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Le "chef d'équipe" Ayrault prend la pose social-démocrate
PARIS (Reuters) - L'exécutif français se place désormais sur une ligne clairement social-démocrate pour mener à bien la "bataille de l'emploi" confiée à un Jean-Marc Ayrault conforté par François Hollande dans son rôle de chef de l'équipe gouvernementale.
Trois interventions publiques en 24 heures, une tribune dans Le Monde et un retour sur le réseau social Twitter : ce début 2013 est celui de la remise en selle du Premier ministre.
Remisés, à défaut d'être oubliés, les "couacs", procès en autorité, chute dans les sondages et autre gestion floue de dossiers comme Florange qui ont assombri 2012.
En ce début janvier, l'heure est à la "mobilisation générale" pour la croissance et l'emploi sous l'autorité d'un "chef" au bail renouvelé par le président.
Jean-Marc Ayrault, donné sur le départ fin 2012 par une partie de la presse, est apparu requinqué cette semaine.
"Je n'ai pas besoin d'être conforté, je suis le chef d'équipe", a-t-il dit en sortant de l'Elysée, où s'est tenu le premier des deux séminaires gouvernementaux de la journée.
"Nous sommes en début d'année 2013 et les Français attendent un signe, un cap, une volonté et tout le monde a compris que ce signe est très fort, cette volonté est partagée et cette détermination est entière", a-t-il ajouté.
LE REFUS DU TOUT À L'EGO
La veille, François Hollande avait renouvelé sa confiance et sonné la fin de la récréation pour les ministres trop impétueux ou tentés d'enfoncer un coin entre les deux têtes de l'exécutif.
"Un gouvernement, ce n'est pas une addition d'individualités "C'est un ensemble qui a son identité, son image, sa personnalité. Et aussi son chef", a dit le président dans ses voeux au gouvernement.
"Une fois l'arbitrage du Premier ministre intervenu, sous mon autorité, il vous engage sans restriction, sans exception et sans exclusive", a-t-il ajouté, ce qui sonne comme un rappel à l'ordre après le débat sur la nationalisation de Florange défendue par le ministre du Redressement productif Arnaud Montebourg même après son rejet par Jean-Marc Ayrault.
L'avenir dira si les membres les plus turbulents du gouvernement comme Arnaud Montebourg, Manuel Valls (Intérieur) ou Vincent Peillon (Education nationale) ont reçu le message.
"La survalorisation des ego se termine toujours au tout à l'ego", a déclaré à Reuters le ministre des Affaires européennes, Bernard Cazeneuve, saluant au passage en Jean-Marc Ayrault "un homme d'une grande solidité dans les épreuves".
Au-delà de la mobilisation tous azimuts, qualifiée par l'opposition de vain affichage digne de la méthode Coué, Jean-Marc Ayrault s'est exprimé sur le fond de sa politique.
Son "modèle français" détaillé dans Le Monde invite à trouver un équilibre entre prise de risque et préservation des acquis sociaux dans un monde en mutation, sans craindre la mondialisation ni stigmatiser les entrepreneurs.
LA VAGUE DE LA CRISE
Il n'hésite pas à prendre en exemple la Suède ou l'Allemagne et à annoncer une réduction des dépenses publiques longtemps taboue dans la doctrine du Parti socialiste, même si le flou règne encore sur ses contours.
Le Premier ministre, qui aime se présenter comme un "social-républicain" menant "sans doute la politique la plus à gauche d'Europe", se démarque ainsi de la gauche radicale et des chantres de la "démondialisation" comme Arnaud Montebourg.
"Le modèle français doit concilier à la fois compétitivité, efficacité, performance, solidarité et justice fiscale", a-t-il dit vendredi à Matignon. "Le redressement du pays est impossible si nous n'avançons pas sur les deux pieds de façon équilibrée".
La formule "nouveau modèle français" avait été lancée lors de son discours au congrès du Parti socialiste de Toulouse, fin octobre. Elle n'avait toutefois pas été reprise par François Hollande.
Matignon y revient en ce début d'année pour donner sens à la politique menée, sévèrement jugée par les Français dans son ensemble dans les sondages mais plutôt approuvée quand on prend une à une chaque mesure.
"Nous sommes dans la droite ligne des engagements de campagne de François Hollande. En même temps, il s'agit de donner une cohérence d'ensemble, une perspective, d'expliquer vers quoi nous allons", souligne un membre du cabinet Ayrault.
Bernard Cazeneuve ressort, lui, une formule de Jean Jaurès : "Le courage, c'est d'aller à l'idéal et de comprendre le réel".
"Nous ne sommes pas dans l'incantation. Il faut arrimer notre stratégie à la réalité non pas pour s'y soumettre, mais pour la dominer", dit le ministre.
La séquence de Nouvel An a fait l'objet d'un "échange politique" à Matignon, a rapporté à sa sortie le ministre de l'Economie solidaire, Benoît Hamon.
Interrogé par la presse sur un éventuel virage social-démocrate, ce tenant de la "gauche du PS" a répondu : "Vous êtes sur l'écume de la vague. Concentrez-vous sur la vague. Et la vague, c'est la crise".
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