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    Post Réflexion :Changer notre vision de Dieu

    Contribution 15 Décembre 2014

    Aâm aâm celui qui nous avait taxé de ghachis...

    Réflexion:Changer notre vision de Dieu



    Par Nour-Eddine Boukrouh
    [email protected]

    «La science sans la religion est boiteuse ; la religion sans la science est aveugle»
    (Albert Einstein)

    «Si Dieu est le cosmos, alors je crois en Dieu. Si Dieu est le processus créatif appelé Evolution, alors je crois en Dieu. Si Dieu est ces 13,7 milliards d’années d’essais et d’erreurs qui ont produit la pensée, alors je crois en Dieu. Mais si Dieu est satisfait de la mort et des meurtres qui ont lieu depuis le début de la vie, voici 3,5 milliards d’années, si l’Univers persiste à générer de la souffrance, alors je crois que le seul Dieu, la seule force qui va nous entraîner vers une existence plus humaine est la force combinée de vous et de moi.»
    (Howard Bloom, Le Cerveau global)

    Pour enclencher la réforme de l’islam qui pourrait remettre les musulmans dans l’axe de l’évolution et du savoir, pour rendre leurs idées «authentiques et efficaces» comme elles l’étaient à leur point de départ, ils doivent commencer par le haut, par le ciel, par le changement de leur vision de Dieu à la lumière de données coraniques réinterprétées et des dernières «révélations» de la science. Dieu existe, c’est le musulman qui n’existe plus depuis longtemps dans l’Histoire. Allah est grand, c’est le musulman qui est petit parmi les plus petits sur la terre ; Dieu donne la vie à travers un processus prodigieux, c’est le musulman qui l’ôte avec une facilité déconcertante ; Dieu n’a pas besoin de nous, c’est nous qui arguons de Ses intentions pour justifier nos penchants à la domination et le mal que nous commettons dans la vie courante sans nous rendre compte. Les grandes religions monothéistes ont mis en scène deux visions de Dieu : un Dieu de l’Univers, maître et créateur de tout, et un Dieu de l’Histoire engagé dans les actes quotidiens de Ses créatures, impitoyable avec les «infidèles» et miséricordieux envers Ses adorateurs.
    Le premier ne pose problème ni aux croyants ni aux non-croyants, alors que le second est à l’origine de l’animosité entre croyants d’abord et entre croyants et non-croyants ensuite. Le Dieu de l’Univers est plus convaincant que le Dieu de l’Histoire.
    Si les Ecritures ont révélé Dieu à une humanité primitive, dépourvue de moyens d’investigation intellectuelle et proie facile à des forces de la nature sur lesquelles elle n’a aucune prise et qu’elle assimile à des forces surnaturelles la dépassant et l’écrasant, la science révèle un autre Dieu, véritablement omnipotent et omniscient, ami de l’intelligence et destinant l’homme à exercer son génie jusqu’à parvenir à Lui par la connaissance. Cette foi-là ne sera jamais déçue, alors que celle des Ecritures a été malmenée et souvent démentie.
    En ces temps lointains, les règles juridiques, la loi, la morale séparant le bien du mal et l’utile du nocif à la santé individuelle et collective, l’éthique sociale, la philosophie et la science n’existaient pas, mais seulement la loi du plus fort, les légendes et les mythes. Dieu devait orienter et instruire une humanité dans l’enfance mentale pour sa propre sauvegarde. Il fallait utiliser un langage qu’elle pouvait comprendre, des images, des métaphores et des allégories accessibles et porteuses de sens pour elle et exiger qu’elle s’y conforme par un acte de foi total. Il fallait frapper l’imagination, utiliser parfois les «miracles» comme preuves, et d’autres fois recourir à la peur et à la cœrcition pour obliger au respect de ces règles indispensables à la vie en groupe.
    Plus tard, au VIIe siècle, lorsque l’homme avait parcouru un chemin important sur la voie de la raison et des réalisations morales et matérielles (codes de conduite, sagesse, techniques et sciences développées par les civilisations de l’Antiquité, organisation sociale plus élaborée, monothéisme assez répandu parmi les hommes…), le Coran est venu lui tenir un langage empreint de rationalité pour le pousser vers davantage de réflexion et de progrès. Il a mis les «savants» («dhou-l-albab»), ceux qui réfléchissent, au-dessus des autres, fussent-ils les plus pieux ou les «martyrs» qui donnent leur vie pour la foi. La méthode choisie semble de procéder par touches successives, avançant chaque fois un peu plus dans les descriptions et les explications relatives au conditionnement de la nature pour la rendre vivable, à la chaîne alimentaire pour perpétuer la vie, à la création de toute chose à partir de l’eau, à la «création par phase» de l’homme et à sa conception intra-utérine pour le mettre sur la piste de l’idée d’Evolution. La sensation qui s’incruste en nous au fur et à mesure qu’on chemine dans la lecture du Coran dans l’ordre chronologique est qu’il déroule son message suivant une logique : l’homme est informé qu’il fait partie d’une Création et situé dans un milieu cosmique inintelligible encore ; la conservation de l’espèce ne nécessite pas qu’une chaîne alimentaire, elle doit revêtir un sens et avoir un but, choses dont il va être informé par un «Message», une «information» venue de Dieu ; l’éveil au principe transcendantal va le relier à l’Univers et accélérer son processus d’humanisation par l’entrée en jeu de valeurs morales (obligations et interdits) et de rites qui fixeront l’identité de chaque communauté dans la diversité humaine.
    L’enchaînement des versets et des sourates suit une méthodologie : Dieu est un, la vérité est une, l’histoire des hommes et leur destin sont communs. Par son insistance sur le principe d’unicité et d’universalité de Dieu, la valeur la plus sacrée aux yeux de l’islam, le Coran veut libérer les sociétés primitives de l’idolâtrie et du polythéisme qui les maintiennent loin des chemins de la droiture et du savoir. Depuis Adam, Dieu a envoyé à tour de rôle aux hommes une «direction» pour les orienter dans la nature et l’Histoire. Il a périodiquement choisi au sein de chaque communauté un homme parlant son langage pour les appeler à un comportement altruiste et moral. Il faudrait plusieurs livres pour traiter de ce qu’on découvre à la lecture du Coran dans l’ordre chronologique. Une nette démarcation apparaît entre la première partie où est exposé le Sens de la nouvelle religion (de la sourate 1 à la 86, révélées entre 610 à 622, année de l’émigration du Prophète à Médine) et la seconde où est exposé le rite (de la sourate 87 à la 114, révélées entre 622 à 632, année de la mort du Prophète). Cette franche démarcation n’est pas perceptible quand on le lit dans l’ordre où il est actuellement, car on passe de sourates mecquoises à des sourates médinoises et vice-versa. La première, révélée à La Mecque, est immédiatement suivie de quatre révélées à Médine ; puis deux mecquoises sont suivies de deux médinoises ; puis trois mecquoises d’une médinoise ; puis huit mecquoises de trois médinoises ; puis neuf mecquoises d’une médinoise, etc. La première partie qui compte 86 sourates et 4613 versets est dominée par l’exposé de la vision cosmologique de l’islam et des valeurs morales et sociales qu’il prône, et la seconde, qui compte 28 sourates et 1623 versets, par l’exposé du rite qui va distinguer l’islam des deux autres branches du monothéisme, judaïsme et christianisme.
    De fait, la religion a joué partout où elle est apparue sous des formes plus ou moins élaborées le rôle d’une force de cohésion des systèmes sociaux pour agréger culturellement les individus comme la force nucléaire agglomère les particules élémentaires dans les systèmes physiques et biologiques. Toutes les civilisations actuelles sont les produits d’inspirations religieuses. Le Sens touche à l’intérêt de l’espèce humaine, à l’universel, au divin et à l’au-delà, alors que le rite est un ciment moral, un liant social, un «créateur de conformisme» qui espère, bien sûr, se généraliser à l’ensemble de l’humanité, chose qui ne s’est réalisée pour aucun culte à ce jour.
    L’islam qui est la seule religion à reconnaître toutes les ramifications du monothéisme, qui se définit comme un «Rappel» des Ecritures précédentes et reconnaît leurs prophètes, est venu clore le cycle de la Révélation et de la prophétie. Aucun livre sacré n’a autant que lui incité l’homme à partager avec Dieu les secrets de la Création et de la vie. Dieu exhorte l’homme à développer ses capacités cognitives en vue de déchiffrer les «Signes» laissés par Lui tels des indices à son intention. Il les appelle à étudier l’histoire des nations et à développer des disciplines nouvelles (géologie, anthropologie, astronomie, physique, biologie, etc.) pour élucider les énigmes qui les hantent depuis l’origine. Non pour le plaisir de l’intellect, mais en rapport avec le destin post-terrestre de l’humanité dont nous n’avons pas encore une idée claire, avec une mission qui ne nous est pas encore clairement apparue.
    Lorsqu’on compare les rites des trois religions monothéistes, on observe que l’islam n’a pas innové sur ce plan : la foi en un Dieu unique existe au moins depuis Ibrahim ; la prière est une pratique universelle sauf que ses formes diffèrent d’un culte à l’autre ; le jeûne était observé par d’anciens peuples comme le rappelle le Coran, dont les chrétiens «carême») ; la charité et l’aumône aussi ; le pèlerinage à La Mecque est une tradition antérieure à l’islam et était pratiquée par les polythéistes mecquois ; l’alimentation «casher» ou «halal» est commune aux juifs et aux musulmans... Il n’a pas non plus innové au plan du dogme puisqu’il reconnaît la Thora et les prophètes juifs ainsi que l’Evangile (au singulier et non au pluriel) dont il ne se distingue que par la Trinité. Il rappelle sans relâche son appartenance à la tradition abrahamique, au courant monothéiste, au mouvement prophétique sémitique et ne s’en écarte que par de légères différences, fruits des déviations incombant aux docteurs de la foi de ces religions. Sa singularité réside dans l’ajout du prophète Mohammed (QSSSL) à la liste des prophètes, ce que n’admettent pas les deux autres religions. La différence qui frappe par contre dans les Ecritures des trois religions est l’idée scientifiquement recevable présentée de Dieu par le Coran et la vraisemblance et le réalisme de ses descriptions de l’Univers.
    Dans le Coran, Dieu décline d’emblée Son identité et renseigne sur Ses attributs. Il s’offre à l’examen et incite à la méditation sur Ses modes d’action : «Il n’engendre pas et n’a pas été engendré… Rien ne lui est égal… Il est le Créateur universel par excellence… Il est le Seigneur de l’Univers… Il a crée les cieux et la terre… Il a créé l’homme et tous les hommes, les dotant de facultés appropriées… Il est l’innovateur, Celui qui crée sans Se référer à quoi que ce soit.
    Il crée sans modèle préétabli… Il est la lumière de l’Univers, lumière sur lumière… Il est Celui qui connaît ce qui est caché et ce qui est apparent… Il est très éloigné de ce que les hommes Lui associent…
    Il est le législateur qui régit par Ses lois et ordonnances l’architecture et le fonctionnement de l’univers… Il possède les clés du mystère que Lui seul connaît parfaitement… Nulle feuille ne tombe sans qu’Il le sache, il n’y a pas un grain dans les profondeurs de la terre ni de brindille verte ou desséchée qui ne soit dénombré dans le livre de l’Evidence… C’est Lui le Premier et le Dernier, l’Apparent et le Caché…»
    Dès les premiers versets on intègre l’idée que l’homme participe de l’Univers et qu’il en est le principal acteur. S’il n’avait été qu’une œuvre terrestre, le Coran n’aurait pas systématiquement corrélé le fonctionnement de l’univers avec la vie humaine. Or, toutes ses descriptions sont cosmiques. Ainsi en est-il de ces versets annonciateurs de la théorie de la Relativité d’Einstein :
