Bonjour,
Je ne me permettrai pas de faire une synthèse de ce que j'ai lu et encore moins m'aventurer à disséquer l'embrouillamini fait autour des codes de l'islam. Ce que je peux remarquer c'est qu'il demeure l'objet de controverses de toutes parts et même au sein de ses pratiquants. Autant dire que chacun, musulman ou pas, est parvenu à s'autoriser à donner une interprétation personnelle de chaque hadith et sourate au gré de sa propre compréhension ou du but politique recherché. Certains vont encore plus loin en s'auto-proclamant juges ! Et c'est en cela, et surtout en l'absence d'une haute autorité islamique reconnue, que résident les principales entraves à une bonne exégèse de l'islam. De ce que l'on m'a inculqué de l'islam, c'est avant tout la tolérance par la reconnaissance des autres croyances monothéistes et le respect pour les autres croyants, agnostiques ou laïcs. Que le devoir d'un musulman est de propager, à l'instar de toutes les autres , sa religion pacifiquement et qui a incontestablement contribué à son expansion de façon permanente à travers les cinq continents.
Il étalait son tapis , se dressait en direction de la Mecque et à chaque fois avant d'entamer sa prière , il se retournait vers moi et calmement:
"C'est mon devoir sacré de te transmettre les préceptes et commandements de notre religion et le rappeler constamment afin que je ne sois pas comptable et coupable au Jugement Dernier. Il est grand temps pour toi de revenir à la prière" . Et concluait avec soupir " Esstafir allah. Maintenant, Enta ou moulak.."
Orphelin, il fût élevé et enseigné par la confrérie de l'Association des oulémas algériens présidé par le cheikh Ben Badis qu'il l'enverra enrichir ses études à la Zitouna et Al Azhar. A son retour, il deviendra un proche collaborateur et militant de Mohamed Bouras fondateur des scouts musulmans . A partir de 1942, il s'engagera dans la lutte contre le colonialisme jusqu'à la libération sans rien réclamer une quelconque compensation. Le seul honneur c'est son certificat d'ancien moudjahid
Il épousera une femme atteinte de cécité totale qui lui donnera trois enfants. Un jour, lui faisant remarquer la cruauté de la main coupée infligée dans l'islam à un voleur, il me répondit ceci : " C'est une erreur. On devrait couper la main à celui qui a soumis un homme dans la précarité et le besoin pour l'amener à commettre un larcin".
Au risque de me confronter au regard d'un démuni, il m'interdisait de consommer une friandise ou un biscuit en dehors du foyer. Il méprisait au plus haut point l'étalage de la richesse et son luxe incompatibles avec l'islam et s'est exclamé furieusement contre Abassi Madani le voyant sortir d'une grosse berline Mercedes : "C'est ça un musulman ? Alors que le peuple crie misère !". Pensant le calmer, je lui ai dit que cette voiture était un cadeau. Vaine tentative :" Et bien justement ! Son devoir était de vendre ce véhicule et en distribuer la recette à tous les démunis. C'est ça l'islam ! ".
Si j'en en parle pour la première fois publiquement de mon père, c'est parce que je considère avec objectivité qu'il était à l'image au sens propre comme au figuré du musulman. Qu'il donnait dos à l'obscurantisme et estimait l'art dans son entité comme un apport essentiel à l'épanouissement de l'homme musulman et que ce dernier ne devait pas monter au paradis avec la tête vide.