Pourquoi ne sommes-nous pas égaux face à la prise de poids ?
Tout le monde connaît au moins une personne qui mange des quantités astronomiques sans jamais prendre de poids alors que certains doivent veiller à leur ligne en permanence. Comment expliquer cette inégalité qui s’apparente pour beaucoup à une injustice ? Certains avancent que la composante génétique, autrement dit la part « innée », pourrait expliquer ce phénomène plus complexe qu’il n’y paraît. Décryptage.
1.L'inégalité devant le grossissement : une opinion ancienne et répandue
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La notion de susceptibilité individuelle liée à la prise de poids est ancienne. En 1852, dans un traité de médecine générale, Hufeland notait : « En général, une disposition congénitale a une grande influence ; ainsi certaines personnes restent maigres malgré la nourriture la plus riche, et d’autres deviennent obèses alors qu’elles sont soumises à restriction. » Plus tard, en 1923, le professeur Davenport faisait remarquer que « l’obésité avait tendance à se concentrer au sein de certaines familles », soupçonnant le rôle essentiel de l’environnement familial et des facteurs génétiques.
Aujourd'hui, que sait-on vraiment de la prise de poids ? Quelque soit le matériel génétique, la prise de poids ne peut survenir que s’il existe un déséquilibre du bilan énergétique, c'est-à-dire un excès des apports énergétiques alimentaires par rapport aux dépenses. Mais sur quel(s) plan(s) ne sommes-nous pas égaux ?
2.La grande variabilité de la dépense énergétique

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L’organisme a besoin d’énergie pour couvrir les dépenses liées à son fonctionnement. Ces dépenses se répartissent en trois parties d’importance inégale :
- Le métabolisme de base qui représente 60 à 75 % de la dépense énergétique totale et qui permet au corps de couvrir toutes les fonctions indispensables.
- La dépense énergétique liée à l’activité physique, dont la part varie en fonction de la nature, de la durée et de l’intensité de l’exercice.
- L’effet thermique des aliments, qui représente à peu près 10 % de l’énergie totale, et qui consiste en la digestion et la transformation des aliments en énergie.
Pour couvrir ces besoins, l’homme doit apporter des macronutriments à l’organisme (glucides, lipides, protéines) par le biais de l’alimentation. Si l’individu garde un poids stable au cours du temps, cela signifie que les apports énergétiques apportés par l’alimentation sont égaux aux dépenses. Une perte de poids indique que les apports alimentaires sont insuffisants pour couvrir les dépenses : cela peut être lié à un régime alimentaire ou à une augmentation de l’activité physique par exemple. Mais l’organisme continue de fonctionner car il puise l’énergie manquante dans les réserves graisseuses des individus. Enfin, l’individu grossit quand l’organisme n’a pas besoin de toute l’énergie qu’on lui apporte, soit parce que la dépense énergétique est faible soit parce que les apports alimentaires sont trop importants. Dans tous les cas, il stocke l’énergie en trop, essentiellement sous forme de graisses (les triglycérides).
Une dépense énergétique variable

La raison majeure pour laquelle il est illusoire de prescrire le même nombre de calories à tous les hommes et toutes les femmes, est que la dépense énergétique est extrêmement variable d’une personne à l’autre. Ainsi, la dépense énergétique peut varier en fonction de la masse (elle est proportionnelle au poids), du sexe (la femme dépense environ 10 % d’énergie en moins par rapport à l’homme) et du matériel génétique de chacun. Selon les études, on estime ainsi que la part génétique des variations de la composition corporelle se situe entre 20 et 45 %1.