Tout savoir sur le sommeil (suite et fin)
5. Domaine en pleine exploration, le sommeil ne révèle ses secrets qu’au fur et à mesure des travaux des chercheurs et des cliniciens. Curieusement alors qu’il occupe le tiers de notre vie, l’Homme éveillé a longtemps ignoré la physiologie et lespathologies liées au sommeil. Nos connaissances ne progressent que depuis les années 1950. C’est dire combien la discipline est nouvelle.
Le sommeil nous fascine tous, car il nous concerne intimement. Il est impliqué dans des fonctions aussi diverses que la restauration des réserves énergétiques, la croissance, la mémoire, l’efficacité intellectuelle, l’humeur, la régulation du poids, l’équilibre cardiovasculaire, et sans doute dans bien d’autres fonctions tout aussi fondamentales pour l’être humain. De ce fait, apprendre à le ménager est primordial afin de garder son efficacité et son équilibre physique ou psychique.
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Le manque de sommeil peut diminuer les performances scolaires. © DR
Dans ce dossier, nous allons découvrir les conséquences du manque de sommeil sur la santé. Nous aborderons ensuite les mécanismes derrière le rythme du sommeil. Ne seront pas oubliés les troubles et les maladies liés au sommeil, comme l'insomnie, l'apnée, la narcolepsie ou l'hypersomnie. Bonne lecture.
6.La narcolepsie, évoquée précédemment, n’est pas la seule hypersomnie connue. Nous détaillons ici l’hypersomnie idiopathique ainsi que le syndrome de Kleine-Levin, tous deux très gênants au quotidien.
L’hypersomnie idiopathique

L’hypersomnie idiopathique est une autre forme d’hypersomnie, souvent plus envahissante que la narcolepsie. Elle se traduit par un réveil difficile le matin (on parle d’ivresse du sommeil) et la sensation d’avoir toujours sommeil au cours de la journée. Les siestes, souvent longues, n’apportent pas la sensation d’être restauré, avec parfois l’impression que plus on dort, plus on a sommeil. Cette hypersomnie est souvent familiale, sans pour autant qu’on ait pu mettre en évidence une transmission génétique. Curieusement, chez ces personnes, alors que le sommeil est vécu comme non récupérateur, le sommeil lent profond est souvent augmenté. Tout comme pour la narcolepsie, il existe des médicaments améliorant la vigilance et permettant en général à la personne de trouver un confort suffisant pour fonctionner dans la journée. Mais ils n’agissent que sur le symptôme, pas sur la cause. Dans certains cas, malgré le traitement, cette somnolence reste très invalidante.
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La somnolence permanente liée à l’hypersomnie idiopathique est particulièrement handicapante dans la vie de tous les jours. © Happy Batatinha, cc by 2.0
Des hypersomnies par période

D’autres formes d’hypersomnie existent. Certaines sont très rares, comme le syndrome de Kleine-Levin, où la personne traverse des périodes de quelques jours dans un état de somnolence quasi permanente associée à une irritabilité, des troubles alimentaires (une hyperphagie) et parfois une désinhibition sexuelle tout à fait inhabituelle chez la personne. Touchant le plus souvent les garçons, elle commence à l’adolescence. Sa parenté a été soulignée avec certaines formes de dépressions récurrentes que l’on trouve dans les maladies bipolaires. Il n’y a pas de certitude quant à cette parenté, car bon nombre de Kleine-Levin voient leur trouble disparaître à l’âge adulte. Il est vrai que les formes de dépression bipolaires s’accompagnent souvent d’hypersomnie, le sommeil envahissant étant parfois le seul symptôme apparent, très invalidant, sans réel vécu dépressif associé.
7. Comprendre les mécanismes du sommeil et les processus par lequel cet état si particulier nous permet de nous reconstruire est toujours d’actualité. Dans le sommeil, le nombre de questions sans réponse sur sa fonction est beaucoup plus important que les quelques certitudes que nous avons.
Il y a potentiellement beaucoup de champs de recherches possibles sur le sommeil. De la génétique à la régulation métabolique en passant par les liens avec les pathologies cardiovasculaires ou les processus psychologiques, la recherche dans le sommeil est complexe, car elle exige une approche multidisciplinaire avec une confrontation des savoirs pour avancer.
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Le sommeil garde encore beaucoup de mystères pour des scientifiques de nombreux domaines différents. © DR
Pourtant, c’est un domaine où chercheurs et cliniciens sont souvent des personnes passionnés, très investis dans leurs travaux, et qui ont plaisir à échanger, comme le montre la forte fréquentation des congrès professionnels observée ces dix dernières années.