Inondations au Maroc: impréparation et infrastructures "défaillantes"
La presse marocaine a dénoncé mardi des carences dans la gestion des inondations et des infrastructures "défaillantes", après des intempéries qui ont fait au mois 36 morts dans le sud du pays, alors qu'une nouvelle alerte météo a été lancée.
Intervenant devant le Parlement, en cours d'après-midi, le ministre de l'Intérieur, Mohammed Hassad, a indiqué que le dernier bilan --encore provisoire-- faisait état de 36 morts.
Ce responsable a également signalé que près de 500 personnes au total avaient été secourues lors des ces inondations qu'il a lui-même qualifiées "d'exceptionnelles", évoquant des cumuls de précipitations dépassant les 400 millimètres dans l'Atlas.
Mais le quotidien Aujourd'hui Le Maroc s'est interrogé sur l'absence de mesures d'urgence avant ces "48 heures de cauchemar".
"Il ne suffit plus de dire aux gens, 'attention ça va pleuvoir fortement et puis débrouillez-vous' (...) Pourquoi n'a-t-on pas relevé le niveau d'alerte? Pourquoi n'a-t-on pas évacué les personnes vivant à proximité des oueds (rivières)?", a écrit le journal dans un éditorial.
Al-Akhbar a, lui, relayé les critiques de villageois sur les "infrastructures défaillantes". Ceux-ci affirment avoir déposé après de précédentes inondations, "des dizaines de recours et pétitions auprès des responsables locaux", mais "sans suite".
Cité par Libération, le quotidien du principal parti socialiste, Abdelwahab Belfkih, président de la commune de Guelmim, secteur le plus touché, assure avoir "adressé des centaines de lettres" à des départements ministériels "afin de procéder aux travaux d'entretien et de restauration des infrastructures routières, en vain".
"Inondations: des intempéries et des négligences", a titré L'Economiste, selon qui "400 points à risque" ont été identifiés dans le cadre d'un "plan national de protection contre les inondations". Mais ce plan est "à la peine", et pour les seuls 50 sites "prioritaires", le montant des investissements est de six milliards de dirhams (environ 550 millions d'euros).
Pour Al Ahdath al-Maghribia, les moyens de secours se sont également avérés insuffisants. Il a affirmé qu'un "camion poubelle" avait dû être utilisé pour transporter des cadavres.
Des centaines de familles ont protesté contre "la gestion locale" et "la corruption", à l'origine, selon elles, des défaillances constatées, selon le journal.
Les médias ont enfin souligné qu'une nouvelle tempête était prévue en fin de semaine dans le Sud. Une alerte météo pour des précipitations pouvant atteindre 120 mm a été publiée.
Profitant de l'accalmie, des hélicoptères de la gendarmerie royale effectuaient des rotations pour acheminer de l'aide alimentaire à quelque 650 foyers de la région montagneuse de Tighdouine, à 50 km de Marrakech, selon les autorités.
Les chauffeurs de taxis et d’autocars sont en partie responsables du nombre élevé de victimes suite aux inondations meurtrières qu’a connues le Maroc ces derniers jours.
Interrogé lors de la séance des questions orales à la Chambre de représentants, le Ministre de l’Intérieur Mohamed Hassad a considéré comme exceptionnelles les précipitations enregistrées dans le pays, surtout à Agadir, Ouarzazate, El Haouz et Guelmim, mais a accusé les chauffeurs de taxis et d’autocars d’avoir passé outre les consignes des gendarmes demandant de ne pas traverser les routes inondées.
Cette réponse n’a pas été du goût de certains députés de l’opposition qui ont accusé à leur tour le gouvernement d’être responsable de ce drame qui a fait 36 morts, ce à quoi Hassad a répondu qu’il fallait éviter les surenchères politiciennes.