui crée sa propre orientation, il faut le laisser libre de jouer et de construire ses thèses comme il l’entend. Pas de structuralisme où on lui apprend à ânonner des mots, des structures phrastiques stupides qu’il connaît déjà, qui vont donc l’empêcher de créer ses propres «idées».Pas de matraquage : l’enfant est doué d’une formidable curiosité, il recherche la nouveauté, toujours la nouveauté, la nouveauté qui le remplit de joie. Il «découvre», grâce à l’expérience, qu’il fait partie du monde environnant. Il cherche et résout des difficultés. Ces difficultés qui feront toute sa vie. Un exemple trivial : vous achetez à votre enfant une poupée que vous avez payée très cher. Sitôt qu’il voit celle de sa cousine, il hurle jusqu’à la lui prendre, fut-elle toute vieille. La nouveauté le séduit, il la recherche. C’est plutôt son contraire, l’habituel, le routinier, qui le traumatise !Déjà deux implications pratiques sont issues de cette démonstration :1. l’école universelle n’est pas traumatisante pour l’enfant si elle lui apporte du nouveau. Ce nouveau s’appelle la liberté d’abstraction, de créer et de construire ses expériences créatives.
    2. le nouveau à l’école, c’est la langue. A 6 ans, l’enfant passe à autre chose : il quitte le langage pour accéder aux règles de l’écrit qui, purement abstraites, sont au nombre de deux : la cohérence et la cohésion. La langue, autrement dit le texte d’auteur consacré, est intéressant pour l’enfant de 6-10 ans, justement parce qu’il porte l’abstraction, suscite l’imagination, la curiosité de l’enfant, l’hypothèse et l’argumentation liées au raisonnement. Cela s’appelle la motivation par le schéma actanciel : dans le texte, quelque chose «va se passer», l’enfant attend cette chose… il va lui-même la créer dès qu’il lit ou écoute un conte.
    Dans la phrase de l’oral, autrement dit le langage d’avant 6 ans, rien ne se passe, l’enfant n’a rien à traiter, elle est la même pour tous les enfants. «Atini lkora», «khoud lbaloun»… ne suscitent aucun traitement cognitif chez l’enfant, c’est du concret, du quotidien qui sert à l’enfant à structurer son espace-temps, prérequis cognitif de l’accès à l’écrit. Or, celui qui a 20/20 n’a pas 02/20, chacun a sa propre intelligence et ses propres thèses (de mathématiques, de physique, de philosophie…).Or, encore, la psychologie génétique enseigne qu’à 4 ans, l’enfant acquiert justement le schéma narratif, il faut donc lui raconter des histoires qui vont aiguiser ses sens cognitifs et il peut alors créer de merveilleuses thèses qui subjuguent son entourage ! Or enfin, Piaget préconise pour tous les enfants du monde : «Mettez l’enfant en interaction positive et son intelligence se développera, quel que soit son milieu social.» L’élève intelligent d’aujourd’hui fera la société intelligente de demain. A 6 ans, l’interaction positive pour l’enfant (ne voyons que ce qu’il aime à cet âge), c’est la langue porteuse d’abstrait à rechercher, à construire, défaire et reconstruire, c’est l’écrit dans ses règles abstraites.Cliquez donc avec moi sur ce lien que j’ai pris à l’instant, au hasard, dans Google : Littérature de jeunesse et références culturelles. Bibliographie. Ce tableau indique le nombre d’œuvres littéraires absorbées par l’élève français : des dizaines. La colonne de droite indique «C1/C2/C3» : ce sont les trois cycles (paliers) de l’école française de 6 à 11 ans. En France, d’où est importé le LMD, on gave l’élève de livres, de pièces de théâtre, de poésies ; on n’enseigne pas le patois tout simplement parce qu’il a déjà été acquis : l’enfant refuse ce qu’il sait déjà, il est vorace en matière de nouveauté.La structuration spatio-temporelle se développe depuis le cri de la naissance jusqu’à la fin de la vie, elle prend des aspects différents en fonction de l’âge. Selon la norme universelle, l’enfant de 4 à 8 ans commence à raisonner et à résoudre des problèmes et si on le fait régresser, lorsqu’il a 9 ans, vers l’espace-temps propre à la tranche d’âge de 2 à 3 ans, on compromettra alors certainement son développement normal et il sera retardé. Il marche à un an et s’il fait ses premiers pas à 3 ans, c’est qu’il est handicapé par un retard psychomoteur. Ainsi en va-t-il du cognitif ; si on lui donne la phrase de l’oral à 7 ans, alors qu’il l’a déjà acquise à 18 mois, ce sera alors une grave régression forcée. Il sera un retardé mental.Ce sont les thèses d’acquisition universelles qui l’enseignent et non des bribes de propos lancés à l’emporte-pièce, sans référence à des thèses ni démonstrations. Pour s’auto-soutenir, on évoque alors, sans en donner d’explication scientifique ni les sources, au risque d’être non crédible, ceci : les neurosciences, le cognitivisme, l’Unesco… édictent…L’apprentissageL’enfant ne peut pas apprendre sans langue. L’apprentissage, de 6 ans jusqu’à la fin de la vie, poursuit le stade d’acquisition. Et c’est la langue et non le dialecte qui véhicule le savoir abstrait, la civilisation, la culture et la science. Les revues sont écrites en français, en anglais ou en arabe classique et non en daridja.Je me souviendrais toujours du livre (l’unique) intitulé Aqra’ wataâllem, un livre traumatisant que mes enfants me ramenaient, rempli de structures phrastiques débilitantes, voire abrutissantes. J’ai très vite compris que la langue n’existait pas à