La situation humanitaire dans la ville syrienne d’Alep désastreuse
L’appel désespéré de l’ONU aux belligérants
le 03.10.16 | 10h00
Prises en étau entre l’armée syrienne, les milices rebelles et autres groupes terroristes,Interpellé par leur drame, le coordonnateur des secours d’urgence (OCHA)
les populations civiles vivent l’enfer à Alep.
**Contenu caché: Cliquez sur Thanks pour afficher. **
Profitant d’une trêve, la population civile d’Alep sort
constater les dégâts occasionnés par les bombardements
qui ont visé la ville
de l’ONU, Stephen O’Brien, a lancé hier un appel urgent pour que cessent
les bombardements sur cette ville. Il a estimé que les civils syriens sont
confrontés «à un niveau de sauvagerie qu’aucun humain ne devrait avoir
à supporter». M. O’Brien a appelé à «une action urgente pour mettre fin à
l’enfer sur Terre» pour les 250 000 personnes prises au piège. «Le système
de santé dans l’est d’Alep a été presque réduit à néant», a déploré M. O’Brien,
après que le plus grand hôpital des quartiers rebelles d’Alep ait été bombardé
samedi, pour la deuxième fois cette semaine. M. O’Brien a appelé les
belligérants à permettre au moins l’évacuation des centaines de civils
nécessitant des soins urgents. Les réserves d’eau et de nourriture sont très
basses dans l’est d’Alep, selon l’ONU et l’aide humanitaire pour la ville via
la Turquie a été bloquée par les combats. Divisée depuis 2012 entre un secteur
ouest contrôlé par le gouvernement et des quartiers est aux mains des rebelles,
Alep est actuellement le principal front du conflit syrien.
L’armée syrienne progresse
Sur le terrain, l’armée syrienne a repris hier la zone industrielle de Chakif
dans la province d’Alep (nord-est), a indiqué une source militaire à la presse
syrienne. En s’emparant de cette zone dans le nord de la province, contrôlée
depuis quatre ans par les insurgés, les forces gouvernementales sécurisent
davantage leur contrôle de la route du Castello, qui a longtemps été l’axe de
ravitaillement des rebelles occupant les quartiers orientaux d’Alep, avant
d’être reconquise il y a deux mois. L’Observatoire syrien des droits de
l’homme (OSDHL) avait auparavant indiqué que l’armée syrienne continuait
hier de progresser face aux rebelles à Alep, grâce au soutien de nombreuses
frappes de l’aviation russe. Les forces de l’armée syrienne qui veulent
reprendre la totalité de la deuxième ville du pays ont «progressé dans le
secteur de Chakif jusqu’à la périphérie du quartier Al Halak», contrôlé par
les rebelles, a fait savoir Rami Abdel Rahmane, directeur de l’OSDH.
Au plan diplomatique, c’est par contre le blocage. C’est d’ailleurs ce qui
inquiète le plus la communauté internationale. La porte-parole du ministère
russe des Affaires étrangères, Maria Zakharova, a prévenu, hier, à ce propos,
que le rejet d’un règlement diplomatique à la crise syrienne peut mener à un
conflit à grande échelle et à des «changements tectoniques» dans toute la
région. «Le lobby des Etats-Unis a vraiment brouillé les cartes et ne permet
pas la réalisation d’un accord», a déclaré Zakharova à la chaîne russe TVTs,
illustrant ainsi les rapports tendus entre Washington et Moscou depuis le
bombardement, dans la nuit du 19 au 20 septembre dernier, d’un convoi
humanitaire du Croissant-Rouge syrien et de l’Onu à Urum Al Kubrah, au
nord-ouest de la ville d’Alep et qui a fait 21 morts.
Changements tectoniques
En revanche, la porte-parole a refusé de répondre à la question sur la
réaction possible de la Russie dans le cas où les Etats-Unis utilisent la force
contre la Syrie. «Je ne peux pas spéculer sur ce qui se passera. C’est aux
experts d’y répondre. Pour ma part, je dirais qu’il est important de rester
dans le cadre des accords», a-t-elle dit. «Si les Etats-Unis lancent une
agression directe contre Damas et l’armée syrienne, ceci conduira à des
changements tectoniques effrayants, non seulement en territoire syrien,
mais également dans toute la région», a-t-elle ajouté. Côté américain, le
secrétaire d’Etat, John Kerry, avait affirmé plus tôt que Washington peut
geler la coopération avec Moscou sur le dossier syrien. La presse
internationale a également rapporté que les Etats-Unis n’écartent pas la
possibilité de mener des frappes contre les forces syriennes. Le conflit en
Syrie a fait plus de 300 000 morts depuis 2011 et engendré la plus grande
crise humanitaire depuis la Seconde guerre mondiale.
Aniss Z.