D’une manière générale, l’islam inscrit la sexualité dans un cadre défini, celui du mariage, qui revêt pour le musulman une dimension spirituelle. La Sunna du Prophète est sur ce point explicite. Interrogé par ses compagnons sur le surplus de richesses des uns qui leur rendait l’aumône plus aisée, le Prophète répondit que les invocations adressées à Dieu devaient être considérées elles aussi comme des aumônes, de même que l’accomplissement de l’acte sexuel.Cette réponse ne pouvait que surprendre ses interlocuteurs. L’Envoyé de Dieu étaya sa réponse en soulignant que si l’acte sexuel commis de manière illicite constituait un péché et méritait un châtiment, celui qui l’était de manière licite méritait récompense et devait être considéré comme une aumône. Seuls les rapports avec le conjoint sont donc licites, toute relation avec une autre personne relève de la fornication. Et le Coran est clair et précis :
La fornication, telle qu’elle est présentée par le Coran, apparaît comme le degré zéro de la prostitution, car celle-ci est une forme de fornication institutionnalisée, organisée en commerce. Son incompatibilité avec l’islam est fondamentale. Elle apparaît comme étant la pire des aliénations de la dignité humaine. A ce titre, nous ne ferons pas de distinctions au sein de ses différentes manifestations : féminine, masculine ou infantile : l’une n’étant pas moins scandaleuse que l’autre, toutes étant une forme d’exploitation humaine, un esclavage masqué qui atteint la personne dans son droit le plus fondamental ; le droit à l’ intégrité physique et morale. La sexualité se doit, dans la conception islamique, d’être vécue dans sa globalité, dans ses dimensions biologique, sociale, affective et spirituelle. L’acte sexuel dans la relation vénale, en faisant une scission entre le physique et l’affectif, aboutit à une déshumanisation dont les séquelles physiques et psychiques ne doivent pas être négligées chez la personne prostituée. Il semble, aujourd’hui, que la façon dont s’actualise la prostitution dans la société est tributaire d’une "culture" où la liberté sexuelle est posée comme une revendication centrale. La prostitution et son relais, la pornographie, sont perçues comme des expressions plurielles de la sexualité. Cette nouvelle manière d’appréhender la question de la prostitution est aussi pernicieuse que les clichés qui l’accompagnent, elle empêche qu’une réflexion et qu’un débat de société puissent voir le jour.
Tout aussi tendancieux est le discours qui revendique le droit de disposer de son corps au nom de la liberté individuelle, qui fait la part entre " prostitution libre "et "prostitution forcée " en légitimant ainsi la première, qui véhicule une certaine conception de la sexualité et qui aboutit à entretenir un certain flou artistique quant à l’engagement de la société civile pour enrayer ce fléau. En cette fin de siècle, " le plus vieux métier du monde " est devenue une industrie complexe qui met en oeuvre les technologies les plus récentes (Minitel, internet, etc.).
Que doit-on penser de l’éclosion de cette prostitution occasionnelle qui n’a de justification que dans l’argent, devenu la valeur fondamentale ? De celle des mineurs qui n’ont plus de repères ? De la prostitution liée à la toxicomanie que l’on semble presque justifier ? De celle de ces femmes et de ces hommes sans titre de séjour, venus des pays de l’Est, du Maghreb ou d’Afrique ? De celle des enfants ? La diversité des formes de cette nouvelle prostitution dans nos sociétés modernes ne doit-elle pas nous interpeller davantage ? La position des musulmans, au nom de leurs références que sont le Coran et la Sunna, est de réaffirmer aujourd’hui peut-être plus que jamais un refus de la prostitution, épousant le mot d’ordre de l’Unesco : " Nous sommes pour une société sans prostitution ".
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