Rédaction sur le suicide au collège: «La pire des choses, c'est de ne pas en parler»

Illustration rentrée scolaire au collège. A. GELEBART / 20 MINUTES

INTERVIEW - Françoise Chastang, psychiatre au CHU de Caen et co-auteure de «Le Geste suicidaire» (Masson, 2010), explique à «20 Minutes» qu'il n'est pas indécent de parler du suicide en classe...

Le thème du suicide, donné comme sujet de rédaction dans un collège de Charente, a provoqué la stupeur de plusieurs parents d’élèves et la suspension à titre conservatoire de l’enseignant incriminé. Pourtant, Françoise Chastang, psychiatre au CHU de Caen (Basse-Normandie) et co-auteure de Le Geste suicidaire (Masson, 2010), explique à 20 Minutes qu’aborder ce thème en classe n’est pas forcément une mauvaise idée, quand c’est bien encadré.
Est-ce une bonne idée de donner un tel sujet à des adolescents?

On peut parler de beaucoup de choses avec les adolescents, le tout avec certaines règles, dans le cadre d’un débat. Il faudrait savoir dans quel cadre justement ce sujet a été donné ici, s’il y avait un thème qui y était lié. Présenté comme cela, sans discussion, c’est brut et violent. Il faut donc le replacer dans un contexte car à cet âge là, on peut parler de tout et notamment de la mort. On leur parle bien de la drogue en classe. La pire des choses, c’est de ne pas en parler.
Comment savoir si un élève présente un texte qui pourrait se révéler réaliste?

Cela reste un exercice de style, qui permet avant tout aux élèves de parler des idées. C’est très important de parler de l’idée de la mort, de verbaliser pour éviter le geste. Les raisons qui reviennent le plus souvent se situent tout autour de l’adolescence, des relations avec les autres, les parents, leur existence, les échecs amoureux ou encore l’appréhension de la vie adulte. Tous ces thèmes explosent à l’adolescence et peuvent conduire à voir apparaître ces idées de mort.
Quelle est la manière d’évoquer le suicide avec un adolescent?

L’écriture a toujours été un bon moyen d’en parler, quand c’est placé dans un contexte particulier. A partir du moment où les parents s’inquiètent, c’est qu’il y a déjà quelque chose et il faut en parler avec un psychiatre. Il y a toujours des choses à entendre.
Propos recueillis par Corentin Chauvel