Le sucre et le sel seront limités dans les aliments à large consommation
Sel et sucre
Haro sur les excès
le 08.09.16 | 10h00
Le ministère du Commerce compte légiférer pour limiter les taux d’intégration
du sucre et du sel dans les produits alimentaires.
Le gouvernement algérien semble vouloir prendre le taureau par les cornes
et s’attaquer à un fléau qui a longtemps sévi dans le pays, sans qu’aucun
responsable ne s’en émeuve outre mesure : celui du manque d’hygiène
alimentaire chez le consommateur algérien. Il n’est, en effet, un secret pour
personne que l’Algérien consomme des aliments on ne peut trop salés, ou
trop sucrés.En tous les cas, à chaque fois, c’est un cran au-dessus de la
mesure. Pour l’anecdote, quand des ressortissants d’autres pays viennent
en Algérie, ils sont, à chaque fois étonnés quand, s’attablant dans une des
terrasses d’Alger ou d’Oran, de constater que le sachet individuel de sucre
qui accompagne la tasse de café est «à ce point consistant». Cet exemple
renseigne à lui seul sur le laisser-aller et l’absence totale de normes
concernant l’hygiène alimentaire.Aussi, pour remédier à cet aléa et garantir
au consommateur algérien une alimentation saine, le ministère du Commerce
a décidé de préparer deux décrets exécutifs, relatifs à la limitation du taux de
sucre dans les boissons gazeuses et les jus, et à la diminution du taux de sel
dans le pain. Cette annonce a été faite, mardi dernier, à l’occasion d’une
journée d’étude tenue à l’hôtel Royal, organisée par la Fédération algérienne
des consommateurs, avec le concours de l’Organisation mondiale de la Santé
(OMS). L’information a été reprise dans une dépêche APS, qui a fait parler
Zaki Hariz, président de la FAC. Ce dernier a alors déclaré que «la publication
de ces deux décrets constituera une avancée importante vers une culture de consommation saine et équilibrée». Et d’ajouter qu’il faut apprendre au
consommateur, dès son plus jeune âge, «à manger avec moins de sel et de
sucre». M. Mouad, président de l’Union générale des commerçants et artisans
algériens (UGCAA) à Oran, avec qui nous nous sommes entretenus hier, a
annoncé que pour ce qui est de la mesure relative à la limitation du taux de
sucre dans les boissons gazeuses et les jus, si elle venait à se concrétiser, ce
ne sera qu’une bonne chose, et cela à tous les points de vue. «D’un côté, ce
sera un bienfait pour la santé du consommateur, à qui il sera proposé des
boissons moins caloriques, contenant moins de sucre. Mais encore, sachez
qu’en cette période de crise, une telle mesure aidera un tant soit peu à alléger
la facture de l’importation. En effet, bon nombre d’usines de jus et les
limonaderies ont recours, pour la composition de leurs boissons, à un sucre
non ordinaire, importé spécialement pour la confection des sodas. Aussi, si
cette mesure peut aider à baisser un tantinet la facture, alors ce sera un point
positif.» Ceci étant dit, ajoute-t-il, quand bien même ces deux décrets qui ne
sont, rappelons-le, qu’au stade de projet finiront par être appliqués, cela
n’impactera en rien sur le prix de vente de ces boissons. «La seule modification
qui sera apportée concerne la composition chimique. La pesée de la boisson
sera la même et, de ce fait, le prix ne devrait pas changer», dit-il encore. Il faut
savoir que les fabricants de jus sont surtout présents au centre du pays, nous
explique-t-il, et dans une ville comme Oran, on ne les compte que sur les doigts
d’une seule main.La seule crainte serait de voir l’émergence d’un circuit industriel
informel dans l’agroalimentaire, comme cela est le cas dans le textile. Ceci dit,
assure-t-il, les directions de commerce seront à pied d’œuvre en opérant des
contrôles ordinaires et inopinés, dans le but de s’assurer que les usines de jus et
les limonaderies respecteront les nouvelles normes, une fois que celles-ci seront promulguées officiellement par décret exécutif. Les propos de M. Mouad rejoignent, quelque part, celle du président de la FAC, qui a affirmé, mardi lors de la journée
d’étude, qu’un travail de sensibilisation et d’information était plus que nécessaire
auprès des producteurs des boissons gazeuses et des boulangers, et que des
opérations de contrôles doivent être régulières mais à la condition que tous les
moyens soient donnés aux directions du commerce.
El Kébir Akram