l’école algérienne et que donc leur apprentissage était menacé. Consciente, j’ai pu contourner la gravité du problème, conseillant à tous les parents de donner de la lecture à leurs enfants et de recourir à la littérature enfantine dans n’importe quelle langue. L’intitulé de ce livre est, en lui-même, une grossière antinomie : «La taâlloum bidoun lissen !» Sinon, qu’on me dise ce que l’enfant a appris après avoir répété comme un perroquet «el oummou filmatbakhi wel’abou filmektèbi»…Dans ce livre, l’oral est tout simplement traduit en arabe classique : tchina est dit burtouqala. Or, ce n’est pas de la langue, ce n’est pas du texte avec son auteur, sa période, dans sa typologie et dans son genre ; c’est du langage, c’est de l’oral, c’est de la daridja… Aujourd’hui, remarquez, mieux : on nous propose de reculer, la phrase de l’oral n’a même plus besoin d’être traduite, on va la livrer telle quelle, orale, daridja, à l’état pur. Au moins là, la démarche est plus franche et plus économique, on n’aura plus besoin (à moins que je me trompe !) d’imprimer ni d’éditer chaque année, à fort budget, le livre Aqra’ wataâllem…Ainsi, pas de langue, donc pas d’abstrait et donc pas de projection dans le futur. Pas de futurs chercheurs porteurs d’hypothèses : l’âge cognitif d’acquisition de la thèse (4-10 ans) est donc sacrifié en Algérie. En conclusion, il faut gaver l’enfant de langue à l’école : la si langoureuse et si mystérieuse poésie kabyle, les énigmatiques fables de La Fontaine ou le bel arc-en-ciel des poèmes arabes, c’est cela qui motive l’enfant, c’est cela qu’il aime.J’ai posé la question à nos autorités dans un article paru dans Liberté il y a plus de 15 ans ; je la leur repose, qu’ils me le permettent, aujourd’hui : «Pourquoi donc aucun de vous ne m’a jamais demandé comment j’ai procédé pour arabiser toute une science médicale, l’orthophonie, qui, dans le monde entier, y compris en pays arabes, est enseignée en français, en anglais ou en allemand ? J’ai pourtant fait toutes mes études, depuis le primaire jusqu’aux deux doctorats français, en français et en anglais.» Il n’y a qu’à voir les thèses publiées en ligne sur notre site, dans des thématiques de pointe, que les arabisants ne maîtrisent pas : thèses de phoniatrie, d’audiophonologie, d’acoustique clinique, de phonétique orthophonique, de neurolinguistique… soutenues depuis les années 1990.Alors, en voici la réponse parce que si elle ne m’a jamais été posée, c’est qu’elle ne le sera pas. Les deux règles, cohérence et cohésion, suggestives de synthèses d’idées et de thèses, m’ont, en effet, été apprises en français et comme ce sont des règles abstraites, elles sont alors aisément transférables à toutes les langues du monde (le berbère, le chinois, l’arabe, l’allemand…), car là, ce n’est qu’une question de lexique, de signifiant et de traduction.Je signale le fait que mes docteurs arabisants commettent souvent des fautes d’idéation, morphosyntaxiques et de style, en arabe, que je ne commets pas. Ils ont beaucoup de mal à écrire un abstract ou des références bibliographiques correctement. En effet, dégager, grâce à la cohérence d’idées classées en principales et satellites dans un texte, chercher les arguments du propos qu’il contient est un processus cognitif d’abstraction commun à toutes les langues du monde. C’est la raison pour laquelle j’ai dit plus haut «dans n’importe quelle langue».
    L’abstrait c’est l’hypothèse de travail, laquelle ne sera réalité qu’une fois vérifiée ; c’est la science, objet d’autonomie intellectuelle et économique. La structuration spatio-temporelle qui en permet la création est synonyme d’autonomie ; autonomie = bonheur = sérénité.
    Et un pays importateur n’est pas autonome : l’être humain normal n’aime pas dépendre d’autrui, il est alors frustré, malheureux et peut même devenir violent. Pour l’heure, nous importons les thèses et le fruit du cognitif des pays du Nord, parce que les thèses algériennes sont très précocement, préventivement donc, compromises dans leur développement naturel, un peu comme on tue l’œuf dans sa coque.
    En effet, en psychologie, tout est genèse à tranche d’âge précise ; l’âge de la «thèse» de l’enfant algérien est brisé puisqu’il est reporté à celui du lycée ;
    il est alors trop tard.
    La pédagogie scolaire est donc une affaire de spécialistes en psycholinguistique, en psychologie cognitive et en neurosciences, triple domaine duquel j’ai puisé ces quelques concepts, sur lesquels je pourrais revenir en expliquant, cette fois, comment l’aphasie — ou perte, à des degrés différents, selon le lieu, la nature et la topographie de la lésion cérébrale — du double processus acquisition-apprentissage, à travers une déstructuration spatio-temporelle, visible à travers tout le comportement depuis le phonème jusqu’au geste, en passant par le mot, la phrase, le récit et le texte, le tout sans exclure la mélodie de la parole, est construite à l’école algérienne. A ceci près qu’il n’y a pas de lésion cérébrale. Les troubles rencontrés chez la plupart de nos jeunes
    sont des troubles fonctionnels, occasionnés par sa pédagogie.
    Nacira Zellal
    Dernière modification par zadhand ; 03/08/2015 à 00h01. Motif: L’acquisition de la langue maternelle
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    Post La «derdja» à l’école

