Envoyé par
zadhand
Hautes fonctions civiles et militaires
L’exigence de la nationalité algérienne exclusive
Conseil des ministres
le 27.07.16 | 10h00
La nationalité algérienne exclusive est exigée, entre autres, pour les postes de
présidents des deux Chambres du Parlement et du Conseil constitutionnel,
de Premier ministre et de membres du gouvernement.
Pièce jointe 25321
La liste des hautes responsabilités de l’Etat et des fonctions politiques
dont l’exercice requiert la nationalité algérienne exclusive est enfin dévoilée.
Réuni hier à Algérie, le Conseil des ministres a adopté un avant-projet de loi
qui permet la mise en œuvre de l’article 63 de la nouvelle Constitution
(article 51 de la mouture initiale de la Constitution, ndlr). Le texte définit deux
catégories de responsabilités : civiles et militaires. Ainsi, au titre des responsabilités
et fonctions civiles, lit-on dans le communiqué du Conseil des ministres, la nationalité algérienne exclusive est exigée pour les postes de présidents des deux Chambres
du Parlement et du Conseil constitutionnel, de Premier ministre et de membres du gouvernement, de présidents de la Cour suprême et du Conseil d’Etat. Le gouverneur
de la Banque d’Algérie, les responsables des organes de sécurité ainsi que le président
de la Haute instance indépendante chargée de la surveillance des élections sont également concernés par cette disposition.Pour les responsabilités militaires, le projet
de loi englobe les principales fonctions au sein de l’Armée nationale populaire. Il prévoit
un possible élargissement de la mesure à toute autre responsabilité militaire devant être décidée par décret présidentiel. Dans le cadre de l’application de cette disposition, les candidats à ces responsabilités doivent produire une déclaration sur l’honneur de nationalité algérienne exclusive.Pour rappel, l’article 63 de la Constitution stipule que
«la nationalité algérienne exclusive est requise pour l’accès aux hautes responsabilités
de l’Etat et aux fonctions politiques». «L’égal accès aux fonctions et aux emplois au sein
de l’Etat est garanti à tous les citoyens, sans autres conditions que celles fixées par la loi. La nationalité algérienne exclusive est requise pour l’accès aux hautes responsabilités de l’Etat et aux fonctions politiques», énonce cet article qui avait, rappelons-le, suscité une vive polémique.La définition des hautes fonctions concernées par cette disposition constitutionnelle mettra-t-elle un terme à ce débat ? Dès l’annonce du contenu du fameux article 51 (article 63 après promulgation de la Constitution), plusieurs partis politiques, en particulier le FLN de Amar Saadani, et des représentants de la communauté algérienne
à l’étranger ont dénoncé «une sorte de ségrégation». La polémique a duré plusieurs semaines.Les contestataires avaient estimé que la disposition empêcherait les membres de la communauté algérienne à l’étranger de «participer à l’effort de développement du pays». Certains sont allés encore plus loin en voyant, à travers cet article, une volonté de barrer la route de la présidence de la République à certaines personnalités établies à l’étranger. Cette polémique a obligé le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, à intervenir pour calmer le jeu.Il avait affirmé à l’époque que «l’article 63 de la Constitution aura
permis, pour la première fois dans l’histoire du pays, d’évoquer la question des Algériens binationaux». «Mais la question ne devrait susciter aucune polémique en ce sens qu’il ne s’agit que de certaines hautes fonctions de l’Etat», avait-il souligné.Outre le cas des Algériens vivant à l’étranger, certaines parties ont profité de cette polémique pour appeler
à l’application de cette mesure au gouvernement où siègent, selon eux, «des ministres détenteurs d’une double nationalité». Si une telle accusation est fondée, y aura-t-il un remaniement du gouvernement ? La polémique sur la nationalité a concerné même le président du Conseil de la nation, dont «la nationalité d’origine serait marocaine».
Madjid Makedhi
Obligation de la nationalité algérienne
exclusive pour les hautes fonctions de l’état
Les professionnels du droit plaident pour l’élargissement de la liste
le 12.10.16 | 10h00
Le projet de loi relatif aux fonctions nécessitant la nationalité algérienne exclusive
ne semble pas faire l’unanimité. Pour mieux peaufiner le projet, la commission
juridique a invité les professionnels du droit, avocats et magistrats, pour entendre
leurs avis dès la semaine prochaine.
Arrêtée par un projet de loi, actuellement sur le bureau de l’Assemblée
populaire nationale (APN), la liste des hautes fonctions exigeant
la nationalité algérienne exclusive ne semble pas faire l’unanimité. L’idée
d’apporter des correctifs dans le sens de son élargissement fait son chemin.