    1) Sourate «Al-Hijr» (54e-15e, v. 14, 15) : la scène se déroule à la Mecque au début de la prédication et des polythéistes demandent moqueusement au Prophète de faire descendre du ciel des Anges en guise de preuve de sa mission. Dieu répond au Prophète, à travers une révélation, que même s’Il leur ouvrait une porte du ciel pour monter vers Lui, ils continueraient de douter : «Dussions-Nous leur ouvrir une porte du ciel et qu’ils pussent, le jour durant, y monter qu’ils diraient encore “nos yeux sont seulement sous l’effet d’une ivresse, à moins que nous soyons envoûtés”…» On apprend ici qu’il n’y a pas d’autres moyens de voyager dans l’espace interstellaire ou intergalactique autrement qu’en empruntant des «vortex».
    2) Sourate «As-Sajda » (75e-32e, v. 5, 6, 7) : «Il décide dans le ciel du sort de toute chose sur terre, puis tout remonte vers Lui en un jour dont la durée est de mille ans selon votre calcul. Tel est Dieu qui connaît le mystère du monde… C’est Lui qui a excellé en tout ce qu’Il a créé…»
    L’affirmation est plus nette ici : la montée se fait en une durée qui n’est pas définie mais dont l’unité de mesure est donnée : 1 000 ans chez les humains = 1 jour pour Dieu, soit un multiple de 365 000.
    3) Sourate «Al-Mâaridj» (79e-70e, v. 3, 4) : «Dieu, Maître des voies d’ascension par lesquelles les Anges et l’âme (l’esprit) montent vers Lui en un jour dont la durée est de cinquante mille ans pour vous…» «Mâaridj» signifie en arabe système d’ascension, montée, échelles, échelons, degrés célestes… Là on est informé que des «voies d’ascension» sont réservées aux Anges et à l’Esprit («rouh»). L’unité de mesure change : 50 000 ans chez les hommes = 1 jour pour Dieu, soit un multiple de 18 250 000.
    4) Sourate «An-Naba’» (80e-78e, v. 18, 19) : «Lorsqu’il sera soufflé dans la trompe, vous viendrez en foule ! Le ciel sera ouvert et présentera des portes…» Il est question ici de la fin du monde, quand un nombre indéterminé de portes sera ouvert dans le ciel par lesquels les hommes monteront au ciel (En chair et en os ? Leurs âmes seulement ? A l’état d’atomes ?...)
    A quoi renvoient les valeurs données dans les sourates 2 et 3 ? A la vitesse de déplacement d’êtres biologiques pourvus de masse (les hommes) et d’êtres non-biologiques (Anges, Esprit, Âme) dépourvus de masse ? Comment feraient les premiers sans vaisseaux spatiaux ? Que sont ces «portes du ciel» et ces «voies d’ascension» qu’on est porté à prendre pour de simples images ? Ces expressions sont en fait des références indiscutables à l’existence dans l’espace de «trous de ver» (pressentis depuis 1935 par Albert Einstein et Nathan Rosen, d’où leur nom de «ponts d’Einstein-Rosen») qui seraient des raccourcis permettant d’utiliser la «courbure de l’espace-temps» pour voyager à la vitesse de la lumière (300 000 km à la seconde) ou passer carrément de notre univers à un autre.
    Sans ces «portes du ciel», l’homme ne pourra jamais quitter le système solaire ou la Voie lactée tant les distances sont inconcevablement démesurées (en milliards d’années-lumière, une année-lumière équivalant à 10 000 milliards de km). C’est, avec les mystères de la matière noire et de l’énergie noire, un des principaux problèmes qui se posent à la physique du XXIe siècle. Ce que les savants de la NASA (dont des musulmans et même des Algériens) et les chercheurs des grandes universités du monde savent pour l’instant, c’est que ces «trous de ver» ne sont pas des objets comme les «trous noirs» dont l’existence est avérée et quantifiée (100 millions dans notre seule galaxie), mais des possibilités mathématiques, des «tunnels» qui s’ouvrent puis disparaissent dans le vide sidéral. On pense même à les «créer», même si on ne sait pas où ils mèneront.
    Le musulman moyen est loin d’imaginer ce que lui réservent la science et la technologie dans le futur, lui dont la conception de l’univers tiendrait dans un mouchoir de poche, une boîte d’allumette : la Terre serait coiffée d’un dôme invisible derrière lequel se tiendrait un Dieu scrutant nos faits et gestes et les convertissant sur-le-champ en motifs de châtiment ou de récompense ; entre ce dôme et nous se trouverait un peuple de djinns dont les uns sont bons et les autres mauvais, et surtout un démon, Iblis, contradicteur invétéré de Dieu et inspirateur de nos mauvais actes. Cette vision d’un monde lilliputien où l’homme est tiraillé entre l’adoration de Dieu et les tentations du diable, où quatre-vingt milliards d’êtres humains se seraient succédé sans autre but que de naître pour adorer un Dieu pointilleux et mourir la peur au ventre du Jugement dernier, n’est plus compatible avec la raison, le bon sens et le savoir contemporain. Il faut réviser cette vision caricaturale.
    Le Dieu qui a mis au point les mécanismes de création de la vie, qui préside à une construction aussi inouïe que l’Univers infini et en perpétuelle expansion, peut-il être un Dieu narcissique, décideur de nos moindres pensées et gestes, épieur de nos écarts et tentations, susceptible et vindicatif ? Il se manifeste dans la perfection de sa Création incommensurable, dans les «constantes universelles» qu’Il a déterminées, dans les règles de complexité auxquelles Il a soumis les structures vivantes et inanimées ainsi que et dans ce que nous ne connaissons pas encore car tout ce qu’on sait de l’Univers ou du code génétique, par exemple, ne représente qu’environ 5% de l’ensemble.
    Dieu ne peut pas avoir créé tout cela pour si peu ; Il ne saurait se manifester furtivement à travers un miracle ou une apparition, ni jouer à cache-cache avec Satan ; il n’y a dans l’Univers ni démons contrariant son œuvre, ni désordre dû à des forces maléfiques, mais le seul jeu des forces universelles assimilables au mode opératoire qui Lui est propre ; Il est une entité inconcevable par l’entendement humain quoiqu’Il soit paraboliquement présenté, y compris dans le Coran, comme ayant des mains, parlant ou assis sur un trône. L’anthropomorphisme était une manière de communication pédagogique pour l’époque : «Les hommes n’ont pas estimé Dieu à Sa vraie puissance… La terre entière tiendra dans Sa main au jour du Jugement et l’ensemble de l’univers sera ployé dans Sa droite» («Az-Zûmar», v. 67).
    Il y avait un peu de science dans les religions, il commence à y avoir un peu de foi dans la science. Si les religions ont été une initiative de Dieu en direction des hommes pour les sortir de l’animalité, la science est une initiative de l’homme pour se rapprocher de Dieu. L’homme est en effet arrivé à un stade où il peut se représenter Dieu à partir des données mises au jour par l’astronomie, la cosmologie, l’astrophysique, la physique, les mathématiques, la mécanique quantique, la biologie, la neurobiologie, les nanosciences, etc., même s’il n’a pas encore réponse à toutes ses questions, des questions qui étaient celles de la métaphysique et qui sont devenues celles de la science.
    Le progrès est le produit de la science, mais celle-ci n’avance que si elle n’est pas handicapée par une vision du monde soumise à des dogmes immuables et des barrières posées sur son chemin.
    Longtemps les croyants de toutes les religions ont regardé d’un mauvais œil ce qui s’apparentait chez beaucoup de philosophes et de savants à un déni de Dieu, au rejet du principe transcendantal, à une rébellion de l’homme contre son Créateur. De son côté, la science tenait pour fruit du hasard ce à quoi elle n’avait pas d’explication. La physique et la métaphysique se rejetaient mutuellement, l’une faute d’en savoir assez, l’autre faute de pouvoir expliquer rationnellement. Les deux quêtes ne savaient pas qu’elles étaient des sœurs élevées séparément, loin l’une de l’autre. Les religions ne se préoccupaient pas du comment, se contentant d’explications ésotériques et mystiques en réponse au pourquoi, et la science progressait sur la voie de la compréhension du comment sans se soucier du pourquoi.
    Il y avait des parcelles de vérité dans chacune de ces deux «Théories du Sens» jusqu’au jour où, sans s’être concertées, elles se sont rejointes sur la question du comment grâce aux travaux d’un vrai alem, un Abbé belge du nom de Georges Lemaître, initiateur de la théorie de l’«Atome primitif», du Big Bang et de l’Expansion de l’Univers. Des générations après, de faux alems musulmans sont venus expliquer sur des plateaux de télévision à des coreligionnaires émerveillés que le Coran a été le premier à évoquer la problématique du «koun fa yakoun !» (Big Bang).
    On pensait que les arguments scientifiques avaient disqualifié le discours religieux. Or, c’est à une apothéose que l’on assiste en ce début de troisième millénaire où on voit converger les deux perceptions qui s’exprimaient l’une à travers des métaphores et des allégories, l’intuition et la vision mystique, et l’autre à travers les calculs mathématiques et les modèles théoriques, l’observation et l’expérimentation. Face aux vérités établies par la science et aux hypothèses à qui il ne manque que d’être expérimentalement prouvées (matière noire, énergie sombre…) le musulman éclairé ne ressent aucun trouble mais éprouve de nouvelle découverte en nouvelle théorie une certaine excitation tant le Coran regorge d’indices et de pistes de recherche : «Peu de science éloigne de Dieu, beaucoup en rapproche» (Pasteur).
    Si la métaphysique savait, la physique moderne commence à prouver. L’une a saisi par l’intuition, l’autre par la démonstration.
    La physique moderne depuis Einstein considère qu’«une Théorie du Tout», unifiant les lois qui régissent les microparticules et les organismes supérieurs (planètes, étoiles, galaxies), est nécessaire à la crédibilité de la science. De même, on peut estimer qu’il est nécessaire pour la crédibilité des religions qu’elles soient concordantes non plus sur le dogme, cela ne sert plus à rien, mais sur le traitement des affaires humaines et les valeurs qui devraient les accompagner à l’avenir. Il y a près de neuf siècles, un vrai alem, un moine franciscain nommé Roger Bacon, écrivait dans sa fameuse Lettre sur les prodiges de la nature et la nullité de la magie : «On arrivera à construire des vaisseaux qui, sans rameurs et conduits par un seul homme, vogueront comme les plus grands bateaux de mer ou fluviaux et même plus vite que s’ils étaient pleins de rameurs ; des voitures qu’aucun animal ne tirera et qui évolueront avec une incroyable puissance ; des machines volantes avec lesquelles un homme placé au milieu d’un dispositif ingénieux parcourra le ciel comme un oiseau ; des instruments qui, bien que de petite dimension, suffiront à soulever ou à baisser les plus grands fardeaux ; des dispositifs avec lesquels on pourra sans danger marcher sur l’eau ou plonger sous l’eau…» Ces lignes datent de l’an 1260 ! En son temps, le savant anglais a été condamné par l’Eglise pour «innovations suspectes», ses œuvres interdites et lui emprisonné.
    Roger Bacon maîtrisait la langue arabe et tenait son savoir, notamment des œuvres d’Ibn al-Haytham et d’Ibn Rochd, eux-mêmes héritiers d’une vision de Dieu infiniment plus juste que celle de nos faux alems. Pourrions-nous, à notre tour, prédire ce que sera et fera l’homme dans neuf siècles? Nous ne vivons à l’état inventif et technologique que depuis moins d’un siècle : qu’en sera-t-il dans 900 ans ? L’homme aura sans doute essaimé dans le cosmos, rencontré d’autres civilisations intelligentes, colonisé plusieurs planètes et changé de morphologie. Un hadith dit même que l’homme arrivera à connaître ce qui se «cache derrière le trône de Dieu».
    En changeant notre vision de Dieu grâce à un «tafsir» rénové pour l’adapter aux nouvelles connaissances, en révisant nos idées reçues qui ont bien vieilli, nos comportements entre nous et avec les autres pourraient s’améliorer considérablement. Nous deviendrions meilleurs et plus dignes de notre religion qui a été rabaissée au rang de superstition, de trabendisme religieux et de ruses avec Dieu pour engranger des «haçanate» et accéder à une vie éternelle d’oisiveté et de jouissance. Se poser ces questions ne nuit en rien à Dieu, il ne va rien arriver dans les cieux, Dieu ne fera pas souffler dans la trompe et «Azraïn» ne sortira pas sa «kazzoula» pour nous aplatir. Il y a juste quelque chance que nous nous hissions à une représentation de Dieu plus majestueuse que celle projetée par les faux alems, une représentation intéressée, sordide et dépassée. C’est en tout cas cette vision de Dieu qui se dégage de l’étude du Coran dans l’ordre où il a été révélé. Wallahou âalam !

