La direction de la maison de retraite de Chaville et un fils de la femme de 94 ans renvoyée s’opposent sur la fréquence des visites à la vieille dame.

Difficile d’y voir clair, dans l’affaire de la nonagénaire mise à la porte de sa maison de retraite de Chaville, pour défaut de paiement.
Hier face à ce qu’il nomme des « calomnies », Alain, gynécologue à l’hôpital privé d’Antony et l’un des fils de l’ex-résidante, est sorti, hier, du silence.
« Je ne suis pas un fils indigne. Je passe voir ma mère trois fois par mois, en permanence, contrairement à ce que dit la direction. Et ça n’excuse rien. Elle a été envoyée sur l’ancien lieu de travail de mon frère et non à son domicile. Surtout, quand ils ont vu qu’il n’y avait personne, ils auraient dû m’appeler, puisqu’ils ont mon numéro, au lieu de l’envoyer aux urgences », s’insurge Alain.
Car dans l’affaire, la vieille dame de 94 ans, en réaction au silence de la famille et surtout à une dette de 40000 € (l’équivalent d’un an de séjour), avait été envoyée vendredi soir chez l’un de ses fils en Eure-et-Loir. Mais l’ambulance, trouvant porte close, avait déposé la résidante aux urgences de Châteaudun, où elle a passé soixante heures.
Son fils Alain lui a finalement trouvé une place, lundi après-midi, au service cardiologie de l’hôpital d’Antony où il exerce. « C’est inadmissible », assure-t-il. Et s’il reconnaît « une histoire de famille à régler derrière, plus compliquée que cela n’y paraît », il assure ne pas savoir « comment sont gérés les comptes de ma mère ».
Plus de 35 000 € d’arriérés
« Des mensonges éhontés », pour l’établissement de Chaville. « Il est impossible qu’il ne soit pas au courant, répète le cofondateur du groupe Beausoleil. Il s’agit d’une reconduction au domicile face à une famille qui n’assume pas ses responsabilités. Le premier fils, Alain, est venu deux fois rendre visite à sa mère en deux ans. Le second, François, une seule fois. Mais je réclame une confrontation avec ce monsieur, ne serait-ce que pour voir s’il connaît la maison », insiste Richard Claverie. « Certes, nous avons commis une maladresse et aurions dû la ramener chez nous. Mais l’adresse du lieu de travail était la seule que nous avions. Certains chèques pourraient même avoir été signés par la société en question. »
Face à ces réponses contradictoires reste une seule certitude. Le tribunal de grande instance de Nanterre, dans une ordonnance en référé du 31 octobre dernier, a bien condamné la vieille dame à payer plus de 35000 € d’arriérés. Celle-ci — dont les comptes sont gérés par son fils — perçoit plus de 2200 € par mois de retraite. Et les fils — notaire, gestionnaire en patrimoine et gynécologue — disposent de « moyens », selon l’établissement de retraite. Mais n’ont jamais réglé la facture.
Pour l’heure, une enquête administrative est menée par l’agence régionale de santé. En attendant ses réponses, l’avenir de la nonagénaire, victime malgré elle, reste, lui, incertain. Son fils Alain refuse qu’elle retourne à Chaville et cherche une solution.
Hier après-midi, Michèle Delaunay, la ministre déléguée chargée des Personnes âgées, s’est rendue quelques minutes au chevet de la vieille dame. D’après elle, cette dernière « sait où elle se trouve, mais est un peu brouillée sur le récit de ces derniers jours, mêlant ses souvenirs avec ceux de la maison de retraite. Je ne crois pas qu’elle soit dans un état de souffrance mais, en revanche, il est probable que les événements aient contribué à l’embrouiller davantage ». Elle assure qu’elle aidera « si besoin » à trouver une solution d’hébergement « Mais il est impératif de clarifier le droit des personnes du quatrième âge et, dans un cas comme celui-là, définir la démarche du directeur de la maison de retraite et de la justice. »