Si l'on est habitué à entendre parler du règne animal ou du règne végétal, l'existence d'un troisième règne, fongique (celui des champignons), est déjà un peu moins connu. Et ce n'est cependant pas le seul règne supplémentaire.
La nomenclature actuelle basée sur les travaux de Woese et son équipe (1977, 1990)[1], et ceux de Cavalier-Smith (1998, 2004)[2] intègre l'existence de 6 règnes différents : Animaux, Végétaux, Champignons, mais également Protistes, Bactéries et Archées (archea), ces trois derniers étant constitués d'organismes unicellulaires principalement.
A quoi correspondent ces règnes?
Archées et bactéries sont des procaryotes : leur matériel génétique est libre, non enfermé dans un noyau, leur mode de reproduction est asexuée, scissiparitaire. La scissiparité consiste en une duplication de l'ADN, après laquelle la cellule mère donne naissance par scission, à deux cellules filles identiques. Archées et bactéries sont différenciées sur une base phylogénétique et moléculaire, les archées étant beaucoup plus proches, phylogénétiquement, des eucaryotes, que des bactéries.Deinoccocus Radiodurans, surnommée Conan la bactérie grâce à ses résistances exceptionnelles, ou Pyrolobus Fumarii, qui résiste à une température de 113°C, sont des exemples d'organismes bactériens et archées.
Les Procaryotes se distinguent des eucaryotes (noyau et mode de reproduction par mitose) qui comprennent les 4 autres règnes : végétal, animal, protiste et fongique. Le règne fongique est apparu dans la littérature à partir de 1969, il est donc récent, bien que proposé dès 1949 (Jahn J-T. et Jahn F.) Pourtant, les champignons se distinguent nettement des végétaux sur plusieurs points : absence de photosynthèse, nutrition à base d'élément organique (comme les animaux), absence de feuilles... C'est par exemple le cas du plus grand champignon du monde, Armillia Ostoyae.
Les protistes constituent un règne à part constitué de petits organismes, majoritairement unicellulaires. Dans la classification phylogénétique actuelle, les protistes n'existent plus en tant que règne, à cause de leur grande diversité. Cavalier-Smith a proposé de les déclasser en deux règnes distincts, Protozoaires (premiers organismes à phagocyter leur nourriture) et Chromista (eucaryotes microscopique majoritairement photosynthétiques). Néanmoins, les protistes restent une référence de la classification classique.
Classification en empire/domaine et en règne
Du fait des différences énormes de constitution entre les bactéries, les archées, et les eucaryotes, plusieurs auteurs ont proposé de surclasser les règnes en deux empires (Procaryotes/bactéries et Eucaryotes, Cavalier-Smith, 2004) ou en trois domaines (Bactéries, Archées, Eucaryotes, Woese, 1990), tandis que d'autres auteurs (ou les mêmes) suggéraient la scission de règnes existant en plusieurs règnes différenciés (les protistes déclassés en Chromista et Protozoaires, ou les archées déclassées en Crenarchaeota et Euryarchaeota) ou l'avènement d'autres règnes indépendants, comme celui des Archetista (virus). Les virus ne sont pas encore considérés comme vivants. Toutefois, des virus volumineux (plus gros que certaines bactéries!) qui ont perduré à travers le temps, relancent le débat. Mimivirus et Mamavirus possèdent ainsi des gènes communs à certaines bactéries, certaines archées et même des eucaryotes. Ces deux virus sont si gros qu'ils peuvent même être infectés par d'autres virus. Considérant qu'il s'agit de virus très anciens, on peut imaginer les placer dans une classification phylogénétique qui les ferait entrer, de facto, dans le sur-domaine du vivant.