    Dernière modification par zadhand ; 22/12/2014 à 10h00. Motif: Réflexion :Changer notre vision de Dieu
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    Post Changer notre vision de la raison d’être de l’homme

    Contribution : 22 Décembre 2014

    Aâm aâm celui qui nous avait taxé de ghachis...

    Changer notre vision de la raison d’être de l’homme



    Par Nour-Eddine Boukrouh
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    «Avez-vous supposé que Nous vous avons créés sans but ?»
    (Coran, «al-Mû’minûn», v. 115)
    «Le pouvoir de l’Homme a secondé celui de la nature»
    (Buffon)
    La question de la raison d’être de l’Homme sur la Terre remonte aux origines du monde, mais ni la religion ni la science n’y a répondu de manière satisfaisante, d’où sa récurrence. Pour ne pas continuer à tourner en rond comme dans l’agaçant casse-tête de l’antériorité de la poule ou de l’œuf, nous y verrions peut-être un peu plus clair en inversant la question : qu’auraient été Dieu, la Terre, les règnes minéral, végétal et animal si l’Homme n’avait pas existé ? Existeraient-ils ? Auraient-ils un sens ? Et qui en aurait témoigné ? Comprendre la raison d’être de l’Homme sur la Terre c’est comprendre les desseins de Dieu ou du hasard qui occupe sa place dans les thèses évolutionnistes. Sans l’Homme la «sélection naturelle» n’aurait pas eu plus de sens puisqu’aucune forme d’intelligence alternative n’a vu le jour depuis la duplication de la première bactérie unicellulaire il y a trois milliards et demi d’années. L’Homme est toujours son unique vecteur et producteur.
    Pourquoi Dieu a-t-Il créé l’Univers pour ensuite le vouer à la destruction ? L’a-t-Il fait pour les besoins spécifiques de l’Homme comme il est dit dans le Coran : «Ne voyez-vous pas que Dieu vous a soumis ce qui est dans les cieux et sur la Terre ; qu’il vous a prodigué ses bienfaits apparents et cachés…» («Loqman»,57e-31e, v.-20) et «Pour vous Il a assujetti le soleil et la lune à une perpétuelle révolution» («Ibrahim», 72e-14e, v.33) ? Y a-t-il dans l’Univers d’autres formes de vie intelligente concernées au même titre que nous par la Création et que nous ne connaissons pas encore ? Est-ce elles que le Coran vise à travers ces mots où il est question du «jour où la Terre sera remplacée par une autre et les cieux également…» («Ibrahim», v. 48) ou cet autre verset : «S’il le voulait, il vous remplacerait par de nouvelles créatures» (v. 19) ?
    Le genre humain quittera la Terre un jour, cela est une certitude absolue, mais quand et dans quelles conditions, nul ne le sait tant les scenarii possibles sont nombreux. Nos congénères la quitteront soit parce que l’Heure de la fin du monde aura sonné, soit par suite d’un évènement contre lequel ils n’auront rien pu (chute d’un gros astéroïde, attaque virale pandémique, accident nucléaire majeur, catastrophe écologique ou, au plus tard, à la fin de la vie du soleil), soit de leur propre gré dans des vaissaux spatiaux filant à une vitesse proche de celle de la lumière à travers des «trous de ver» en direction d’une planète où ils auraient trouvé le gîte. Mais avant de nous intéresser à l’avenir post-terrestre (à distinguer de l’«Au-delà») de l’Homme, voyons comment et pourquoi il s’est trouvé sur la Terre. La science et la religion ne sont pas loin d’être d’accord sur les origines extraterrestres de l’Homme puisque selon certaines théories (panspermie), il serait venu des confins de l’Univers sur une comète ou une météorite, tandis que, selon les religions monothéistes, il est descendu du paradis céleste (par quels moyens ?) d’où il a été expulsé par Dieu après un acte irréfléchi : voler une pomme selon la Bible, commettre un attentat à la pudeur selon le Coran.
    A la suite de cette assignation à résidence, voilà Adam et Eve sur la Terre où ils vont donner naissance à une humanité formée de deux mâles, Abel et Caïn. Pour des raisons non élucidées, le premier tue le second. On ignore comment et par quelles voies, puisqu’il n’y avait qu’un mâle esseulé à la surface de la Terre, mais bientôt l’humanité va essaimer partout et prospérer. Il va sans dire que Dieu est extraterrestre puisque l’Univers est son œuvre.
    Le Coran propose plusieurs explications à la raison d’être de l’Homme dont celle qui fuse en premier de la bouche de tout alem déjà étonné et furieux que vous ne le sachiez pas : «Je n’ai créé les hommes et les djinns que pour qu’ils m’adorent» («adh-Dhariyat», 67e-51e, v.56). Quel besoin avait Dieu de créer le cosmos s’il n’y avait que l’Homme à loger ? En quoi avait-il besoin de cet être dérisoire qu’un simple microbe peut tuer, de ses pratiques rituelles sans conséquences sur l’Univers et d’une adoration généralement intéressée, versatile et hypocrite, lui qui affirme aussi dans le Coran : «Allah peut se passer de tout l’Univers» («al-Ankabût»,85e-29e, v.6) ; «Ô hommes ! c’est vous qui avez besoin de Dieu... S’il veut, il vous fera disparaître et vous remplacera par de nouvelles créatures» («Fatir», 43e-35e, v. 15, 16) ; «Les sept cieux, la Terre et ce qui s'y trouve célèbrent Sa gloire.
    Il n'est rien qui ne célèbre Sa gloire et Ses louanges. Mais vous ne comprenez pas leur façon de Le glorifier» («al-Isra», 50e-17e, v. 44). L’adoration de Dieu comme raison d’être de l’Homme sur la Terre n’aurait appelé aucune question s’il n’y avait que notre planète dans l’Univers et que le face-à-face se limitait à eux deux. Or, il y a le reste, l’Univers en expansion exponentielle dans lequel la Terre n’est des milliards de milliards de fois rien. Il n’y a pas de mot, de mesure, d’image ou de comparaison capable d’exprimer l’insignifiance, presque le non-sens de la Terre dans l’Univers : un atome dans une immensité en croissance continue, un grain de sable dans un désert grand comme notre galaxie, une goutte dans l’ensemble des mers et océans… Si Dieu ne joue pas aux dés comme l’a dit Einstein, il n’est pas non plus un gaspilleur comme le craignait Giordano Bruno. «Nous n’avons pas créé le ciel et la terre et ce qui existe entre eux en vain» («Sâd», 27), confirme le Coran. Veut-il dire par là que cette étendue infinie d’espace-temps est nécessaire à l’éclosion de la vie sur Terre et à son évolution ? Que cette immensité démesurée constitue une «profondeur stratégique» en prévision du moment où l’homme ne pourra plus vivre sur sa planète ou dans le système solaire ? Cela rappelle l’aphorisme africain («Il faut tout un village pour élever un enfant») qu’Hilary Clinton a donné pour titre à l’un de ses livres. En raisonnant par analogie, on peut essayer de comprendre les motivations d’un «créateur». L’Homme par exemple crée pour «sauver sa peau», pour subsister (agriculture, industrie agroalimentaire), s’abriter (bâtiment, villes), se vêtir (industrie textile), se soigner (médecine, pharmacie), se défendre (industrie militaire), élever son savoir (enseignement, recherche fondamentale), pour son plaisir (arts, cinéma, culture, télévision), son confort (transports rapides), pour communiquer (médias, internet, satellites, NTIC). Mais peut-on l’imaginer créant des objets inertes ou des entités douées d’intelligence (robots, automatismes, ordinateurs, miniaturisation…) à seule fin qu’ils l’adorent ? Si ces objets et entités procèdent de son bon vouloir, s’ils sont prédéterminés et «prédestinés» au rôle qu’il leur a assigné, en quoi aurait-il besoin qu’ils l’adorent, qu’ils se prosternent en l’invoquant, qu’ils le craignent pendant tous les instants de leur vie programmée ? L’homme a domestiqué les règnes minéral, végétal et animal, édifié des civilisations, exploité les sources énergétiques naturelles et mis au point de nouvelles, développé des ressources économiques à partir de ses inventions, élevé le niveau de son savoir, vaincu beaucoup de maladies, conçu la technologie destinée à l’emmener dans l’espace...
    Il est véritablement sur les traces du Créateur, il a pleine conscience qu’il est en train de remonter lentement, à travers telle découverte ou telle application technologique, la grande construction de Dieu au pied de laquelle il est resté pendant des millénaires impuissant et misérable. Il sait maintenant qu’il est bien engagé sur la voie de reproduire le processus créatif divin et qu’il l’appliquera au-delà de l’horizon terrestre. Dieu a créé l’Univers (âgé d’environ 14 milliards d’années) longtemps avant la Terre (âgée d’environ 4 milliards d’années) et l’Homme, qui n’est devenu un acteur de l’Histoire que depuis l’Antiquité, soit quelques dizaines de siècles. Que représente ce laps de temps par rapport à l’âge de la Terre et les quatre ou cinq milliards d’espérance de vie du système solaire ?
    Il est sur la Terre depuis des centaines de milliers d’années mais n’est entré dans l’âge technologique, dans la phase créatrice, que depuis quelques décennies. Que représentent quelques poignées d’années au regard des milliards d’années passées et à venir ? Que ne fera l’Homme à l’avenir ? Il y a donc depuis peu dans l’univers un autre créateur, infiniment plus petit certes, mais qui n’a pas moins créé la vie (naissances in vitro, clonage), qui a acquis des pouvoirs qui évoquent à une échelle dérisoire pour le moment les pouvoirs divins : rallonger la vie, rendre la vue et l’ouïe, remplacer des organes naturels par des organes de sa fabrication (membres, dents, cœur, foie, peau…), marcher sur la Lune et envoyer des sondes à des milliards de kilomètres de ses bases. Il ne crée pas «toute chose à partir de l’eau» (Coran) comme Dieu, mais à partir de matériaux de sa conception.