    A LA UNE/ La «derdja» à l’école
    le 06.08.15 | 10h00
    Lheure du débat a-t-elle sonné ?
    Par Abdou Elimam (*)


    La «derdja» serait à peine sur le point de pointer le bout du nez dans l’enceinte de l’Ecole nationale que déjà tous les tartuffes du patriotisme semblent crier au scandale. C’est dans ce contexte que bien des amis m’envoient des messages pour me témoigner de leur enthousiasme : le combat que je mène depuis une vingtaine d’années serait en voie d’être entendu !
    Sachons rester sereins et apprécions l’événement à sa juste valeur. En gros, on nous dit que plus d’un demi-siècle après notre indépendance nationale, notre langue maternelle majoritaire pourrait être utilisée comme langue d’explication et d’échange dans les premières classes du primaire ! Où est l’exploit ? Quelle révolution nous annonce-t-on ? Quels bouleversements vont se produire? Chez qui ? Au détriment de qui, de quoi ? Une chose est certaine, c’est que le débat sur la place des langues maternelles dans le système éducatif national est absolument nécessaire et il faudra bien qu’il ait lieu. Si non pas aujourd’hui, forcément demain, avec les générations montantes. Aucune nation n’en a fait l’économie et l’Algérie n’en sera certainement pas exempte. Les grandes découvertes contemporaines sur le fonctionnement du cerveau humain et de la cognition en général (les neurosciences cognitives) permettent avec force assurance de dire que le savoir s’élabore sur la base des expériences de socialisation du petit de l’homme. C’est de la sorte que nous activons notre potentiel cognitif et que nous catégorisons non seulement le monde extérieur, mais le monde intérieur aussi, les objets, les événements, les processus, les sensations, les capacités d’extrapolation et de projection, les capacités à prédire, à deviner les comportements de l’autre, à devancer les réactions de l’autre, etc. Toutes ces capacités que TOUS nos enfants développent très tôt (et tous les parents peuvent témoigner de ces traits de génie de leur progéniture) sont celles-là mêmes qui se développent en même temps que s’installe la langue maternelle. Voilà pourquoi, avant même d’arriver à l’école, nos enfants sont capables de vous raconter des histoires extraordinaires mettant en œuvre des capacités remarquables de mises en scène, de descriptions de personnages, de distinctions de lieux et de périodes. Un des moyens de jauger ces capacités, c’est la sensibilité de nos enfants à l’humour et aux jeux de mots (j’entends d’ici l’écho de leurs éclats de rire !). En fait l’humain hérite, à la naissance, d’une prédisposition biologique et génétique au langage et cette dernière s’actualise dans le processus même de la socialisation du petit de l’homme. Apprendre une langue autre implique, en toute conséquence, qu’on prenne appui sur cet «acquis de naissance » pour construire une élaboration à la fois cognitive et linguistique nouvelle. L’apprentissage de la langue seconde est donc la résultante d’un processus qui — bon gré, mal gré — repose sur un terrain préalablement défriché par la langue maternelle : voici ce qui, de nos jours, fait consensus chez les linguistes et neuroscientifiques contemporains. Ce constat, universellement admis, est conforté par le fonctionnement du cerveau humain qui n’abrite pas les deux langues dans la même zone corticale. Cela devrait rassurer ceux qui auraient des craintes pour le maintien dans notre mémoire de la langue du Coran. Car c’est grâce aux prédispositions que la langue maternelle a mises en place qu’il est possible d’apprendre la langue de l’école… pas en tentant de faire oublier la langue maternelle ! La compétence linguistique du petit Algérien est donc directement liée à ce potentiel cognitif (les savoirs, les savoir-faire, les savoir-être) développé au cours des six premières années de la vie. Malheureusement, l’école commence par réduire à néant ce potentiel cognitif et linguistique avant de tenter de construire de nouveaux paradigmes ! Or, mis face à la langue de la scolarisation, l’élève se trouve confronté à une gageure : oublier sa langue maternelle et la cognition qui lui est liée pour s’engager dans deux compétences complexes. La première, c’est la découverte d’une langue autre… dont la pédagogie repose sur le postulat qu’elle devrait occuper la place de la langue maternelle. Entrent alors en conflit des représentations antagoniques que l’enfant devra résoudre… à l’algérienne. En fait, il va rapidement découvrir le «trabendo linguistique» à savoir l’existence de deux marchés linguistiques en compétition. L’un est «officiel», c’est celui de l’institution scolaire ; l’autre est quasi «clandestin », c’est celui des rencontres, des échanges vifs, de la chanson, mais également celui de la petite enfance, des parents, de la famille élargie, du sentiment national et patriotique. La seconde, c’est l’accès à des savoirs nouveaux. Or accéder à ces savoirs implique que les mécanismes cognitifs d’actualisation (catégorisations, analogies, extrapolations, etc.) liés à la langue maternelle soient sollicités et vitalisés. Malheureusement, c’est à une censure de ce potentiel que doit faire face l’élève. Il contourne cette censure comme il le peut… en convoquant — en silence et dans le secret — son potentiel de locuteur natif pour tenter de «deviner» le sens de ce qu’on lui présente. Les enfants qui trouvent un réel appui à la maison, finissent par «rationnaliser» ces apprentissages ; les autres (en majorité absolue) s’accrochent à la seule solution accessible : apprendre par cœur les cours pour les restituer tels quels. Et l’institution n’en attend pas moins ! On voit bien dans ces configurations que le recours au «suivi scolaire» vendu chèrement par les enseignants est à la fois inutile et scandaleux. Inutile car il suffit d’actionner ses capacités mémorielles pour s’en sortir (exit la réflexion et la rationalisation) ; scandaleux parce qu’il s’apparente à un chantage bien immoral. De fait, l’exclusion de la langue maternelle de l’école pose un problème immense à la société : celui de la relève. Quelle relève prépare-t-on dans ces conditions ? D’ores et déjà, tout le monde se plaint de la qualité de la médecine, de l’absence de compétences dans les métiers les plus basiques, etc. Or ceci, chers amis, est déjà le résultat de la politique linguistique appliquée à l’école depuis quelques décennies. On peut bien sûr continuer sur cette voie. Au bout du compte on obtiendra une société à la libyenne… dans le meilleur des cas. Voilà pourquoi le débat sur la place de la langue maternelle (qu’elle soit berbère ou maghribie) à l’école est hyper-stratégique. Alors confrontons les arguments sans polémique car il y va de l’intérêt des générations à venir, de l’Algérie de demain. Ce que l’un des plus illustres didacticiens des langues (Stephen Krashen) suggère, ce sont des stratégies qui s’appuient sur la compréhension de ce qu’on présente à l’apprenant. Ceci a pour impact de faciliter l’implication dans des situations effectives de communication et d’atténuer les blocages affectifs. Ces principes, validés par des recherches menées dans les quatre coins du monde, se ramènent à un principe simple : l’accès à la connaissance est facilité si on prend appui sur ce que l’apprenant connaît ou reconnaît ou est capable de déduire. Et seule la langue maternelle est capable de lui offrir tout cela à la fois ! La Banque mondiale avait lancé un programme de recherche en 1996 et ses résultats avaient été présentés et débattus en janvier 2002 en son siège à Washington, autour du thème : «Langues autochtones et langues d’enseignement dans la perspective de l’éducation pour tous.» Les travaux qui avaient duré cinq années convergent vers ceci : les meilleurs résultats scolaires (réussite dans les apprentissages, diminution des abandons et poursuite de la scolarisation) proviennent d’enfants ayant suivi les trois ou quatre premières années d’études dans leur langue maternelle. Les experts convoqués provenaient des six continents – autant dire que leur représentativité a été universelle. Alors il serait temps d’arrêter de jouer aux experts spontanés et de se poser les questions en termes pratiques et surtout à partir du bilan. Du bilan de cette politique aveugle par rapport aux bases incontournables de l’accès au savoir : la langue maternelle de l’enfant. Que ceux qui ont des résultats et des bilans objectifs et vérifiables puissent nous prouver le contraire. Sinon, avançons. Et sachons nos larmes garder de voir la derdja faire sa première rentrée scolaire… 53 ans après l’indépendance nationale !
    A. E.
    * Professeur des universités en sciences et du langage. Chercheur en neurosciences
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    Post L'école, ce qu'on doit savoir

    A LA UNE/ L’école
    le 08.08.15
    L'école, ce qu'on doit savoir
    par Ahmed Farrah


    Le développement d'un pays, sa compétitivité économique, sa maîtrise technologique et sa production scientifique, sa capacité de créativité et d'innovation, son rayonnement culturel et littéraire, sont en étroite corrélation avec le système éducatif mis en place.

    Le système éducatif est pensé par une stratégie de développement de tout état. Il est très imbriqué dans la société, chaque pays peut avoir des options différentes sur la façon dont il l'organise. Les choix, les orientations, les projets peuvent être très différents. Comme toute entreprise de production, l'école est le réceptacle de moyens relativement considérables selon les potentialités des pays. La performance du système éducatif se matérialise donc, par le bien être ressenti chez les populations et mesuré périodiquement, avec des outils d'évaluation standardisés.

    Des audits indépendants, sont nécessaires pour faire le bilan de toute entreprise, s'informer de l'état des lieux et prendre des décisions pour corriger les carences et améliorer la compétitivité. Le ministère de l'éducation nationale, possède-t-il les structures spécialisées et compétentes pour réaliser une évaluation de la qualité de l'enseignement dispensé en Algérie ? Une expertise comparative internationale est nécessaire et peut servir à enrichir la réflexion que l'on peut avoir sur son propre système pour l'améliorer et le parfaire. Cette évaluation aura pour objectif de mesurer la pertinence des actions initiées et l'efficacité des investissements et des moyens alloués pour une performance quantitative et qualitative attendue du système éducatif. Autrement dit : la relation coût / résultat : c'est-à-dire à quels coût ses résultats sont obtenus.

