Drogues (suite)
3/15 - Les effets de la drogue
Les modifications physiologiques et comportementales suite à une prise de drogue dépendent de la quantité ingérée et du mode d’administration…
Les effets sur l’organisme d’une prise de drogue dépendent en premier lieu de la dose ingérée. Si l’on prend l’exemple de l’alcool, une faible dose entraîne des symptômes comme la perte des inhibitions et des tensions, une certaine euphorie voire des rougeurs. Ceci s’accompagne d’une tendance à la somnolenc e et de quelques étourdissements passagers. En augmentant la quantité bue, des difficultés d’élocution apparaissent, ainsi que des pertes d’équilibre et une démarc he de plus en plus chancelante. La vision se trouble. Au- delà d’une certaine limite, à très forte dose, les conséquences sont plus graves, allant jusqu’au coma éthylique et la mort par dépression respiratoire.
Ces effets différents selon la dose prise sont à mettre en lien avec l’action moléc ulaire de la drogue sur l’organisme. Cette dernière agit en se fixant sur diverses parties du corps – le cerveau en premier lieu, mais parfois d’autres organes comme le cœur – et en modifie le fonctionnement normal. Plus la quantité de drogue est importante dans le corps, plus le nombre d’organes touchés est important. Ainsi, à faible dose, la drogue se fixe sur des zones pour lesquelles elle a beaucoup d’affinité et plus on augmente la dose plus elle se fixe sur d’autres zones moins spécifiques…
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Dépendances et toxicité
La dépendance physique se définit comme les séquelles physiologiques néfastes entraînées par l’arrêt des prises. Plus les symptômes sont importants (vomissements, diarrhées, insomnies...) plus cette dépendance est grande. La dépendance psychique ou psychologique se traduit par les pensées récurrentes de l’individu en sevrage et la volonté/l’envie de consommer à nouveau du produit pour ressentir ses effets. (D’après B. Roques, 1999).
Un autre paramètre important des effets de la prise de drogue est le mode de prise, c’est- à- dire la voie d’entrée de la substance dans l’organisme. Suivant la façon de s’administrer le produit, il y aura ainsi plus ou moins de «pertes». Une injection intraveineuse a par exemple la caractéristique de mettre directement la drogue au contact du sang, et tout le produit passe ainsi dans le corps. À l’inverse, lors d’une prise alimentaire, une partie de la drogue n’est pas assimilée et n’a donc pas d’action sur l’organisme.
De plus, la cinétique d’action n’est pas du tout la même suivant la façon de prendre la drogue. Le cannabis fumé agit rapidement sur le corps et ses effets sont observables quelques minutes après le début de la consommation. En revanche, le cannabis intégré à un gâteau, encore appelé "space cake", met plus d’une heure à vraiment pénétrer l’organisme et à pouvoir modifier le fonctionnement de celui- ci. Cet effet retard explique que certaines personnes consomment une grosse quantité de gâteau car ils ne ressentent pas les effets du cannabis et soient ensuite dans un très mauvais état en raison de la quantité ingérée. L’ingestion par voie digestive retarde donc les effets du cannabis : ils sont plus longs à se mettre en place, mais durent plus longtemps qu’avec une prise nasale, pulmonaire ou veineuse.
Les voies d’entrée de la drogue dans l’organisme
Les différentes voies d’entrée de drogue dans l’organisme n’ont pas la même rapidité. La voie digestive retarde les effets de la drogue. Les autres voies sont rapides.
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Fumer un produit correspond à une ingestion pulmonaire, sniffer à une absorption nasale et s’injecter à l’aide d’une seringue à une prise sanguine directe. Quel que soit le produit, ses effets sont la conséquence d’un passage par le sang lui permettant d’être délivré dans tout le corps et d’agir. (D’après la MILDT.)
4/15 - Drogue : de la consommation occasionnelle à la dépendance
De la première rencontre avec une drogue au fait de ne plus pouvoir s’en passer, il y a un monde parfois vite franchi…Pour devenir dépendant à une drogue, il faut obligatoirement l’avoir prise ne serait- ce qu’une fois. Cette première rencontre avec la drogue, qui ne se pratique généralement pas par un individu seul, est nommée phase expérimentale. Pour de nombreuses raisons – curiosité, pression environnementale…– une personne essaie un nouveau produit et en ressent les effets. Si les conséquences lui déplaisent réellement, il aura alors tendance à ne pas renouveler l’expérience. Mais cela ne s’avère pas toujours vrai avec le tabac ou l’alcool.
L’étape suivante dans l’escalade de la consommation est un usage de la drogue dit récréatif. La prise de drogue est alors occasionnelle, dans un milieu festif la plupart du temps, parfois associée à certaines activités ou certaines personnes de l’entourage. De nombreuses personnes utilisent des drogues en certaines occasions particulières, sans forcément tomber dans la dépendance.
Cependant certains individus perdent ensuite le contrôle et tombent dans un usage abusif caractérisé par une fréquence de prise de produit plus élevée et ce hors contexte social. C’est le point de départ de l’utilisation solitaire de la drogue. Ce niveau atteint mène alors progressivement à la dépendance à proprement parler.
La dépendance est un phénomène complexe dont la définition diffère selon les auteurs. Quelle que soit la drogue, ce phénomène se caractérise principalement par une perte de contrôle progressive qui oriente la majorité de la vie du toxicomane autour de la recherche et la consommation de produit, au détriment du reste de sa vie professionnelle, sociale et personnelle. La naissance d’un besoin physique et/ou psychique de la substance entraîne une incapacité à arrêter les prises et ce bien que le patient ait totalement conscience des dangers de cette prise pour sa santé, et des possibles problèmes légaux encourus dans le cas des drogues illic ites. On constate une tension, voire une anxiété, en cas de manque, un soulagement et une perte de contrôle accompagnant la prise elle- même.
Pour prendre un exemple plus concret, il suffit d’imaginer un individu, fumeur invétéré, qui doit se rendre à une soirée et s’aperçoit qu’il n’a plus de cigarettes. Cette prise de conscience va provoquer une tension nerveuse et l’entraîner de bureau de tabac en bureau de tabac jusqu’à ce qu’il réussisse à mettre la main sur des cigarettes. Le temps utilisé pour cette activité diminue donc le temps qu’il passera entre amis. La recherche de produit est devenue prioritaire vis- à- vis des interactions sociales.
Dynamique de la dépendance
Les différents niveaux d’utilisation d’une drogue mènent graduellement à la dépendance du sujet. Une fois la dépendance installée, il est très difficile de faire le chemin inverse et de "quitter" le produit. La période d’arrêt de la consommation, ou sevrage, peut s’accompagner de douleurs physiques plus ou moins intenses et de détresse psychologique aiguë. Dans de nombreux cas, même après sevrage, les personnes ayant été dépendantes rechutent, comme si leur susceptibilité à retourner dans cette spirale était accrue de façon définitive.