    Avec le progrès des sciences et la transposition de leurs résultats au monde pratique, il est devenu un créateur au sens propre et figuré.
    Pour les objets et les systèmes intelligents qu’il ne cesse de perfectionner (automatismes, mécanismes électroniques, organes artificiels…), s’ils avaient la faculté de raisonner et de se poser des questions, l’Homme leur apparaîtrait dans le rôle où nous apparaît à nous Dieu : il occuperait à leurs yeux la position du Seigneur Tout-Puissant, de l’Etre suprême qui donne la vie et la mort, du Juge de leurs actes (performances, efficacité, rendement), de celui qui les sanctionne en les jetant à la casse (mort) ou en les recyclant (résurrection).
    Pourquoi Dieu a-t-il conçu le projet de construire l’Univers dont les proportions sont proprement affolantes pour y placer une humanité au nombre dérisoire, à la vie courte et portée à la rébellion ? La manière la moins risquée pour un créateur d’être contrarié, mal adoré ou même abjuré, n’est-elle pas de s’abstenir de créer lui-même le «corps du délit» ? Ou alors de faire comme l’Homme, c’est-à-dire doter ses créations d’une intelligence mais pas de la liberté de faire à discrétion le bien et le mal ; les programmer pour servir sans possibilité pour elles d’aller à l’encontre de ses vœux.
    Or, l’Homme, lui, a assassiné ses frères, à commencer par Caïn, tué des centaines de millions de ses congénères dans les guerres tout au long de son histoire, porté atteinte aux autres espèces végétales et animales, s’est donné les moyens de détruire la planète et l’a polluée en attendant. Dieu a-t-il, comme l’Homme, créé à la fois le bien et le mal ? Lui n’était pas dans la position de l’Homme inclinant au mal en pensant agir pour son bien (combattre ceux en qui il ne se reconnaît pas, accaparer les biens de son prochain, privilégier son intérêt, duper les autres…) et convaincu que les autres font ou feraient pareil et autant.
    L’homme va créer dans le futur de plus en plus de mécanismes électroniques, de systèmes de commande à distance, de logiciels, d’intelligence artificielle, mais il se gardera de doter ses «créatures» d’un libre arbitre, de la possibilité pour elles d’exécuter ou de désobéir à ses ordres, de s’opposer à ses projets. Le célèbre astrophysicien Stephen Hawking vient d’adresser à la communauté scientifique une mise en garde dans ce sens : l’intelligence artificielle pourrait se retourner contre l’espèce humaine et la détruire.
    Or, Dieu ne nous a pas créés comme nous créons les automates à notre usage. Il ne nous a pas conçus pour lui mais pour nous-mêmes, pour nous donner du pouvoir sur la Terre mais aussi sur l’Univers car l’Homme ayant quasiment achevé l’exploration et l’exploitation de sa planète, cherche ailleurs un lieu habitable, de nouvelles sources d’énergie, des minerais et des matières premières satisfaisant à sa frénésie créatrice, à ses projets de voyages interstellaires et intergalactiques. Il n’y a donc pas un «conflit d’intérêts» entre Dieu et l’Homme. Dieu avait à son service un peuple, des armées d’anges, entités énergétiques faites de «lumière» («nour», Coran), êtres non biologiques créés à partir d’un «feu sans fumée» (Coran) et qui ont la particularité de ne pas se nourrir, se reproduire ou posséder de libre arbitre. Quand il décida de créer l’Homme, il pensa à les informer de son intention et un dialogue s’engagea avec eux, provoquant une émeute comme celles que nous connaissons tant en Algérie.
    C’est dans sourate «Sâd» (38e-38e), lue dans l’ordre chronologique, que nous trouvons pour la première fois mention de ce dialogue (répété de multiples fois dans d’autres sourates) qui a notamment inspiré au grand penseur allemand Goethe le «Prologue dans le ciel» sur lequel s’ouvre Faust : «Lorsque ton Seigneur dit aux Anges «Je vais créer d'argile un être humain ; quand je l'aurai bien formé et lui aurai insufflé de mon Esprit, jetez-vous devant lui, prosternés», tous les Anges se prosternèrent à l'exception de Satan qui se montra hautain et fut ainsi du nombre des infidèles.
    Dieu dit alors : «Ô Iblis, qu’est-ce qui t'empêche de te prosterner devant ce que j'ai créé de mes mains ? T'estimes-tu plus grand ou de rang plus élevé ?» «Je suis meilleur que lui, dit Iblis, tu m'as créé de feu et tu l'as créé d'argile.» «Hors d'ici, te voilà banni ; et sur toi sera ma malédiction jusqu'au jour de la Rétribution…» (v.71 à 78). Notons qu’il est question de la «nature» dont a été créé l’Homme (l’argile dans laquelle Dieu insufflera de Son Esprit) et de sa préséance sur les Anges, mais pas encore de sa vocation. Jusque-ici tous les éclairages fournis sur la création de l’homme étaient d’ordre biologique, embryologique : «Il vous crée dans les ventres de vos mères, création après création, dans trois ténèbres» («az-Zoumar»,59e-39e, v.6) ; «Vous passerez par des états successifs» («al-Inshiqâq», 83e-84e, v.19) ; «Il vous a créés par phases successives» («Nûh», 71e-71e, v.14) ; «… Pour vous faire renaître en ce que vous ne connaissez pas» («al-Wâqi’â», 46e-56e, v.61). N’est-ce pas autant de clins d’œil à la théorie de l’Evolution ?
    Notons à ce stade un autre point essentiel à l’idée de réforme de la vision du monde des musulmans : un débat s’est ouvert entre Dieu et une de Ses créatures qui ne s’est pas conclu par une mise à mort, par la répression du faible par le fort, de l’opposition par le pouvoir, mais par un compromis, un «consensus national» : «Seigneur, dit Satan, laisse-moi en vie jusqu'au jour où ils seront ressuscités» ; Dieu dit : «Tu seras du nombre de ceux à qui il sera accordé un délai jusqu'au jour de l’instant connu de Nous.» «J’en jure par ta puissance, dit Satan, je les séduirai tous, à l’exception de tes serviteurs sincères» ; Dieu dit : «En vérité, J'emplirai l'Enfer de toi et de ceux d'entre eux qui t’auront suivi» («Sâd», v. 79 à 85). S’inspirant de ces versets, Goethe prête au Seigneur dans le Prologue ces répliques versifiées à Satan : «Ecarte cet esprit de sa source première, mais si tu perds tu devras bien rougir, en voyant qu’un mortel parmi la foule obscure peut discerner le droit chemin. Va, mon fils, remplis ta tâche, c’est de tous les démons toi que je hais le moins, l’activité de l’homme est sujette au relâche, et pour l’aiguillonner j’ai besoin de tes soins…» En effet, Dieu n’a pas éliminé l’opposition à sa décision de créer l’Homme en exigeant de surcroît des anges qu’ils le reconnaissent comme leur étant supérieur, mais accepté le défi de Satan de pervertir l’Homme. Voilà donc que Dieu consacre à l’aube des temps le «principe démocratique», qu’il consent à l’introduction du ferment de la contradiction dans la Création, la Nature et l’Histoire (j’ai émis cette observation dans une émission télévisée en 1990 et ai été heureux de constater par la suite que des leaders islamistes la reprenaient à leur compte sans bien sûr renvoyer à la source). Le principe dialectique, le principe de contradiction est nécessaire au fonctionnement de l’univers, de la Création et de l’Evolution. Comme dans un préambule, on lit dans sourate «al-Balad» (35e-90e, v. 4) une indication sur la fonction sociale attendue de l’Homme au début de la prédication islamique : «Nous avons certes créé l’homme pour une vie de lutte». Qu’est cette lutte ? Le «djihad» ? Il n’en sera question que plusieurs années plus tard, à partir de la 86e sourate et de l’Hégire en 622.
    Le Coran nous répond immédiatement : c’est accomplir des efforts pour s’élever au-dessus des mœurs en vigueur à l’époque où le paganisme régnait encore ; c’est, indique-t-il au Prophète et aux premiers musulmans, «affranchir un esclave, nourrir un orphelin ou un pauvre, croire et endurer, s’enjoindre mutuellement patience et générosité» (v.13 à 17), autrement dit en mettant progressivement et pacifiquement fin à un ordre social inique. Le récit de la création de l’Homme va se poursuivre dans la sourate qui vient après «Sâd» dans l’ordre chronologique, c’est-à-dire sourate «al-Âaraf (39e)», alors que dans l’ordre où se trouve le Coran depuis plus de quatorze siècles on la retrouve à la 7e place. Nous voyons là encore l’intérêt de l’ordre chronologique sur lequel nous avons appelé l’attention dans une précédente contribution : «Ô Adam, habite le paradis avec ton épouse… Mais n’approchez pas de l’arbre que voici ; sinon vous seriez du nombre des injustes.» Satan, pour leur rendre visible ce qui leur était caché (leur nudité) leur chuchota, disant : «Votre Seigneur ne vous a interdit cet arbre que pour que vous ne soyez ni anges ni immortels»… Lorsqu’ils eurent goûté à l’arbre leur nudité leur apparut et ils se mirent à la couvrir de feuilles du paradis. Leur Seigneur les appela et leur dit : «Ne vous avais-je pas interdit cet arbre et ne vous ai-je pas dit que Satan était pour vous un ennemi ?» — «Seigneur, dirent-ils, nous avons fait du tort à nous-mêmes»… — «Descendez ! ordonna Dieu, vous serez ennemis les uns des autres. Vous aurez un asile sur terre et y jouirez un temps. Là vous vivrez, là vous mourrez et de là on vous fera sortir» (v. 19 à 25). Mais Dieu va Se montrer généreux et miséricordieux : «Adam désobéit à son Seigneur et s’égara. Puis son Seigneur le recueillit, agréa son repentir et le mit sur la bonne voie. Il dit : “Si vous recevez de ma part une bonne direction, quiconque la suivra ne s’égarera ni ne sera malheureux”» («Tâ Hâ», 45e-20e, v.121 à 123). Selon le Coran, le couple adamique péchera une seconde fois : «C’est lui qui vous a créés d’un seul être. Il en a tiré une épouse pour qu’il trouve de la tranquillité auprès d’elle. Lorsqu’il eut connu cette épouse, celle-ci conçut et sa grossesse fut pendant quelque temps facile… Puis, lorsqu’il les eut gratifiés d’un enfant sain, tous deux donnèrent à Dieu des associés (polythéisme) dans ce qu’il leur avait donné. Mais Dieu est au-dessus de ce qu’on lui associe» («al-Aâraf», v.189, 190).