    Le programme PISA « Programme international pour le suivi des acquis des élèves » est un ensemble d'études très modernistes privilégiant un socle minimum de compétences pour ce que les élèves de 15 ans savent et ce qu'ils peuvent faire avec ce qu'ils savent, menées par l'OCDE (L'Organisation de Coopération et de Développement Économiques) et visant à mesurer des performances des systèmes éducatifs des pays membres et non membres. Leur publication est triennale. La première étude fut menée en 2000.Certains de ses adversaires lui reprochent de ne pas prendre en considération la culture générale et le savoir théorique. Dans sa dernière publication, sur 65 pays, la France qui consacre 20% de son PIB, est arrivée entre la 22ème et la 27ème place du classement selon les matières (Compréhension de la lecture, Mathématiques et Sciences). Les pays les mieux lotis sont la Finlande, la Corée du sud, le Japon, la Chin. L'Algérie ne participe pas à ce programme ce qui est dommageable. Un pays comme l'Allemagne a pris au sérieux PISA dès 2001, contrairement à la France, et a refondé son système éducatif, qui s'est amélioré depuis, grâce au retour d'information.

    Des journées d'études régionales, sur l'évaluation des cycles du système éducatif, sont tenues régulièrement et devraient se pencher sérieusement et objectivement sur la qualité de l'enseignement, les méthodes d'évaluation et l'évaluation des acquis des élèves et non pas seulement sur des statistiques quantitatives comme on nous a souvent habitué. Certes, personne ne le renie, le pays a fait des efforts titanesques dans la réalisation des infrastructures de base et les équipements qui les accompagnent, mais l'école n'est pas seulement des murs et de l'immobilier, le plus important ce sont les maitres qui dispensent l'enseignement.

    Le secret de la réussite du système éducatif Finlandais réside surtout dans le niveau professionnel et les compétences des enseignants. La formation initiale des enseignants est très spécifique pour la laisser à l'université qui accorde principalement du savoir académique. Les instituts de formation des enseignants sont indispensables pour dispenser le savoir et le savoir-faire en alternant des compétences théoriques et pédagogiques de proximité par le contact précoce avec les élèves lors des stages sur le terrain. Aussi la Finlande a valorisé ses enseignants qui sont sélectionnés parmi la crème de la crème, c'est-à-dire l'élite. La société Finlandaise a beaucoup de respect et de reconnaissance envers ses enseignants, leurs salaires sont parmi les plus élevés et le métier fait rêver. L'école Finlandaise et très autonome et libre dans le choix de la stratégie qu'elle voit utile pour atteindre ses objectifs. L'administration scolaire est très légère et se conforme aux règles qui régissent les entreprises économiques, à sa tête un MANAGER, qui lui seul recrute le personnel administratif et pédagogique de son école, et non pas un ancien enseignant devenu Directeur. Aucun autre pays ne peut transposer le modèle Finlandais chez lui, pour des raisons très objectives, d'abord c'est un pays de cinq million d'habitants, une population homogène et des traditions socioculturelles et politiques très spécifiques.

    A regarder de près, l'administration de notre système éducatif est gérée à tous les niveaux par d'anciens enseignants, qui ne sont pas tous forcement des administratifs compétents ou des gestionnaires efficaces, il est temps que la tutelle ait son école des cadres, recrutés parmi les diplômés en masters pour les former selon un curriculum international. Comme il serait important d'instituer un haut conseil des programmes scolaires et un haut conseil de l'évaluation du système éducatif.

    Un autre système éducatif qui fait la fierté des Suisses, est basé principalement sur l'apprentissage précoce des jeunes. L'apprentissage est l'ingrédient principal de la recette anti chômage en Suisse, à l'âge de 15 ans, les deux tiers des jeunes quittent l'école pour rentrer en formation, et c'est considéré comme une filière d'excellence qui permet à certains d'atteindre les sommets. En quatre années de ce cycle secondaire, l'apprenti peut passer la Maturité qui est l'équivalent du Baccalauréat. D'apprenti à ingénieur, ce n'est pas un rêve en Suisse. Comme ils existent des passerelles tout au long de la vie professionnelle d'un Suisse pour réaliser ses rêves, devenir financier, entrepreneur, politique... En Suisse avec l'apprentissage, les talents deviennent des pros. C'est le slogan qui décrit bien la réalité Suisse qui fait de l'apprentissage une arme redoutable contre le chômage des jeunes, l'un des plus bas du monde.

    En Algérie la formation professionnelle est séparée du système éducatif, alors qu'elle devait être son prolongement. Le foisonnement très couteux des filières scolaires au lycée témoignent du gâchis du système éducatif. Au lieu d'avoir seulement deux filières, une scientifique basée sur l'enseignement des mathématiques, de la physique-chimie et de la biologie et l'autre, littéraire basée sur les langues, la philosophie et l'histoire et géographie, l'enseignement des filières technologiques d'une façon théorique et académique, coupé des entreprises est un non-sens. Et cela peut se vérifier à l'université où l'on trouve des Bacheliers en technologie inscrits en biomédical, avec toutes les difficultés que cela suppose. La refondation du système éducatif si elle se faisait, sans l'intégration de la formation et de l'apprentissage des métiers de l'avenir comme ceux des technologies de l'information et de la communication ou du développement durable, notre pays resterait à la traine du monde compétitif, et nous paierions la facture économique trop chère.

    Aujourd'hui dans de nombreux pays l'université offre l'illusion des diplômes universitaires aux étudiants qui ont choisi des études par défaut. Dans certaines filières comme en biomédical, l'INI, l'EPAU et d'autres écoles, les étudiants sont hyper sélectionnés en amont, les autres ne sont pas sélectionnés quand ils rentrent, mais sont systématiquement triés quand ils sont à l'université. Le nombre des étudiants qui décrochent en première année, reste inconnu mais surement terrible. Grâce au stéréo typage des sujets des épreuves, des barèmes de correction et des délibérations assistées par ordinateur, l'école leur a donné l'illusion d'avoir un diplôme, le BAC pour poursuivre des études supérieures, mais la réalité rattrape le plus grand nombre. L'université les filtre en créant l'année zéro, pour les remettre à « 'niveau »..

    La massification grandissante du nombre d'étudiants en Algérie, et l'ouverture d'universités dans chaque wilaya, sans tenir compte des critères objectifs, comme la compétence de l'encadrement, la qualité de la formation et les besoins du pays, crée des chômeurs de luxe avec des licences et des masters. Les diplômes ne sont plus en harmonies avec les emplois qualifiés, et les diplômés ne sauront pas construire leur parcours ou quoi faire de leur existence parce que l'université ne les a pas formés pour être autonomes et entreprenants. L'autre décrochage des étudiants en première année universitaire, dans les filières scientifiques et technologiques incombe aux décideurs, d'une certaine époque, d'avoir pris la décision maladroite, démagogique et dogmatique d'avoir arabisé, les mathématiques, la physique, la chimie et la biologie au collège et au lycée, un autre gaspillage des ressources humaines.