Samedi dernier, le secrétaire général du RND et directeur de cabinet à la
présidence de la République, Ahmed Ouyahia, n’a pas caché son souhait
de voir la liste intégrée dans le projet de loi élargie à d’autres fonctions
disant «Je suis heureux de la philosophie véhiculée par ce projet et j’espère
que la communauté algérienne établie à l’étranger ne comprenne pas que
le texte est une forme d’anathème contre elle.Il s’agit de fonctions réservées
à un domaine stratégique vital pour les Algériens.» «Je dirais qu’un binational
ou trinational qui a des compétences en médecine est le bienvenu pour être
recteur de l’université de médecine, etc. Mais, j’aurais aimé qu’un
ambassadeur ou que le patron de la première société nationale soient détenteurs
de la seule nationalité algérienne.C’est mon avis et j’espère qu’on trouvera un
point d’équilibre sur cette question», a expliqué Ahmed Ouyahia en tant que
secrétaire général du RND et directeur de cabinet de la Présidence Visiblement,
c’est cet équilibre que la commission des affaires juridiques de l’APN, devant
laquelle le projet de loi a été déposé, tente de trouver en faisant appel d’abord
aux professionnels du droit, après avoir entendu l’exposé du ministre de la Justice,
Tayeb Louh.Pour y arriver, elle a sollicité des professionnels du droit, représentés
par l’Union nationale des barreaux d’Algérie (Unba), le Syndicat national des
magistrats (SNM) et la Commission nationale consultative de promotion et de
défense des droits de l’homme (CNCPDH). Une réunion devait avoir lieu lundi
dernier, mais elle a été reportée pour la semaine prochaine, afin de donner plus de
temps aux invités, qui dans leur majorité reconnaissent la «nécessité d’approfondir»
le projet de loi et «d’élargir» la liste des fonctions concernées par la nationalité
algérienne exclusive.Le président de la CNCPDH, Me Farouk Ksentini, défend
clairement ce principe. «Ceux qui veulent accéder à ces postes doivent faire
allégeance à leur pays d’origine et non pas à celui d’adoption. Il faut faire un choix.
Tous les postes qui relèvent de la souveraineté économique, sécuritaire ou
diplomatique doivent être confiés à des personnes ayant uniquement la nationalité
algérienne», dit-il. Et de préciser : «J’ai beaucoup de respect pour les Algériens qui
ont réussi ailleurs et dont le pays a besoin. J’ose espérer qu’ils comprennent la
nécessité d’un tel texte.S’ils choisissent d’accéder à des postes de responsabilité en
Algérie, ils doivent délaisser leur nationalité d’adoption. Ce n’est pas unique à
l’Algérie. Cela se fait dans de nombreux pays. Il ne faut pas le voir comme une
ségrégation…» Me Ksentini estime «insuffisante» la liste des fonctions définies par
le projet de loi et plaide pour son «élargissement» à d’autres «postes de responsabilité dépositaires de la souveraineté» et son «renforcement» par une réglementation
rigoureuse.L’avis est également partagé par Me Ahmed Saï, bâtonnier de Sétif et
président de l’UNBA. L’avocat trouve «très réduite» la liste contenue dans le projet
de loi qui, ajoute-t-il, «est assujettie à un texte réglementaire qui pourrait, dans une
conjoncture donnée, la réduire encore plus ou la supprimer». Me Saï plaide pour que
«la nationalité algérienne exclusive soit une condition d’accès à toutes les hautes
fonctions et les postes de responsabilité. Ce concept est nouveau en matière de droit international, apparu depuis une vingtaine d’années seulement. L’Algérie a été
confrontée à la problématique des Franco-Algériens et l’accomplissement du service
national.Une réglementation a été adoptée pour résoudre le problème».Pour ces
raisons, note l’avocat, «la liste des fonctions réservées aux détenteurs de la nationalité algérienne exclusive doit être beaucoup plus longue. Elle doit comporter les chefs de
cour, les magistrats, les procureurs, les responsables des grandes entreprises publiques,
mais aussi les chefs des Régions militaires, des forces armées, de l’état-major et de
tout autre poste qui implique la souveraineté de l’Etat».«La solution n’est pas
uniquement dans ce projet de loi qui, faut-il le préciser, doit être renforcé, mais aussi
dans le code de la nationalité, qu’il faudra revoir pour mieux cerner ces questions,
comme cela se fait dans la majorité des pays. C’est notre avis sur la problématique
que nous exprimerons la semaine prochaine à la commission juridique de l’Assemblée nationale», ajoute-t-il. Contacté, Djamel Aidouni, président du SNM, n’a pu donner
son avis sur le sujet, prétextant n’avoir pas obtenu encore le projet de la loi de la part
de la commission parlementaire. «Je viens de revenir d’un voyage.Le syndicat a été
destinataire d’une invitation, et d’ici la semaine prochaine, nous ferons connaître
notre avis», nous a-t-il déclaré, même si au fond, lui aussi, partage la préoccupation
de nos interlocuteurs. A la lumière de ce qui précède, faut-il s’attendre à des
amendements du projet de loi, dans le sens de l’élargissement de la liste des fonctions concernées par l’exclusivité de la nationalité algérienne ? La question reste posée.
SalimaTlemçani