    Dieu détaille dans cette sourate les informations sur la création d’Adam et de son épouse, revient sur l’affrontement avec Satan et relate l’expulsion de l’Homme du paradis. Nous sommes toujours dans l’exposé des motifs de la Création, de l’enchainement des faits historiques vus sous l’angle coranique. La nudité d’Adam et d’Eve était pendant leur séjour au paradis soustraite à leurs yeux. Cette métaphore peut signifier que la fonction reproductrice leur était inconnue.
    Ils devaient rester dans cette ignorance afin de ne pas perturber l’ordre édénique où ils étaient les seuls à ne pas avoir été créés de lumière. Ils vivaient angéliquement, ils vont devoir vivre humainement, péniblement. Plusieurs questions se présentent à l’esprit dans la foulée du récit : Adam et Eve ne devaient-ils pas être immortels là où ils étaient ? Dieu n’avait-Il pas l’intention de créer l’humanité terrestre alors qu’Il avait déjà créé la Terre et l’Univers ? A quelle fin si l’Homme avait vocation à rester au paradis ? Ou n’étaient-ils que des lieux de bannissement comme les prisons créées par l’homme pour confiner les criminels ? Dieu a-t-il créé Adam et Eve en les privant de la possibilité d’engendrer une postérité qui ne pouvait pas résider au paradis parce qu’œuvre de chair humaine ?... Mais voilà que Dieu s’adresse à la descendance d’Adam pour l’informer qu’elle va recevoir une «Direction» : «O fils d’Adam ! Si des envoyés choisis parmi vous viennent pour vous transmettre mes versets, sachez que quiconque aura cru et amélioré sa conduite sera à l’abri de la peur et de l’affliction… Ceux qui auront cru et fait du bien — nous n’imposons à une âme que ce qu’elle peut — seront les hôtes du paradis pour l’éternité…» («al-Aâraf», v. 35, 36). Pourquoi ? Pour que l’Homme revienne, après un cycle terrestre au cours duquel il aurait purgé sa peine, à ses origines ? C’est apparemment le cas puisque ce qui est promis à la descendance d’Adam, si elle croit en Dieu et fait le bien, c’est d’aller au paradis, c’est-à-dire de revenir à son point de départ.
    Quelle est finalement la raison d’être, la vocation de l’Homme sur la terre ? On rencontre l’expression «khalifatoun fi-l-ardhi» («successeur», «lieutenant», «remplaçant», «vicaire de Dieu sur la terre») pour la première fois dans sourate «Sâd» (lue dans l’ordre chronologique): «Ô David, nous avons fait de toi un calife sur la terre. Juge donc en toute équité parmi les gens et ne suis pas la passion» (v. 26) ; puis dans «al-Âaraf» où Moïse dit : «Il se peut que votre Seigneur détruise votre ennemi et vous donne la lieutenance sur terre et il verra ensuite comment vous agirez» (v.129) ; puis dans d’autres sourates dont «al-Baqara» : «Lorsque Dieu dit aux anges : ‘‘Je vais instituer un vicaire sur la terre’’ ils dirent ‘‘Vas-tu y désigner quelqu’un qui y mettra le désordre et répandra le sang, quand nous sommes là à te sanctifier et à te glorifier ?’’ Il dit : ‘‘En vérité, je sais ce que vous ne savez pas’’» (87e-2e, v. 30).
    Le musulman, selon les termes mêmes du Coran, est le dernier en date à avoir reçu le Message de Dieu, toujours le même depuis l’apparition des premières communautés, des premiers prophètes et de la Révélation : «Dites : “Nous croyons en Dieu, à ce qui nous a été révélé, à ce qui a été révélé à Ibrahim, Ismaïl, Ishaq et Ya’koub, aux douze Tribus israélites, à ce qui a été donné à Moïse, à Jésus, aux prophètes, venant de leur Seigneur. Nous ne faisons aucune distinction entre eux et à Dieu nous sommes soumis’’» («al-Baqara», 87e-2e, v. 136) ; «Et ainsi nous avons fait de vous une communauté de juste milieu pour que vous soyez témoins des gens, comme le Messager sera témoin de vous» («al-Baqara», v.143). Ce ne sont pourtant pas les musulmans que Dieu va désigner comme «khalifatouhou fi-l-ardhi». Il n’a désigné à cet office aucune religion, aucune communauté, aucun prophète, mais l’Homme universel, c’est-à-dire l’ensemble des hommes et des femmes de la Création et de tous les temps, en faisant explicitement référence aux détenteurs parmi eux du savoir et de l’intelligence. Ceux qu’Il appelle «dhaoui al-albab», ceux à qui est dû le progrès humain, les penseurs qui ouvrent des horizons nouveaux, les bâtisseurs de civilisations, les grands hommes d’Etat, les pionniers dans tous les domaines. C’est à ceux-là qu’il a donné procuration pour poursuivre son œuvre, et c’est à eux qu’il a délégué certains de ses pouvoirs comme il l’avait fait avec de rares prophètes comme Suleyman (Salomon). Cette créature d’argile allait effectivement répandre le sang, le désordre et la corruption sur la Terre. Les anges n’ont vu que ce risque, que les «dommages collatéraux», mais Dieu les a remis à leur place en leur signifiant qu’il le savait mais qu’eux, par contre, ignorent tout des vraies raisons de la création de l’Homme. Le secret est dans la dernière phrase de sourate «al-Baqara» que nous avons citée plus haut : Dieu n’a révélé ces raisons ni aux anges, ni à Adam, ni aux prophètes ; mais elles sont déductibles de l’étude du Coran à la lumière des «révélations» de la science.
    C’est par un acte de liberté que Dieu a créé l’Homme : pour qu’il soit lui-même libre, qu’il gagne sa vie à la sueur de son front, qu’il construise son habitat et ses bases sur la Terre puis ailleurs en vue de la mission à laquelle il est destiné et qui ne nous apparaît pas encore clairement. Elle nous apparaîtra ultérieurement, peut-être dans plusieurs millénaires car telles sont les unités de compte de Dieu (un jour chez Lui correspond à 1 000 ans dans un cas et à 50 000 ans dans un autre chez nous). Cette mission aura nécessairement pour cadre le vaste Univers, pas la Terre, d’où le verset : «Ô peuple des hommes et des Djinns ! Traversez si vous pouvez les espaces célestes et terrestres ! Mais vous ne le ferez qu’avec un pouvoir émanant de Dieu» («ar-Rahman», 97e-55e, v.33). Ce pouvoir, l’Homme en tient déjà un bout.
    L’Homme a été préféré à tous les êtres de la Création : «Nous avons honoré les descendants d’Adam, nous les avons portés sur terre et sur mer, nous leur avons donné la précellence sur la plupart de nos créatures» («al-Isra», 50e-17e, v.70).
    Cet honneur fait à l’Homme ne consiste-t-il pas dans le transfert de certains des pouvoirs de Dieu via le don qui lui a été fait de la raison et des facultés cognitives ? Il l’a honoré en regard de ce qu’il peut accomplir, de la mission qu’il lui a dévolue d’être le continuateur de sa Création, le propagateur du bien moral et matériel ainsi que de l’intelligence dans l’Univers. N’est-ce pas cette qualité qui est visée par les versets relatifs à l’Esprit insufflé par Dieu dans l’homme, «l’esprit saint de Dieu mis en l’homme» ? N’est-ce pas ce qu’il faut comprendre du message évangélique rectifié a posteriori par le Coran : Jésus n’est pas le fils de Dieu mais le réceptacle de son «Esprit saint», ce pourquoi Il n’a pas permis qu’il soit tué mais «rappelé», «enlevé» par Lui.
    Un être destiné à devenir le «remplaçant de Dieu sur la terre» ne peut pas se contenter d’accomplir des devoirs religieux comme prier et jeûner, il doit «faire le bien», expression qui n’est jamais dissociée dans le Coran de la croyance, ce qui passe par l’édification de systèmes sociaux efficients et de civilisations technologiquement très développées. La science que l’homme est en train de compiler et d’accroître au jour le jour lui permettra de connaître les mystères de l’univers, de son fonctionnement, de l’infiniment petit et de l’infiniment grand, de la vie et de la mort.
    Depuis longtemps les hommes pressentaient que l’Univers était trop parfait pour être l’œuvre du hasard ; il y ont décelé très tôt un «argument téléologique», un «dessein intelligent», un «principe d’intentionnalité» selon l’expression du révérend William Paley (XIXe siècle) et que l’astrophysicien Brandon Carter appellera en 1973 le «principe anthropique» : tout a été calculé au plus près dans l’Univers pour qu’il convienne à l’Homme, pour qu’il puisse y vivre, travailler et créer. «Wallahou a’lam» !
    N. B.
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    Réflexion: 29 Décembre 2014