    La stratégie pédagogique qui met l'élève au centre du processus du système a produit des comportements et des attitudes déplorables dans la société. Cette pédagogie permissive et laxiste qui défend le culte de l'enfant- gâté, despote des familles et rebelle à toute discipline, a fait que le style éducatif des familles change avec la recherche du consentement de l'enfant. La crise de l'autorité et la perte des repères font désormais de l'adulte un immature permanent, toujours assisté, crédule ne doutant de rien et ne sachant pas produire sa propre pensée. N'a-t-on pas vu pendant la décennie noire, des ingénieurs informaticiens et des médecins subordonnés d'émirs analphabètes. La violence dans l'école et dans la société décuple d'une façon exponentielle à cause de cette éducation de bourrage de crâne par des apprentis sorciers qui pratiquent dans nos écoles et ailleurs, pignon sur rue et qui se font aussi inviter chez certains à travers la télévision.

    Les curricula scolaires sont vidés de leur sens, sous la pression des adeptes de l'allègement des programmes, demandez aujourd'hui à un médecin ou à un pharmacien s'il reconnait les variétés de plantes de son jardin, les insectes et les vers qu'il voit sur le sol ou encore s'il connait les cinq classes des vertébrés ou s'il sait ce que c'est que l'évolution anatomique du cœur chez ces vertébrés. Les programmes scolaires sont devenus des agencements sans lien d'objectifs ou de «compétences» -terminologie à la mode. Les manuels scolaires algériens ont vu une nette amélioration, mais restent encore en deçà des standards européens de qualité. Les contenus sont souvent des plagiats de piètres inspiration avec de naïves illustrations ; où sont les spécialités de l'art scientifique, les infographes et les designers pour mettre de l'ordre au sein d'une structure dépassée et fossilisée. La ministre de l'éducation envisage de mettre entre les mains des élèves du cycle primaire, le livre unique. Il est souhaitable que ce livre unique donne plus d'espace à la culture générale, le civisme, la tolérance et à l'ouverture de l'esprit sur le monde de demain. Le monde des TIC, du développement durable, de la compétitivité, de la créativité et de l'innovation. Le rythme scolaire dans l'école algérienne est insoutenable, l'aménagement du temps scolaire est indispensable pour tous les cycles. La semaine des cinq matinées pour le cycle primaire aère l'emploi du temps des élèves et leur laisse les après-midi libres pour les activités manuelles, sportives, culturelles et artistiques. La condensation de l'enseignement théorique n'est simplement qu'un bachotage qui crée des situations psychologiques et émotionnelles désastreuses pour les petits. Les activités d'éveils les déchargeront de ce poids et les rendront plus épanouis et non violents. Ainsi beaucoup d'entre eux découvrirons leurs talents et pourront tracer leur voie dès cette période, et c'est là aussi que l'échec scolaire lourd apparait.

    L'évaluation des acquis des élèves pour plus d'efficacité doit être continue, le système semestriel est plus adapté pour rationaliser le temps des lycéens. Nos élèves et nos enseignants se sentent en vacances dès la fin des épreuves de composition, réduire ces périodes à deux seulement pour les lycéens, une au premier semestre à la fin du mois de décembre et l'autre au deuxième semestre à la fin du mois de mai est plus qu'une nécessité. Comme il est souhaitable de faire un devoir surveillé et corrigé une fois par mois. Le redoublement des élèves est très couteux pour le trésor public et déstabilisant pour la famille et les élèves, trouver des passerelles horizontales pour remédier aux difficultés des enfants est possible, il se fait ailleurs dans d'autres systèmes éducatifs. Instaurer des classes parallèles de niveaux différents, séparer les élèves forts pour ne pas faire le nivellement par le bas et leur placer la barre plus haut pour créer des classes d'excellence, mettre les élèves moyens ensembles et dispenser un enseignement personnalisé et adapté aux élèves qui trouvent des difficultés. Ouvrir des passerelles horizontales qui incitent les faibles à rattraper les moyens et les moyens à se hisser vers les forts.

    Ce que le système éducatif ne nous dit pas :

    - Quelle est la proportion des élèves d'une même tranche d'âge n'ayant jamais doublé et qui réussissent au baccalauréat ?

    - Combien coute un élève bachelier au trésor public.

    C'est à travers ces statistiques qu'on pourrait analyser mieux la situation et savoir quel est le rapport : coût/résultat Il est souhaitable que les résultats et les conclusions des assises sur l'évaluation scolaire soient portés à la connaissance des enseignants et de la société algérienne, pour qu'une prise de conscience générale se manifeste, afin d'instaurer un esprit d'échange, briser les blocages et les obstacles, trouver des compromis et des solutions sans perte de temps, pour pouvoir enfin dégraisser le « mammouth » -comme disait Claude Allègre-, dans l'intérêt de l'avenir de nos enfants..


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    Post « Le dialecte a été marqué par la période socio-économique des années 80»

    A LA UNE/ACTUALITÉ_Ammour Naouel, sociologue, à propos du langage algérien
    23 Octobre 2015

    « Le dialecte a été marqué par la période socio-économique des années 80»

    Dénommé communément darija, qui est une langue parlée, le dialecte algérien a, comme toute langue, un rapport très lié avec la société, l’histoire, ce qui donne une diversité linguistique à travers les différentes régions du pays. Hamadouche Nawel Docteur en sociologie à la faculté des sciences humaines et sociales, Sétif 2, et auteure du « comportement langagier et identitaire dans les sociétés maghrébines » s’est inspirée de sa thèse de doctorat portant sur le comportement langagier et identitaire chez le formé algérien, pour aborder le sujet du dialecte algérien. Elle a accordé un entretien à Liberte-algerie.com dans lequel elle revient sur le sujet.

    Entretien réalisée par Imène AMOKRANE

    Certains noms de marques commerciales ont tellement dominé le marché algérien qu’ils sont devenus génériques et représentatifs du produit lui-même, c’est le cas d’une marque d’eau minérale ou d’une autre de lessive en poudre. Comment pouvez-vous l'expliquer?
    Ce fait s’explique par deux processus essentiels dans l’approche sociologique, à savoir : la socialisation et la lourdeur de l’imaginaire social des algériens. Sans oublier le fait d’être marqué par la période socio-économique des années 80, où certaines entreprises vont monopoliser le marché et que les marques de leurs produits par conséquent, seront gravés dans les mémoires.
    Du moment que la société change, la langue suit. Et donc la réponse sur votre question prend cet exemple comme forme
    Une maman qui appelle à partir d’une fenêtre, ou un balcon son fils qui jouait en bas de l’immeuble, pour aller au magasin du quartier afin de lui acheter :
    Ø Saida – qui désigne toujours une eau minérale, peut importe
    si l’eau est celle d’une autre marque

    Ø omo – qui est une marque de détergeant qui peut dire aussi celle d’une autre marque.
    Même chose, si on demande un jus d’orange, puis penser au gout préféré à savoir
    fraise, citron, …ou autre

    Ce qui se passe réellement, c’est comme si que le locuteur fait une sorte de choix de priorité en parlant. Celui d’être compris de manière rapide, efficace et sans effort verbal, gestuel,…etc, au détriment de tout autre choix, exact en choisissant les mots qu’il faut,…. etc
    Ils ont tendance aussi à féminiser les termes étrangers alors que
    dans la langue source ils sont au masculin...

