Le bilan a été fourni hier par le haut-commissariat pour les réfugiés

Plus de 10 000 morts en Méditerranée depuis 2014
le 08.06.16 |10h00
L’EU veut s’attaquer aux «causes profondes» des migrations
en donnant aux Africains des perspectives d’avenir
chez eux, via le financement de projets concrets.
Plus de 10 000 migrants ont perdu la vie en Méditerranée depuis 2014.
Ces migrants sont morts en tentant de rejoindre l’Europe. L’information
a été donnée hier à Genève par le porte-parole du Haut-Commissariat
de l’ONU pour les réfugiés (HCR). En 2014, il y a eu 3500 morts en
Méditerranée, l’an dernier 3771, auxquels s’ajoutent 2814 décès depuis
le début de 2016. C’est un véritable bilan de guerre. Ce chiffre effrayant
montre encore fois l’ampleur du drame de l’immigration.
De son côté, l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), qui
ne dépend pas de l’ONU mais qui est basée à Genève, estime que depuis
le début de l’année 2016, il y a eu 2809 morts en Méditerranée, à comparer
avec 1838 morts durant le 1er semestre 2015. «Le nombre de décès en
Méditerranée en 2016 dépasse de presque 1000 personnes le bilan du
1er semestre 2015, alors qu’il reste encore trois semaines avant la fin du
1er semestre 2016», a indiqué l’OIM dans un communiqué.
L’OIM a également donné des précisions sur le naufrage la semaine
dernière d’un bateau de migrants au large des côtes de la Crète. Selon l’OIM,
qui se base sur des témoignages, 648 à 650 personnes étaient à bord du
bateau et 320 manquent à l’appel. En date du 5 juin 2016, poursuit l’OIM,
206 400 réfugiés et migrants sont arrivés en Europe par la mer, via la Grèce,
Chypre et l’Espagne depuis le début de 2016. Aucun décès n’a été signalé en Méditerranée depuis samedi 4 juin.Comme arrêter cette catastrophe ?
La Commission européenne pense avoir trouvé la solution. Elle a dévoilé hier
un nouveau plan pour freiner l’afflux migratoire, faisant miroiter de nouvelles
aides financières réservées aux pays «coopératifs» d’Afrique, d’où viennent
la plupart des migrants ayant entrepris la périlleuse traversée vers l’UE ces
dernières semaines. «L’idée est de se baser sur l’expérience que nous avons
récemment eue pour nos accords avec la Turquie», a expliqué le commissaire
en charge des migrations, Dimitris Avramopoulos, dans une interview publiée
hier par le quotidien allemand Die Welt.Pour s’assurer une coopération des pays
d’origine dans la maîtrise des flux migratoires, le plan propose des partenariats
renforcés, en priorité avec des pays comme l’Ethiopie, le Niger, le Nigeria,
le Mali, le Sénégal, mais aussi la Jordanie et le Liban. «Nous pouvons garantir
aux pays qui se montrent coopératifs, en plus des aides actuelles, un soutien
financier additionnel et un renforcement des relations commerciales»,
a avancé M. Avramopoulos. «Pour ceux qui ne respectent pas les accords,
il pourrait y avoir aussi des restrictions», a-t-il prévenu, indiquant que la
Commission présenterait un plan d’investissement détaillé à l’automne,
inspiré du «plan Juncker».Les Européens sont disposés à mettre sur la table
quelque 3 milliards d’euros du budget européen, censés déclencher des
investissements complémentaires jusqu’à 62 milliards d’euros si des partenaires
privés participent et que des Etats membres y contribuent de leur côté.
L’objectif affiché est de s’attaquer aux «causes profondes» des migrations,
en donnant aux Africains des perspectives d’avenir chez eux,
via le financement de projets concrets. Il s’agit aussi d’obtenir des pays
africains qu’ils luttent davantage contre les passeurs et acceptent beaucoup
plus de «réadmissions» de leurs ressortissants.
Aniss Z.