    Aâm aâm celui qui nous avait taxé de ghachis...

    Changer notre vision des autres

    Par Nour-Eddine Boukrouh
    [email protected]
    L’appel de l’espace a de tout temps été ressenti par l’espèce humaine comme si elle venait de là-haut et qu’elle sait d’instinct qu’elle y retournerait sinon par le corps (en vie ou réduit à sa réalité première d’atomes), du moins par l’âme. C’est ainsi que se définit toute spiritualité : un regard porté vers le haut, une sensation de faire partie de son environnement naturel.

    Le Coran tel qu’il se présente dans l’ordre chronologique place l’Homme dans un continuum cosmique, la Terre étant une des innombrables pièces d’un Univers immense, pulsant d’une vie inconnue et régi par des lois immuables : «Le ciel, nous l’avons construit par notre puissance et nous l’étendons (constamment) dans l’immensité» («adh-Dhariyât», 67e-51e, v.47) ; «Dieu retient les cieux et la terre pour qu’ils ne s’effondrent pas sur eux-mêmes. S’ils venaient à s’affaisser, qui donc en dehors de lui saurait les retenir ?» («Fatir»,43e-35e, v.41).
    Les échanges entre le cosmos et l’Homme à travers le temps et les lieux sont attestés par les trois grandes religions : montée du ciel d’Enoch (Idris) chez les juifs, Ascension de Jésus chez les chrétiens et «al-Isra wa-l-«mi’raj» chez les musulmans. Les récits légendaires des anciens peuples (indiens, chinois, mayas, aztèques, égyptiens, africains…) en témoignent aussi qui font état de contacts mystérieux ou épiques avec des entités venues du ciel, dieux, démons, anges ou extraterrestres, récits qui ont fourni une matière si riche en vraisemblances qu’elle a donné lieu à une nouvelle théorie, celle des «Anciens astronautes».
    Aucune mythologie, aucune religion n’a regardé à ses pieds pour chercher Dieu ou les Esprits dans les profondeurs de la Terre ou des océans ; toutes ont levé les yeux vers le ciel étoilé pour l’interroger silencieusement. C’est là-haut que se trouve le soleil qui les réchauffe, c’est d’en-haut que tombe la pluie qui féconde la terre qui les nourrit, et c’est de cette posture que sont nées l’astrologie, l’astronomie, puis la cosmologie moderne. Ce sont ces profondeurs sidérales que scrute le télescope Hubble bientôt remplacé par un autre, encore plus puissant, qui permettra à la science de voir à des milliards d’années-lumière ; c’est à son écoute que sont dédiées de nombreuses stations de réception et de captage de sons, bruits de fond et ondes en provenance de l’espace.
    Puis le Coran situe l’Homme dans un continuum historique remontant aux premières communautés humaines. Nous ne savons pas tout du passé humain, des anciennes civilisations africaines, précolombiennes, indiennes et européennes, des prouesses inexpliquées comme l’édification de pyramides quasiment semblables en divers points de la Terre et de mégalithes défiant les capacités humaines de leur époque comme ceux de l’île de Pâques, de Stonehenge en Grande-Bretagne ou d’autres endroits d’Asie, d’Amérique et d’Europe. Il y a une vingtaine d’années, on a découvert à Göbekli Tepe, petite ville du Kurdistan turc, non loin de la ville de Kobané rendue célèbre par la résistance des Peshmergas à Daech, un temple vieux de 12 000 ans, c’est-à-dire datant de l’âge de pierre. Cette découverte archéologique a remis en cause tout ce qui était admis sur l’évolution de l’Homme et son processus de socialisation. La révolution spirituelle semble, dans ce cas précis, avoir précédé d’au moins trois millénaires la révolution du néolithique, période connue pour être celle où l’Homme a commencé à sortir de l’animalité.
    Enfin, l’islam est venu clore un continuum religieux et prophétique dont le premier prophète mentionné par le Coran (lu dans l’ordre chronologique) est «l’homme au poisson» (Yûnus, Jonas) présenté comme étant du «nombre des gens de bien» («al-Qalam», 3e-68e v.48, 50). Puis viennent tour à tour les prophètes les plus connus : Nûh (Noé), Ibrahim, Hûd, Salih, Loth, Shû’ayb, Moussa (Moïse), Daoud (David), Suleyman (Salomon), Ayyûb (Job), Ishaq, Yaâkoub, Ismaïl, Issa (Jésus)… La plupart de ces envoyés n’étaient pas porteurs d’une législation ou d’un rite mais avaient pour mission d’appeler leurs peuples à la croyance en un Dieu unique, à des mœurs saines, au respect de la bonne mesure et du poids dans les transactions commerciales, à l’assistance des pauvres et à ne pas semer le désordre sur la Terre. Ceux d’entre eux qui n’ont pas cru au Message ou ont persécuté ses transmetteurs ont été châtiés par un déluge, un tremblement de terre, la foudre ou des ouragans, modes d’intervention compatibles avec l’idée qu’on peut se faire du «Seigneur de l’Univers».
    Outre les prophètes connus ou non désignés nommément, le Coran fait allusion à des hommes «inspirés» ayant marqué leur temps par leur sagesse, leurs intuitions philosophiques, leur quête spirituelle, l’école de pensée qu’ils ont fondée ou leurs découvertes techniques. Loqman est l’un d’eux quoiqu’on ne situe pas avec précision l’époque et le lieu où il a vécu. Dieu lui ayant donné à choisir entre la prophétie et la sagesse, il a préféré la seconde. Le Coran dit à son propos dans la sourate qui porte son nom : «Nous avons effectivement donné à Loqman la sagesse» (57e-31e, v.12). Parmi les conseils donnés à son fils, ce Sage a dit : «Ne détourne pas ton visage des hommes et ne foule pas la terre avec arrogance car Dieu n’aime pas le présomptueux plein de gloriole. Sois modeste dans ta démarche et baisse ta voix car la plus détestée des voix est celle des ânes» (v.17 à 19). Au sens propre et figuré, doit-on comprendre. Il n’est pas impossible que d’autres grandes figures de l’humanité comme certains présocratiques, Bouddha, Confucius, Lao Tseu, Pythagore, Socrate lui-même ou d’autres personnages d’autres cultures et civilisations de l’Antiquité puissent trouver leur place dans cette galerie : «Certes, nous avons envoyé avant toi des Messagers. Il en est dont nous t’avons raconté l’histoire, et il en est dont nous ne t’avons pas conté l’histoire» («Ghafir», 60e-40e, v.78).
    Le Prophète de l’islam (QSSSL) est qualifié du début à la fin de la Révélation d’«avertisseur analogue aux avertisseurs anciens» : «Nous ne t’avons envoyé qu’en tant qu’annonciateur et avertisseur pour toute l’humanité. Mais la plupart des gens ne savent pas» (Saba», 58e-34e, v. 28) ; «Il ne t’est dit que ce qui a été dit aux Messagers avant toi» («Fussilat», 61e-41e, v.43). Même quand il est devenu (après l’Hégire) chef de sa communauté et de l’Etat de Médine, il a gardé son statut d’Envoyé à l’ensemble de l’humanité. La religion qu’il est venu promouvoir s’inscrit dans le prolongement de celle d’Ibrahim, Moïse et Jésus, mais aussi dans la ligne de traditions religieuses antérieures. Le métaphysicien français René Guénon, converti à l’islam au début du XXe siècle sous le nom de Abdelwahid Yahia, est l’auteur d’une impressionnante œuvre dans laquelle il a réussi à faire converger vers un même sens les formes de spiritualité et de mystique connues et les religions monothéistes, les plaçant sous une égide commune, la «Tradition primordiale» («ad-din-al-hanif», la «religion naturelle»).
    Le Coran ne donne pas d’indications sur les autres Ecritures en dehors de celles qu’on connaît mais on pourrait y inclure le Livre d’Enoch (Idriss) découvert parmi les Manuscrits de la mer morte, certains Evangiles écartés par l’Eglise, des textes assyriens dont se serait inspirée la Bible pour rédiger le Livre de Job ou encore les tablettes sumériennes qui rapportent neuf siècles avant l’Ancien Testament le récit de l’Eden, de la création du couple initial à partir de l’argile, de la tentation de la pomme et du «péché originel».
    Au sujet d’Idris, on lit dans le Coran : «Et mentionne Idris dans le Livre. C’était un véridique et un prophète, et nous l’élevâmes à un haut rang» («Maryam»,44e-19e, v. 56, 57). Pour la Bible, Enoch, grand-père de Mathusalem, «fut soudain emporté par Dieu».
    On peut estimer que Dieu a envoyé des prophètes et des religions aux hommes pour les conduire dans leurs premiers pas vers la formation des premières sociétés. Il fallait sortir les hordes et les clans qu’ils formaient de la phase des instincts, du stade de la cueillette et de la prédation, les informer de leur singularité dans le champ du vivant, leur suggérer une morale et leur imposer un code de conduite pour les socialiser et les mettre sur les chemins de leur haute destinée : devenir les «lieutenants de Dieu sur la terre» et de là dans l’Univers.
    Elles n’étaient pas une fin en soi mais un passage obligé pour éduquer les hommes, les mettre sur le chemin qui mène à la réalisation des conditions assurant la conservation de l’espèce, son élévation sociale, morale et culturelle en vue du but cosmique qui commence à peine à nous apparaître grâce à la science et à la technologie.
    Les peuples de l’Antiquité qui ont réussi à édifier des civilisations sont ceux qui, à partir de ces premières stimulations intellectuelles, ont développé des comportements favorables au bien général, à l’intérêt commun, à la vie économique et culturelle. L’idolâtrie, le paganisme, le fétichisme et la mythologie étaient une «djahiliya», une époque d’ignorance et d’injustice, de désordre et de tueries aberrantes comme pouvait l’être l’assassinat des filles dans l’Arabie préislamique.
    L’attention qu’accorde le Coran dès les premières lignes dans l’ordre chronologique aux questions sociales comme la solidarité envers les pauvres, la protection des orphelins, l’affranchissement des esclaves, le respect des handicapés (épisode de l’aveugle où le Prophète a été rappelé à l’ordre par la Révélation), l’observance des poids et mesures, etc, est frappante.
    Ces questions sont au centre de la croyance islamique et traversent de part en part le Coran, la foi n’étant pratiquement jamais dissociée de la notion de Bien. Le mot «abd» en arabe signifie «être humain» mais il est aussi employé dans le sens d’«esclave», abus de langage qui a été étendu au Coran alors que Dieu a accordé aux descendants d’Adam la préséance sur toutes les créatures, y compris les entités célestes, les Anges. Ce sont les Arabes de l’Arabie ancienne et même d’aujourd’hui qui sont des esclavagistes, pas le Dieu Tout-Puissant qui a fait de l’Homme son successeur sur la Terre et dans l’Univers.
    L’islam est une reformulation, l’ultime, d’un Message ancien et universel qui a été perdu ou déformé : «Ce Coran est la confirmation de ce qui existait déjà avant lui» («Yunus», 51e-10e, v.37).