    C’est la faute à l’alternance codique, qui est fortement utilisée par toutes les couches et les tranches d’âge dans la société.
    A force de penser avec deux ou trois langues à la fois, on se trouve face
    à des erreurs graves en parlant ou en écrivant :

    Mes étudiants ont toujours parler de la mémoire de fin de cycle,
    car ils le conçoivent en langue arabe مذكرة التخرج ) ( ??

    Et ainsi, on continue à déformer des termes, des expressions et des styles même.
    Donc, selon vous, l’algérien entreprend une relation très socio-économique avec sa langue ?
    A vrai dire, le rapport est très complexe, et spécial si l’on peut dire, car l’algérien est très rationnel face au marché linguistique, mais son défaut est quand il choisi d’utiliser un code. Il tend à négliger ses règles normatives : sa conjugaison, sa grammaire, sa syntaxe…
    Il suffit d’observer sa manière de s’approprier la langue arabe, pour constater qu’il s’éloigne de plus en plus de tout aspect formel ou officiel donnant naissance à la fusha (l’arabe classique). Par exemple pour répondre à quelqu'un qui communique avec lui en arabe classique, il lui dit: tiens, on va parler notre arabe,
    et non celui des autres (??? (العربية نتاعنا ، ماشي تاعهم))

    Pareil pour la langue française. D’ailleurs, je juge qu’il est temps de parler -sous angle sociolinguistique – d’un français algérien qui prend certes ses règles générales de la langue française mais qui subit une sorte d’algérianisation sur tout les niveaux : syntaxique, grammatical, phonétique, d’orthographe,..
    Je n’aurais pas besoin de faire des démonstrations qui ont été déjà faites par la grande Khaoula Taleb el Ibrahimi dans son célèbre ouvrage intitulé « Les algériens et leurs langues », telles que :
    Un algérien dit : hit-iste , traband-iste au même titre que dent-iste.
    Taxi-eur , au même titre que fourniss-eur, vend-eur .
    Et j’en rajoute : fichl- esse comme faibl- esse.
    Et là apparait encore une fois, ce « nous » et « eux », notre français et le leur. Ce qui aide à confirmer une spécificité identitaire : du fait que je suis algérien, je peux m’en servir du français mais à ma propre façon, et non pas à la façon d’un français, car je vais communiquer avec un algérien, à propos d’un sujet algérien. En plus, ça ne sera pas la peine de suivre toutes les règles en utilisant le français. Cela prouve l’existence d’une intelligence sociale et linguistique à prendre en considération le contexte de la situation linguistique qui est d’une originalité une fois en rapport avec la langue.

    L’algérien, aujourd’hui, a tendance à

    1- tout utiliser comme code linguistique afin de transmettre son message, et la particularité à mon sens réside dans le fait que cette utilisation ne se soumet pas aux règles normatives et courantes.
    2- à ne fournir qu’un effort minimal (économie d’effort), pour produire linguistiquement, ce qui le rend au cœur de l’interaction symbolique. Cela s’explique par le fait d’être fasciné – psycho-sociologiquement parlant - par la logique des sages dictant « parler peu et comprendre beaucoup », « maitriser le langage gestuel »
    (للحديث قياس، اللبيب بالإشارة يفهم ،........)

    C’est à dire inventer des formations linguistiques « singulières et des constructions distinctes de l’usage normatif »; on a tendance à préférer : la variation et l’hétérogénéité au lieu de l’uniforme et l’homogénéité : pour réaliser la rapidité, l’efficacité et l’économie d’effort.
    Les langues pratiquées en Algérie, (l’arabe, le français et l’amazigh), offrent une sorte de potentialités que nos jeunes vont exploiter à fond. Ainsi, ils puisent dans leur vécu les éléments socioculturels, s’accommodant avec tel ou tel système linguistique, mais qui leur est particulier et typique.
    Sinon, est-ce que vous pensez que le dialecte contribue à la préservation de la culture algérienne ?
    Loin de toute appartenance idéologique, laissez moi vous dire que selon le patrimoine sociolinguistique - je veux dire purement scientifique- :
    Toute langue maternelle, et dans notre cas -arabe dialectale pour une partie d’algériens est unanimement une lange qui résume la vie des individus. Elle les accompagne depuis leur naissance jusqu'à leur mort. Cette même langue leur fait découvrir ses proches, qu’ils soient vivants ou décédés, même leurs amours, leurs haines,
    leur solidarité, et leur lâcheté. Bref,
    c’est la langue qui décrit leur monde.

    Comment alors, pourrons-nous s’interroger si la langue dialectale contribue-t-elle à la préservation d’une culture, or que la culture n’est qu’une facette de la vie entière?
    On ne peut donc que bannir la logique erronée menant à dire : l’arabe dialectale contribue à la préservation d’une sous-culture. Tandis que l’arabe classique / officielle contribue
    à la préservation d’une culture supérieure.

    Si nous revisitons tous les travaux des anthropologues, nous ne trouverons jamais cette distinction hiérarchisée ! Aucune société ne peut être inculte … est cela mène à dire qu’elle a nécessairement une culture, peu importe si elle contient des éléments traditionnel, primitif, ou moderne.
    Il me semble qu’avec une question pareille, vous me demandez est ce que l’existence d’une maman dans la vie d’un enfant peut contribuer à son équilibre ? Chose qui est évidente. Ma réponse est donc
    je crois qu’au lieu qu’on se pose des questions sur les évidences,
    vaut mieux s’interroger sur les incertitudes sociales.



    Imène AMOKRANE


    @ImeneAmokrane
    Dernière modification par zadhand ; 23/10/2015 à 20h01. Motif: « Le dialecte a été marqué par la période socio-économique des années 80»
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    Post La charte de la stabilité de l’école devra être signée le 15 novembre prochain

    A LA UNE/ACTUALITÉ_La charte de la stabilité de l’école devra être signée le 15 novembre prochain
    05 Novembre 2015


    Le projet de Benghebrit aboutira-t-il ?

    Les syndicats autonomes du secteur de l’éducation ont rendez-vous le 15 novembre prochain avec la ministre de l’Education nationale. L’ordre du jour : la signature de la charte de l’éthique et de la stabilité du secteur. Les syndicats qui adhèrent au principe de la stabilité de l’école et refusent de remettre en cause le droit à la grève n’ont toujours pas tranché en faveur de la démarche de Nouria Benghebrit.

