Mariano Rajoy réclame «le droit de gouverner»

Les conservateurs terrassent la gauche en Espagne
le 28.06.16 | 10h00
La gauche espagnole est la grande perdante des législatives de dimanche.
Le chef du gouvernement sortant en Espagne, le conservateur
Mariano Rajoy, a réclamé le soir même de l’élection le «droit de
gouverner», après avoir remporté les législatives. «Oui, c’est vrai,
nous avons gagné», a déclaré Mariano Rajoy à une foule en liesse
rassemblée à Madrid devant le siège de son Parti populaire (PP) et
agitant les drapeaux bleu azur de la formation aux alentours de minuit.
«Et nous réclamons le droit de gouverner, précisément parce que nous
avons gagné les élections», a-t-il lancé, après six mois de blocage politique.
Le PP, au pouvoir depuis 2011, avait emporté les législatives de décembre,
mais avec seulement 28,7% des suffrages. Aucun autre parti n’avait ensuite
accepté de lui apporter le soutien nécessaire pour former un gouvernement,
lui reprochant les multiples scandales de corruption mettant en cause sa
formation. La gauche a elle aussi été incapable de former un gouvernement
alternatif.Le PP a cette fois obtenu 33% des suffrages, soit 137 députés sur
350, 14 de plus que lors du précédent scrutin. La majorité absolue de 176
sur 350 à la Chambre continue cependant à lui échapper. Dimanche soir,
Pedro Sanchez, le chef du Parti socialiste, a félicité Mariano Rajoy pour sa
victoire, tout comme Albert Rivera, qui dirige le parti de centre libéral
Ciudadanos. M. Rivera a clairement indiqué qu’il était prêt à entamer des
négociations avec les conservateurs pour négocier la formation d’un
gouvernement. Les socialistes espagnols ont pour leur part affirmé hier qu’ils n’appuieraient pas Mariano Rajoy. Le secrétaire d’organisation du PSOE,
César Luena, a fait valoir qu’il revenait d’abord à Mariano Rajoy de tenter
de former un gouvernement, en tant que premier parti politique. «Nous allons
y aller pas à pas» mais «celui qui doit prendre l’initiative (de tenter de former
un gouvernement), c’est M. Rajoy», a dit M. Luena, numéro trois du parti,
à la radio Cadena ser.A la question «les socialistes pourraient-ils s’abstenir»
à un vote d’investiture si cela était nécessaire pour former un gouvernement,
M. Luena a répondu: la décision «viendra en son temps mais la vocation du
PSOE, c’est d’évincer Rajoy». Il a assuré que la position des socialistes
restait la même que pendant la campagne, en disant: «nous n’allons pas
appuyer Rajoy ni par action ni par omission, pour que ce soit clair».
Le PSOE a rejeté la possibilité d’entrer dans une coalition transversale avec
le PP et les centristes de Ciudadanos: «Les votes du PSOE reçus hier sont
destinés à évincer Rajoy, pour changer les politiques injustes, inefficaces,
antisociales du PP», a dit M. Luena.Les Espagnols ont dû retourner aux urnes
dimanche, six mois après les législatives du 20 décembre, les partis n’ayant
pas été capables de trouver une formule de coalition. Mais les résultats ont peu
varié et dans un Parlement fragmenté entre quatre grandes forces les conservateurs,
les socialistes, la coalition de gauche Unidos Podemos et les libéraux de
Ciudadanos une alliance sera incontournable pour pouvoirformer un gouvernement.
Aniss Z.