    Il n’a cessé de l’affirmer à travers des dizaines et des centaines de versets mais les musulmans en ont quand même fait une religion ethnique, arabe et en ont déduit qu’ils étaient l’unique incarnation du divin. Pourtant Dieu ne dit pas dans le Coran qu’il a honoré le musulman ou le croyant mais l’Homme sans distinction de race, de couleur, de confession ou de sexe, c’est-à-dire le genre humain, tous les hommes et toutes les femmes de tous les temps et de toute la Création : «Il y a des couleurs différentes parmi les hommes… Parmi ses créatures, seuls les savants ont de la révérence pour Dieu» («Fatir»,43e-35e, v.28).
    Les musulmans doivent changer leur vision des autres. Qui sont ces autres ? Ce sont toutes les personnes, toutes les idées, tous les comportements, toutes les choses et tout ce qui sort du champ de leur cosmogonie et de leur savoir traditionnel. Ce sont d’abord leurs propres coreligionnaires, chiites ou sunnites selon sa propre appartenance, les musulmans sociologiques non pratiquants, laïcs ou athées, les femmes, les Arabes non musulmans, les fidèles des autres religions, les non-musulmans de toute la Terre et peut-être aussi les extraterrestres, les formes d’intelligence que nous sommes appelés à rencontrer dans un futur plus ou moins proche car un Univers aussi incroyablement illimité ne peut pas avoir été conçu pour nous seuls.
    Sans parler des hypothèses issues de la théorie des Cordes qui postulent la possibilité d’autres univers.
    Ils ont pu être avant l’ère moderne, comme ils peuvent le redevenir dans l’ère postmoderne, «la meilleure communauté sortie aux hommes». Non en vertu de quelque privilège héréditaire ou d’un favoritisme divin, mais grâce aux performances culturelles, sociales, économiques et technologiques dont ils ont fait montre quand ils l’étaient, et dont ils doivent faire montre de nouveau s’ils veulent le redevenir. Ce ne sera possible que s’ils redeviennent un moteur de l’Histoire, un exemple d’«authenticité et d’efficacité» pour les autres nations. Or, ils en sont bien loin, une minorité d’entre eux s’étant chargée d’achever de ruiner leur image auprès du reste de l’humanité. N’était le pétrole, ils seraient les derniers en tout. Les statistiques relatives à leur production intellectuelle, leur PIB ou leur IDH sont disponibles, de même que le bilan de la guerre mondiale intra-islamique qui n’est qu’à son commencement.
    Inconscients des mutations qui préparent le monde à rentrer au plus tard le siècle prochain dans des formes de vie inédites caractérisées notamment par un commandement international, fédéral, unifié ou autre, les musulmans ne sont pas à la recherche des voies et moyens de s’adapter aux évolutions qui se dessinent. Au contraire, ils vont dans la direction opposée et travaillent à coaliser le monde contre eux. L’idée de chasser les musulmans d’Occident, de les «déporter» en masse, a germé dans l’esprit des islamophobes dont les rangs grossissent après chaque attentat terroriste, mais elle est désormais un sujet de débat public. Elle pourrait devenir un programme politique.
    Les «hommes de religion» attitrés ou improvisés s’échinent dans tous les pays arabes à présenter une vision étriquée de l’islam au moment où il a le plus besoin d’être repensé pour offrir au monde un visage dans lequel il pourrait se reconnaître ou dont il pourrait s’accommoder. Se représentant être des proches de Dieu ou se présentant comme les «héritiers des prophètes» (warathat al-anbiya’»), ils ont imposé un schéma moral et social qui a généré des sociétés rigides, renfermées sur elles-mêmes, hostiles au changement. Les idées qu’ils rabâchent avec les mêmes mots et les mêmes images depuis des siècles sont devenues des obstacles à des rapports humains tolérants et pacifiques, des entraves à l’épanouissement de l’homme musulman dans la liberté, un détournement de l’attention des vraies sciences vers le faux «ilm» et les fausses médications.
    A leur instigation et sous leur guidée les actes des «croyants» sont tournés essentiellement vers leur intérêt personnel post mortem, pour gagner une place au paradis. Ils ne pensent pas et n’agissent pas collectivement, tout est laissé au bon vouloir de chacun, à sa propension au bien public ou à l’égoïsme. La société est absente de leurs préoccupations et encore plus l’Etat qui est une notion à peine intégrée par ceux qui se conçoivent d’abord comme des «croyants», c’est-à-dire des électrons libres. D’où le sous-développement de la plupart des Etats arabo-musulmans et leurs difficultés à édifier des institutions durables.
    Le discours et l’enseignement islamiques doivent cesser de présenter les autres comme étant d’éternels fautifs et eux-mêmes comme des êtres angéliques ou des boucs émissaires ; que les autres sont dans l’erreur et eux dans la vérité ; que les autres doivent faire des concessions mais pas eux. Nous devons cesser de voir dans les autres confessions des déviations ou des idolâtries et dans leurs adeptes du combustible pour attiser les flammes de l’enfer. Nous devons cesser de penser d’eux qu’ils sont des mécréants au motif qu’ils croient en ce qui leur a été appris, en ce qu’ils ont reçu, mais que Dieu nous a différenciés et qu’il nous en expliquera les raisons le moment venu. Le Prophète (QSSSL) a dit : «Vous ne devez considérer les Gens du Livre ni comme dans le vrai ni comme dans l’erreur. Dites-leur seulement : Nous croyons à ce qui nous a été révélé et vous a été révélé. Notre Dieu et votre Dieu ne font qu’un.» Il y a du vrai dans chaque religion, chaque perception du sacré, chaque intuition spirituelle, chaque inspiration métaphysique, chaque sagesse, chaque doctrine philosophique (pythagorisme, socratisme, confucianisme, taoïsme…), et le tout constitue le patrimoine philosophique et religieux de l’humanité dans lequel chacun est libre de puiser ce qu’il lui plaît. Les vérités parcellaires se rapprocheront un jour pour former la vérité unique, divine et humaine à la fois. Aussi le musulman ne doit-il pas se penser en rupture avec les autres branches de la «Tradition primordiale», avec l’unité du genre humain, avec la communauté de destin de l’humanité ; il ne doit pas se poser comme l’unique détenteur de la vérité, la quintessence de la création humaine, ou regarder les autres comme étant voués à être décapité par le sabre des terroristes ou condamnés au châtiment infernal et éternel promis par leurs ulémas.
    Les questions qui attendent des musulmans des révisions indispensables et des réponses sans équivoque se rapportent à l’organisation de l’Etat et des pouvoirs publics, aux relations avec les non-musulmans et à la question des droits de l’homme et de la femme.
    Le droit international, la Déclaration universelle des droits de l’homme, le principe de réciprocité dans les rapports interétatiques ne peuvent tolérer que des êtres humains soient soumis à des discriminations à base religieuse.
    Ils doivent renoncer d’eux-mêmes à l’idée d’Etat islamique au profit de l’Etat moderne, démocratique et civil car il n’existe pas d’Etat où ne vit qu’une seule communauté religieuse, qu’une seule race. Ils doivent accepter l’idée d’être minoritaires dans un pays et majoritaires dans un autre et adopter chez eux une organisation politique égalitaire entre les citoyens d’origine et les résidents légaux, statut qu’ils revendiquent quand ils se trouvent, eux, chez les autres. Le communautarisme a partout cédé la place à la communauté diverse, multiculturelle et multiconfessionnelle.
    Une perspective différente de celle proposée ici trouvera facilement dans le Coran et le hadith des versets et des références en grand nombre pour faire valoir le contraire de ce qui est soutenu ici.
    C’est justement l’un des grands problèmes de la pensée islamique : elle peut étayer une position et son contraire, justifier une politique ou prendre son contre-pied à partir des mêmes sources. Les ulémas voient en cela une «rahma», une bénédiction du ciel, alors que ce n’est qu’une source de désaccord et d’obstruction quand il s’agit par exemple d’arrêter une position acceptée de tous et applicable par tous sur une question capitale. Si le Coran avait été pris au pied de la lettre comme le font les ulémas sur tant de sujets, l’islam n’aurait pas, aux termes du verset suivant, dépassé les limites géographiques de La Mecque : «Voici un Livre (le Coran) béni que nous avons fait descendre, confirmant ce qui existait déjà avant lui, afin que tu avertisses la Mère des cités (La Mecque) et les gens tout autour» («al-An’âm», 55e-6e, v.92).
    Changer notre vision des autres exige de changer d’abord notre regard sur nous-mêmes. C’est alors que le regard des autres sur nous changera. A moins d’une cure de réformes sévères, profondes et déchirantes dans son «univers-idées», l’ancienne civilisation islamique continuera à traîner la savate jusqu’au Jugement dernier, aussi sûre d’elle, de son droit et de ses vérités qu’elle l’était au premier jour alors qu’elle vit sur des idées dont la plus jeune est âgée de mille ans. Le «salaf», les «prédécesseurs», les ulémas des premiers siècles ont abattu un travail colossal et construit un «tafsir» admirable en logique sur la base du savoir de leur temps. Mais ce savoir a été remplacé par un autre, surtout depuis le siècle dernier, qui n’a pas encore généré le «tafsir» que réclame notre temps. Réformer l’islam, c’est renouveler le savoir et l’exégèse sur lesquels il a été bâti, ce qui entraînera des changements dans la manière de voir et de penser de ses élites religieuses, dans la mentalité populaire et le contenu de l’enseignement. Cela revient à agir simultanément sur plusieurs claviers, travail qui exigera des décennies à partir du moment où il aura commencé. De leur attitude face au problème de la réforme de leur vision du monde dépendra le sort des musulmans dans le concert des nations. Il leur appartient de changer eux-mêmes, avec leur propre génie, en s’adaptant aux exigences mondiales avec les ressources encore saines de leur culture, sinon ils seront pliés à des situations qui les humilieront de nouveau. Ils doivent s’inscrire de leur propre gré dans le continuum universel pour ne pas s’y trouver forcés ou mis au ban de la communauté internationale.
    Cette contribution clôt une série qui s’est étendue sur six épisodes : «Plaidoyer pour une réforme de l’islam», «Peut-on réformer l’islam?», «Remettre le Coran à l’endroit», «Changer notre vision de Dieu», «Changer notre vision de la raison d’être de l’Homme» et celui-ci. A travers les sujets traités sous ces titres, nous avons essayé de poser une problématique, celle de la réforme de notre conception de l’islam à partir des Textes et à la lumière du savoir actuel, de proposer une méthodologie, d’indiquer les domaines d’application et d’avancer quelques idées nouvelles sur cette question capitale pour notre avenir, pour l’avenir de l’islam.
    N. B.