    Salima Akkouche - Alger (Le Soir)
    - Le projet de la charte pour la stabilité de l’école de Benghebrit finira-t-il par aboutir ? La ministre de l’Education nationale qui, depuis son installation, en mai 2014, s’est offusquée des grèves répétitives à longueur d’année, n’a pas tardé à réagir.
    Face à la grève illimitée des syndicats, enclenchée en février dernier, pour revendiquer, entre autres, l’ouverture du statut particulier des travailleurs, Nouria Benghebrit n’a pas manqué de réagir. Elle demande un engagement écrit en faveur de la stabilité du secteur contre l’ouverture du statut. La ministre de l’Education nationale a tenu sa parole en décidant avec la Fonction publique d’ouvrir le statut des travailleurs pour revoir les «lacunes» contestées par le partenaire social.
    Les syndicats, par contre, n’ont toujours pas décidé du sort de la charte dont l’avant-projet leur a été remis le 19 octobre dernier. «Nous allons faire nos propositions et nous déciderons une fois la mouture finale prête, nous refusons, cependant, que la charte soit une sorte de pacte qui va lier l’activité syndicale, nous sommes pour le principe d’une charte d’éthique mais nous n’acceptons pas de signer un pacte», a déclaré Meziane Meriane, coordonnateur du Snapest (Syndicat national autonome des professeurs de l’enseignement secondaire et technique).
    Le chargé de communication du Cnapest (Conseil national autonome des professeurs de l’enseignement secondaire et technique), Messaoud Boudiba de son côté, a déclaré que le conseil national du syndicat prévu le 6 et le 7 novembre prochains, va discuter de ce projet et c’est lui qui est habilité à donner son aval pour aller ou non vers cette démarche. «Nous allons attendre l’accord de principe de notre conseil national pour décider si nous allons adhérer à ce projet ou pas», a souligné Boudiba. Le syndicat de l’Unpef (Union nationale du personnel de l’éducation
    et de la formation) affirme n’avoir aucun problème avec le projet de Benghebrit.
    «Nous avons toujours plaidé pour la stabilité du secteur et nous allons signer la charte de l’éthique et de la stabilité, le projet est actuellement en discussions au niveau des bureaux régionaux et du conseil national pour enrichissement, mais ceci ne nous empêchera pas de ne pas faire grève, il ne faut pas confondre entre la charte et l’interdiction de faire grève, un droit que la charte ne pourra pas remettre en cause», a expliqué Messaoud Amraoui, chargé de communication du l’UNPEF.
    De son côté, le Conseil des lycées d’Algérie (CLA) est catégorique : «Nous refusons de signer cette charte». Pourquoi ? «Cette charte a le même principe que le pacte social déjà signé en 1994 avec l’UGTA et sa signature voudra dire que nous sommes responsables de l’instabilité du secteur, or, la stabilité de l’école était la principale revendication de notre syndicat et je ne vais pas signer pour dire que nous sommes responsables de cette instabilité», a indiqué Idir Achour, président du syndicat.
    Le rendez-vous est fixé au 15 novembre prochain,
    entre la tutelle et le partenaire social pour le dernier mot sur ce projet.

    S. A.

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    Post Nouria Benghebrit réunira les syndicats samedi

    A LA UNE ACTUALITÉ_Concertation avant la signature de la charte d’éthique et de stabilité
    11 Novembre 2015

    Nouria Benghebrit réunira les syndicats samedi

    L’Union nationale des personnels de l’éducation et de la formation
    finalisera vendredi la liste de ses propositions liées à la création
    des conditions de travail et d’apprentissage adéquates
    et à l’identification des points de perturbation.


    Nouria Benghebrit, ministre de l’Education nationale.jpg

    Une rencontre entre le ministère de l’Education nationale et les représentants du secteur est prévue samedi prochain, pour examens des propositions liées à la lutte contre la violence en milieu scolaire et l’organisation du créneau des cours de soutien. C’est l’occasion aussi pour le partenaire social, indique M. Daoud, directeur de la communication, de déposer leurs propositions pour enrichir le texte portant sur la charte de l’éthique et de la stabilité dans le secteur, pour que les deux parties procèdent à sa signature comme prévu. Les syndicats autonomes et l’UGTA fourniront donc, après consultation de leurs bases respectives, des propositions ayant trait à la gestion des conflits au niveau des établissements
    et les moyens d’éviter des blocages ayant souvent motivé le recours à la grève.

    Bannir le mot pacte et éviter de toucher au droit de grève

    Seulement, indique M. Meriane, coordinateur national du Syndicat national des professeurs du secondaire et du technique (Snapest), «il ne faut pas que cette charte efface les acquis des travailleurs en matière de liberté d’action syndicale». Pour ce syndicat, si le département de Mme Benghebrit veut obtenir le quitus du partenaire social, «il faut d’abord bannir le mot pacte et éviter de toucher au droit de grève».
    «Les syndicats sont aussi préoccupés par la stabilité dans le secteur que la tutelle, mais le droit à la grève est une ligne rouge à ne pas franchir», souligne le syndicaliste qui soutient que la charte doit être le manuel commun de la communauté scolaire qui régit la vie à l’école au quotidien, pour permettre un travail dans les meilleures conditions. A ce propos, le Snapest réclame une réunion avant la signature du texte pour la finalisation de la mouture commune.
    L’Union nationale des personnels de l’éducation et de la formation (Unpef)
    finalisera vendredi la liste de ses propositions liées à la création des conditions de travail
    et d’apprentissage adéquates et à l’identification des points de perturbation
    relevés actuellement et les méthodes pour y remédier.

    Révision des statuts des corps communs

    Concernant le Syndicat des corps communs de l’éducation, présidé par Sid Ali Bahari, qui sera également signataire de ce document, il revendique une révision des dispositions du statut régissant le secteur dans les aspects relatifs aux corps communs. M. Bahari relève «l’injustice dont souffrent les travailleurs des corps communs et ouvriers professionnels qui doivent être également considérés comme un élément important dans l’éducation nationale». Il explique enfin que la signature de cette charte «ne signifie en aucun cas renoncer
    à la revendication pour l’amélioration des conditions de travail».

    Pour rappel, 9 syndicats se sont engagés à signer la charte de la stabilité. La date de la signature n’a pas encore été fixée. Le document porte donc l’engagement des représentants des travailleurs à enrichir
    et à compléter le texte proposé par le département de Benghebrit
    et d’en signer la mouture finale et commune dans les délais fixés.

    Fatima Arab
    Dernière modification par zadhand ; 11/11/2015 à 20h50.
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    Post La charte de l'éthique signée aujourd'hui

    A la une Actualité_ Education
    Mahdi Boukhalfa
    Publié dans Le Quotidien d'Oran le 29 - 11 - 2015

    La charte de l'éthique signée aujourd'hui

    C'est aujourd'hui dimanche que le ministère de l'Education nationale et les syndicats vont dorénavant travailler de concert pour redonner à l'école algérienne ses lettres de noblesse. C'est en effet ce dimanche que huit syndicats sur la dizaine, qui encadrent le secteur, vont signer avec leur tutelle une charte de bonne conduite, ouvrant la voie à une école apaisée, débarrassée de ses vieux démons, autant le recours intempestif aux arrêts de travail, qu'à l'instauration d'un climat conflictuel
    permanent, sur fond de revendications socioprofessionnelles et de violence dans les écoles algériennes.

