Les yeux comme indicateurs de la maladie d’Alzheimer ?

Le diagnostic de la maladie d’Alzheimer requiert du temps et de l’argent. Des chercheurs proposent une solution innovante : analyser le cerveau de patients à travers leurs yeux. Pour l’instant, ils ont établi un lien entre la santé de l’œil et le développement de la maladie chez la souris. Reste à tester ce phénomène chez l’Homme et à mettre au point un test pratique de dépistage…




Pourra-t-on un jour dépister la maladie d’Alzheimer simplement en regardant l’œil ? Nous en sommes encore loin mais les études s’en approchent

Avec le vieillissement de la population, les médecins sont confrontés à des pathologies autrefois méconnues. La maladie d’Alzheimer figure en tête de liste. Cette forme de démence entraîne un déclin cognitif progressif, en particulier au niveau de la mémoire. Les personnes touchées perdent peu à peu leur indépendance et ont généralement besoin d’une assistance médicale. Selon l’Inserm, 860.000 Français souffraient de cette maladie invalidante en 2010. Ce chiffre grandit de manière alarmante et devrait atteindre les deux millions en 2020.Fréquente et coûteuse pour la société, la maladie d’Alzheimer fait l’objet de nombreuses recherches, notamment en ce qui concerne son dépistage. Le diagnostic n’est pas simple et requiert une analyse complète de l’histoire médicale des patients ainsi qu’une observation détaillée de leurcerveau. De nos jours, les médecins utilisent deux principales méthodes. La première consiste à quantifier l’accumulation des plaques amyloïdes dans le cerveau par des techniques d’imagerie complexes et onéreuses. La seconde implique de mesurer la concentration en protéines du liquide cérébrospinal, le fluide dans lequel baignent le cerveau et la moelle épinière. Cette procédure est invasive et entraîne souvent des effets secondaires. Un test de dépistage par une prise de sang a été évoqué mais son efficacité n'est pas encore confirmée.
L'incidence de la maladie d’Alzheimer grimpe en flèche mais les traitements existants ne peuvent que ralentir l'avancée inéluctable de la démence. Un test de diagnostic précoce et rapide devrait permettre de mieux prendre en charge les patients. © Geralt, pixabay.com, DP

Regarde moi dans les yeux je te dirai si tu as Alzheimer !

Au cours de la conférence Neuroscience 2013, des chercheurs de l’université de Honk Kong ont proposé une autre solution de dépistage. Leurs résultats montrent qu’il est possible de détecter la maladie en analysant les yeux… chez la souris.« La rétine de l'œil est un peu le prolongement du cerveau », explique Raymond Turner, un des auteurs de ces travaux. La rétine est composée de neurones photorécepteurs qui captent les signaux lumineux, les transforment en informations électrochimiques et les transmettent au cerveau par l’intermédiaire du nerf optique. « En regardant la rétine, on peut se faire une idée assez précise de l’état du cerveau », ajoute le chercheur. D’autre part, plusieurs études ont montré un lien entre la maladie d’Alzheimer et le risque de développer un glaucome, une pathologie fréquente de la vision.Pourrait-on utiliser la rétine comme biomarqueur de la maladie d’Alzheimer ? Afin de répondre à cette question, les scientifiques ont prélevé les yeux de souris mutantes atteintes d’Alzheimer et ont analysé leur rétine. Plus précisément, ils ont comparé l'épaisseur des différentes couches de la rétine d’animaux sains à celle d’animaux malades. Leurs résultats montrent que la couche nucléaire interne et la couche de cellules ganglionnaires sont plus fines chez les rongeurs souffrant d’Alzheimer « Ces deux couches de la rétine sont plus sensibles à la perte de neurones, explique le chercheur.Chez les souris malades, nous avons observé une baisse de 37 % du nombre de cellules nerveusesdans la couche nucléaire interne et de 49 % dans la couche de cellules ganglionnaires. »L’ensemble de ces résultats suggère que l’état de la rétine est un bon indicateur du développement de la maladie d’Alzheimer chez la souris. Ces expériences représentent les prémices de la mise au point d’un test de dépistage par les yeux. De nombreuses études sont encore nécessaires pour tester ce lien chez l’homme et pour concevoir une méthode de diagnostic rapide et non invasive.


Lin28a, le gène qui répare les blessures

La fontaine de jouvence pourrait être plus proche qu’on ne le croit. Dans une nouvelle étude, des chercheurs américains ont isolé un gène capable de régénérer les tissus et d’accélérer la prolifération des cellules. Cette découverte pourrait révolutionner les traitements de nombreuses pathologies comme le cancer et les maladies inflammatoires.




Des chercheurs états-uniens ont découvert un gène qui améliore la régénération cellulaire lors du développement embryonnaire mais qui s’éteint à l’âge adulte. En l’activant, ils espèrent soigner plus rapidement les blessures. Cela permettrait par exemple de limiter le temps de port des plâtres
Les cellules de notre corps subissent les ravages du temps : notre masse musculaire diminue, nos os s’affaiblissent, notre peau perd de son élasticité, notre cerveau devient moins vif, etc. Peut-on ralentir les effets de l’âge? Cette question passionne les scientifiques du monde entier. Les études ont progressivement révélé les rôles clés de l’environnement, du mode de vie et du patrimoine génétique sur la longévité. Cependant, de nombreux travaux sont encore nécessaires pour comprendre comment le corps vieillit et pour découvrir le remède miracle face à l’usure des années.Contrairement aux personnes âgées, les jeunes possèdent des tissus capables de se régénérer rapidement. Des chercheurs de l’université Harvard à Cambridge (États-Unis) se sont interrogés sur ce phénomène. Ils se sont plus particulièrement intéressés à Lin28a, un gène qui se trouve à l’étatdormant chez l’adulte mais qui est actif au cours du développement embryonnaire chez de nombreux animaux. Leurs résultats, publiés dans la revue Cell, démontrent les vertus thérapeutiques de ce gène.
Lors du développement embryonnaire tous les organes se construisent progressivement. En modulant le métabolisme, le gène Lin28a favorise la régénération cellulaire. © lunar caustic, Wikipédia 2.0

Lin28a pourrait-il nous faire rajeunir ?

Pour cette étude, les scientifiques ont fabriqué des souris adultes capables d’activer le gène Lin28a. Ils ont montré que ces animaux étaient pourvus d’une capacité de régénération sans pareille et réparaient beaucoup plus rapidement que les autres leurs cartilages, leurs os et leurs tissus après une blessure. D’autre part, chez ces mutants, les poils repoussent plus vite que chez les autres souris. « Lin28a offre aux souris adultes un don de réparation remarquable », souligne George Daley, le directeur de l’étude.Comment Lin28a agit-il ? Pour répondre à cette question, les auteurs se sont penchés sur la fonction première de ce gène. Lin28a code pour une protéine capable de se lier aux moléculesd’ARN et de moduler la synthèse de plusieurs protéines. Grâce à des expériences de biochimie, les scientifiques ont révélé son rôle dans l’activation de la production de différentes enzymes dumétabolisme, entraînant ainsi une intensification de la glycolyse et de la respiration cellulaire au niveau des mitochondries. En d’autres termes, Lin28a reprogramme le métabolisme énergétique de la cellule ce qui améliore la régénération des tissus.Même si la potion magique contre le vieillissement n’est pas pour tout de suite, ces travaux s’en approchent. En s’inspirant du mode d’action de Lin28a, les auteurs souhaiteraient mettre au point des thérapies pour soigner plus rapidement les blessures et lutter contre certaines maladies invasives comme le cancer.