    Pour arriver à pacifier le front syndical, il aura cependant fallu des centaines d'heures de négociations et une montagne de patience pour la ministre de l'Education nationale, Nouria Benghebrit Remaoun, qui a longtemps ramé pour faire admettre à ses partenaires sociaux son projet de rénovation de l'école algérienne. Si la ministre préfère parler de réformes urgentes à introduire pour recadrer le système éducatif national, d'autres parlent plutôt d'un mouvement global de rénovation du système éducatif algérien. La charte pour la stabilité et l'équité que les syndicats vont signer, moins le CLA et le CNAPESTE, qui ont annoncé leur refus de parapher le document, est en quelque sorte un contrat moral que vont prendre les deux parties, ministère et syndicats, pour redonner à l'école algérienne sa véritable image. Et, dans la foulée, instaurer un environnement scolaire apaisé, condition importante pour assurer une scolarité normale et relever le niveau de l'enseignement. C'est en réalité une grande bataille qui s'achève pour la ministre de l'Education nationale, car elle a mené de front une campagne parfois désespérée, souvent éreintante, même contre les lenteurs et les lourdeurs administratives de son propre ministère et les différentes directions de wilayas de l'éducation. Pour elle, aujourd'hui, «l'objectif est de garantir un climat scolaire apaisé et une école de la qualité. Le secteur de l'Education est un service public qui a besoin d'une responsabilité sociale, avec des lois et des droits, et a besoin d'un nouveau consensus. Tous les clignotants sont au vert, même si sur le terrain, personne n'est satisfait du produit final», avait-elle souligné la semaine dernière dans ses nombreuses interventions à la radio nationale. Et, même si tous les syndicats ne vont pas signer le document aujourd'hui, Benghebrit a assuré que «nous sommes ouverts et notre objectif est d'aller vers une nouvelle dynamique. Ceux qui ne signent pas aujourd'hui pourront signer après». Car pour elle, «il y a juste la manière à prendre pour améliorer la situation du secteur, avec la satisfaction des revendications des travailleurs. Il faut qu'on se mette d'accord sur un consensus minimum, celui de la prise en charge de l'élève». Dorénavant, et même si tous les syndicats ne signeront pas le document portant charte de l'éthique et de la stabilité, il y aura un avant et un après-dimanche 29 novembre 2015. Car, en donnant leur accord à cette charte, les syndicats ne pourront plus faire machine arrière, encore moins dénoncer les termes de cette charte, dont les conditions et les raisons d'un débrayage, la hantise de Benghebrit, même si elle rassure
    que «la signature de cette charte ne prive aucun syndicatd'aller vers la grève, car la grève est un droit constitutionnel».


    UNE CHARTE POUR UNE ECOLE RENOVEE

    Avec comme finalité d'arriver à «une école de qualité», le document que vont signer les partenaires sociaux s'articule sur trois principales obligations pour un fonctionnement normal des établissements scolaires. Il y a d'abord l'obligation pour les membres de la communauté des enseignants d'assurer un fonctionnement normal des établissements scolaires, l'obligation de donner à l'élève les orientations et les conseils appropriés à l'exercice des droits que lui reconnaît la charte, et aucune violence contre l'élève. «Aucune atteinte à la dignité de l'élève ne doit être tolérée, toute violence physique ou morale visant un élève, et émanant d'un membre de la communauté éducative, doit être bannie, et que les élèves ayant des besoins spécifiques ont le droit absolu de mener une vie scolaire décente». Quant à l'élève, il «doit faire preuve de ponctualité et d'assiduité, respecter les règles de propreté et d'hygiène, et s'interdire de dégrader le mobilier de la classe, et tous les équipements dont dispose l'établissement», alors que «l'éducateur a droit au respect» et «doit voir la valeur sociale de sa fonction reconnue, bénéficier d'une formation continue, de participer à la gestion et à la vie de l'établissement à travers les différents conseils et organes institués à cet effet». Sur les conflits sociaux au sein du secteur de l'Education, la charte de l'éthique et de stabilité stipule notamment que le recours à la grève n'intervient qu'après épuisement de tous les efforts de dialogue. Car les conséquences de ces conflits, indique le même document, «portent sur l'évolution de l'exécution des programmes, sur les calendriers des examens et se traduisent par la réduction, voire la suppression des périodes de vacances», ainsi que sur les élèves. Par ailleurs, la charte que vont signer les syndicats d'enseignants réprouve autant la violence dans l'environnement scolaire que le recours des enseignants aux cours de soutien non encadrés. Car, selon ce document, «ils ne doivent prodiguer des cours de soutien aux élèves que dans le cadre de la règlementation en vigueur (…)». La ministre de l'Education nationale aura ainsi verrouillé le jeu autant sur la discipline des enseignants, la qualité de l'enseignement, la résolution par le dialogue des conflits, barrer la route à la violence extra ou intra-muros des établissements scolaires. Pour autant, deux syndicats refusent de signer ce document. Dans un communiqué expliquant sa position, le Cnapeste avait annoncé à l'issue de son Conseil national, tenu les 6 et 7 novembre derniers, qu'il ne signera pas le document, qui ouvre la voie à une sorte de «paix des braves», entre les syndicats et la tutelle. Pour le Cnapeste, «cette charte ne constitue pas pour l'instant une priorité pour ses militants», appelant le ministère à «clarifier les zones d'ombre qui entourent la circulaire 003, relative à la promotion de certains corps de l'enseignement».

    SEULS LE CLA ET LE CNAPESTE

    En gros, le syndicat maintient sa position sur ses principales revendications, dont le logement, la retraite, la prime de l'indemnité de zone au profit des personnels des wilayas du Sud et des Hauts-Plateaux, et celle des œuvres sociales, ainsi que le calcul des années d'études au niveau des écoles supérieures et instituts de technologie et les années du service national dans la retraite». Le chargé de communication du Cnapeste résume la situation en estimant que «si la tutelle avait répondu favorablement à toutes les préoccupations des PES, nous n'aurons pas eu besoin de charte de stabilité». Le CLA, de son côté, met en avant ses principales revendications non satisfaites, dont une remise en cause des différentes formes de retraites (retraite anticipée, proportionnelle et celle après 32 ans de service effectif) et le prolongement de l'âge de départ à la retraite de 60 ans à 65 ans, qui a poussé, selon lui, à des départs massifs à la retraite. Selon le CLA, le secteur de l'Education a enregistré plus de 25.000 demandes de départ à la retraite. A la veille de la ratification de la charte pour l'équité et la stabilité, la ministre de l'Education nationale a cru bon de rappeler qu'«aucun délai n'a été fixé» pour ceux qui ne signeront pas dimanche, avant d'ajouter que «le débat autour de la charte de l'éthique se poursuit dans le cadre du dialogue entre le ministère et les partenaires sociaux». Pour elle, l'objectif d'instaurer un «climat de sérénité et de stabilité indispensable à la mise en œuvre de nombreuses et complexes actions qui doivent être accomplies pour élever le niveau des performances pédagogiques, de la qualité de la gouvernance et du respect de l'éthique et de l'équité».
    Comme il s'agit de sortir le secteur d'une instabilité chronique.

    La messe est dite. Les signataires de ce document seront, sauf changement de dernière minute, notamment le Snapest, le Satef, l'Unpef, le Snapap, le Snapep, le Snte et la Fnte. En toile de fond de ce «deal», près de 700.000 fonctionnaires du secteur verront leur situation sociale améliorée, tout aussi que les contractuels et les suppléants.

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