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    Post A propos de l’ordre des sourates dans le Coran

    Contribution : 09 Avril 2015

    Aâm aâm celui qui nous avait taxé de ghachis...

    A propos de l’ordre des sourates dans le Coran

    Par Nour-Eddine Boukrouh
    [email protected]
    Entre le 24 novembre et le 29 décembre 2014, j’ai publié ici même une série de contributions («Plaidoyer pour une réforme de l’islam», «Peut-on réformer l’islam ?», «Remettre le Coran à l’endroit», «Changer notre vision de Dieu», «Changer notre vision de la raison d’être de l’homme» et «Changer notre vision des autres»).
    A la suite de leur parution et des premières salves de réactions hostiles, des journaux et des chaînes de télévision algériennes privées m’ont sollicité pour m’interroger sur la thématique de l’ordre des sourates du Coran qui semble avoir retenu, plus que le reste, l’attention d’une opinion publique ignorant apparemment tout de cette problématique.
    Les lecteurs intéressés par le sujet trouveront ces articles et ces vidéos en se rendant sur «noureddineboukrouh.facebook» s’ils désirent avoir une idée précise de ce que j’ai écrit ou dit, former leur propre jugement à la source, ou me corriger en cas de détection d’erreurs ou de déformations de faits historiques, de vérités reconnues, de hadiths ou de versets coraniques. Tout ce que je demande, c’est que les critiques soient appuyées par un peu de «burhan» au lieu d’être une simple plaque de sens interdit. L’Algérien musulman que je suis a beaucoup écrit, entre articles et livres, sur l’islam de 1970 à ce jour mais se considère toujours comme un apprenant. Aux faux «ulémas» qui, dans la presse arabophone, sur la chaîne publique «Canal Algérie» et les ondes de la Chaîne III m’ont traité d’«ignorant», je réponds que je ne demande qu’à apprendre d’eux s’ils veulent bien m’indiquer où trouver leurs augustes écrits. S’ils n’en ont pas, qu’ils s’y mettent devant l’ampleur du péril puisque je suis censé œuvrer à l’éveil de la fameuse «fitna anna’ima».
    Je déplore tout spécialement que le ministre des Affaires religieuses qui aurait pu me «corriger» par écrit depuis le 8 décembre 2014, date à laquelle est sorti mon article sur l’ordre des sourates dans le Coran, ait attendu que de faux «ulémas» lui intiment l’ordre de prendre position contre moi par voie de presse (voir Echourouk du 4 avril) pour oser des propos indignes sur mon compte. C’est ardu d’écrire, je le sais, mais c’est peu islamique et très lâche de vouloir jeter le discrédit sur des écrits avec de la vulgaire tchatche. On est bien loin de l’islam de Cordoue que feint de connaître ce ministre de «takhir ezzaman».
    Ceci dit, venons-en, ou plutôt, revenons à la problématique de l’ordre chronologique et de l’ordre actuel des sourates dans le Coran en rappelant que ce n’est pas moi qui ai inventé ou découvert cette problématique mais qu’elle est connue de tous les vrais ulémas du monde depuis la mort du Prophète (QSSSL). Mon originalité consiste en ce que j’y ai vu une ressource, l’ultime peut-être, pour provoquer un nouvel élan de réflexion en terre islamique, pour promouvoir une nouvelle vision du monde de l’islam pris en otage par les porteurs d’un «îlm» dévitalisé en termes de dynamique intellectuelle et sociale. Ce «îlm», complètement dépassé, nous a conduits au cours des six derniers siècles à la décadence et à la colonisation et entrave aujourd’hui notre développement intellectuel, culturel, social et mental. Il a réussi à faire de chaque musulman résidant à l’étranger ou voyageant dans le monde un terroriste potentiel. Il est même en train d’engager à leur insu les musulmans dans une guerre mondiale intra-islamique qui détruira leurs pays l’un après l’autre. Voilà l’angle sous lequel cette problématique m’intéresse. Je ne me mêle pas de religion, je parle d’un problème civilisationnel, d’un problème de vie ou de mort à une époque où on meurt sans compter dans le monde musulman pour rien, pour des stupidités issues de l’interprétation ignare du Coran. N’oublions pas nos propres 200 000 morts en relation avec la conception mortifère de l’islam qui s’est répandue dans le monde musulman et au-delà. J’aurai peut-être à développer plus en profondeur cette perspective à l’avenir. Pour l’heure, je propose au lecteur une méthode interactive qui, à travers des questions simples et des faits établis, l’impliquera dans la réflexion sur ce sujet qui le concerne plus qu’il ne peut l’imaginer :
    1) Pourquoi trouve-t-on dans les têtes de chapitre des sourates du Coran les mentions «soura makiya», «soura madaniya», et dans certaines éditions le numéro de chaque sourate dans l’ordre chronologique, différent de celui qu’elle occupe dans l’ordre actuel, à l’exception de trois d’entre elles ?
    2) Pourquoi l’histoire de l’islam enseigne-t-elle l’existence de «mashaf Hafsa» et de «mashaf Othman» ?
    3) Si le Coran existait à l’état de Livre définitif du vivant du Prophète ou après sa mort, pourquoi Omar, après la guerre d’al-Yamama, où est tombé un grand nombre de «sahaba», qui connaissaient par cœur le Coran, a-t-il harcelé le calife Abou Bakr jusqu’à ce qu’il décide d’ordonner le rassemblement des versets du Coran qui étaient en possession de proches du Prophète comme Ali Ibn Abi Taleb, Abdallah Ibn Mas’ûd, Kâab Ibn Obeïd, Zaïd Ibn Thabet et d’autres ?
    4) Pourquoi le calife Abou Bakr a-t-il d’abord refusé de prendre cette décision en répondant à Omar qu’il ne pouvait faire quelque chose que le Prophète n’avait pas faite avant de se laisser finalement convaincre, si le Prophète avait laissé derrière lui le Coran à l’état de «mashaf» ? N’est-ce pas là un témoignage décisif émanant des deux plus proches compagnons du Prophète que le Coran n’était pas encore rassemblé?
    5) Sinon, pourquoi Abou Bakr aurait-il chargé Zaïd Ibn Thabet et une demi-douzaine de «sahaba» du premier cercle de la mission de réunir les versets détenus par les uns ou les autres en leur recommandant de s’assurer de la concordance des versets avant de les retenir, mission qui allait déboucher sur «mashaf Hafsa» ? Zaïd avait eu la même réaction qu’Abou Bakr devant l’idée de réunir le Coran avant de se laisser convaincre à son tour par les deux successeurs du Prophète. C’est ce qui donne sens aussi à la parole célèbre qu’il a laissée : «Si on m’avait chargé de déplacer une montagne, cela m’aurait paru moins pénible que de compiler le Saint Coran» ? En quoi la tâche aurait-elle été titanesque, comme le laisse supposer l’aveu, si le travail avait été fait avant lui ou s’il avait été de tout repos ?
    6) Pourquoi, une fois le travail fait, ni Abou Bak, jusqu’à sa mort, ni Omar qui resta calife pendant dix ans, n’a imposé «mashaf Hafsa» à la communauté musulmane et que les versions appelées «Coran d’Ali», «Coran d’Ibn Mas’ûd» et «Coran de Kaâb» ont continué à circuler librement ? Le «Coran d’Ali» était d’ailleurs classé dans l’ordre chronologique.
    7) Pourquoi quinze longues années devaient-elles s’écouler avant que le calife Othman ne prenne la décision, sur le conseil d’un «sahabi», de réunir une fois pour toutes le Coran et d’imposer une seule graphie, l’arabe de Qoraych, pour sa transcription ? Il demanda à Hafsa, la veuve du Prophète et fille de Omar, l’exemplaire en sa possession et le remit à la commission présidée, encore une fois, par Zaïd et comprenant Abdallah Ibn Zubayr, Sa’ad Ibn al-As et Abderrahman Ibn al-Harith. Quand la tâche fut terminée, Othman ordonna de brûler les autres versions. Il fallait attendre encore un demi-siècle avant que Youcef Ibn Hadjadj ne décide de vocaliser le Coran, lui donnant la forme que nous lui connaissons aujourd’hui.
    8) Pourquoi l’histoire de l’islam évoque-t-elle, parmi les causes de l’assassinat de Othman, la manière dont a été recensé le Coran et mentionne-t-elle le rejet de «mashaf Othman» par le «sahabi» et scribe du Prophète, Abdallah Ibn Mas’oud, qui avait fait partie de la première commission au temps d’Abou Bakr, mais a été écarté de la seconde, celle composée par Othman ?
    9) Le Prophète a vécu sans discontinuer pendant les treize premières années de la Révélation à La Mecque, de 610 à 622, et c’est là qu’il a reçu les 86 premières sourates, soit les deux-tiers du Coran. Pourquoi, quand on ouvre aujourd’hui le Coran, ne trouve-t-on pas ces 86 sourates classées les unes après les autres ? La logique aurait voulu qu’il en soit ainsi et qu’ensuite viennent dans leur prolongement les 28 sourates révélées à Médine de 622 à 632, elles aussi les unes à la suite des autres. Or, en ouvrant le Coran actuel, on trouve 1 soura makiya, puis 4 sourates madaniya, puis 2 sourates makiya, puis 2 sourates madaniya, puis 3 sourates makiya, puis 1 sourate madaniya, puis 8 sourates makiya, puis 1 soura madaniya, puis 2 makiya, etc.
    10) Les traditionnistes affirment que le Coran a été partiellement classé par ordre de longueur décroissant des sourates par le Prophète (QSSSL) avec l’accord de l’Ange Jibril, tout comme il aurait ordonné le transfert de certains versets d’une sourate à une autre. C’est cette partie (les sept premières sourates après «al-Fatiha») qui est qualifiée de «tawkifi» (décidée par Dieu). Mais s’il en est ainsi, pourquoi Dieu ne l’a-t-il tout simplement pas révélé dans cet ordre ?
    11) Pourquoi le Prophète a-t-il déplacé des versets révélés durant la période médinoise vers des sourates mecquoises, c’est-à-dire à des distances allant de dix à vingt ans ? Quel était l’intérêt ou la cause de ces mutations ?
    12) On trouve dans le Coran un verset où il est question de la réunion du Coran par Dieu : «Ne remue pas ta langue pour hâter sa récitation ; c’est à nous qu’incombent sa réunion (djam’âhou) et sa diction. Quand donc nous le récitons, suis sa récitation. A nous ensuite de l’exposer clairement» («al-Quiyama» v. 16 à 20). Ce verset fait partie d’une sourate qui a été révélée en 31e position (75e dans l’ordre actuel), c’est-à-dire au début de la Révélation, alors que le Coran était en cours de révélation. De mon point de vue, c’est dans ce verset que se trouve la clé du problème : il a été compris comme une dissuasion de recenser les versets du Coran puisque c’est Dieu qui devait y pourvoir.
    Contrairement à ce qu’a affirmé à la télévision le ministre des Affaires religieuses dans sa vaste et inadmissible ignorance de l’histoire du Coran (se reporter aux journaux télévisés du samedi 4 avril), le nom des sourates n’est pas le fait de la Révélation, mais des hommes. Le Coran n’a pas été révélé par sourates mais par versets qui ont été regroupés en sourates selon les instructions du Prophète. Comment, sinon, expliquer que 40 sourates hébergent des versets médinois ou mecquois, et que les opinions divergent entre les traditionnistes sur :
    - le nom des sourates dont certaines possèdent plusieurs noms comme c’est le cas pour «al-Fatiha», «al-Massad», «al-Ma’ûn», «al-Ikhlâs», «Fâtir», «al-Isra», «Ghâfir», «Fussilât», «al-Mûlk», «Mohammed», «al-Moutaffifin», «al-Insân», «al-Âlaq» et «at-Tawba» ;
    - la date et le lieu de révélation de certaines sourates comme «ar-Râad», «al-Insân» et «al-Bayyina»;
    - le nombre exact de versets de quelques- unes d’entre elles comme «al-Râad», «an-Naml», «ad-Dukhân», «al-Ahqâf» et «ar-Rahman» ?
    Le classement des sourates dans un ordre différent de celui de leur révélation ne permet pas de connaître la succession des évènements, quel fait est survenu avant l’autre, dans quel enchaînement sont venues les obligations et les interdictions, l’ordre d’énumération des prophètes et des communautés révolues et quels sont les versets qui ont été abrogés par d’autres versets (nasakh et mansûkh). Si l’ordre chronologique avait été gardé, n’importe qui pourrait accéder en toute facilité au sens propre et figuré des versets du Coran et connaître les circonstances dans lesquelles ils ont été révélés en suivant simplement le fil de la vie du Prophète et l’histoire de l’islam.
    Le remplacement de l’ordre dans lequel ont été révélés les versets du Coran (en laissant de côté les raisons qui y ont conduit, quelles qu’elles soient) a bouleversé beaucoup de choses. Ce qui est venu à la fin de la Révélation s’est retrouvé à son début comme le montrent les quelques exemples ci-après :
    1) On rencontre dès la 2e sourate de l’ordre actuel («al-Baqara») les versets relatifs aux obligations (djihad, pèlerinage, jeûne, héritage, mariage, divorce…) et aux interdictions (vin, jeux de hasard, usure…) alors qu’ils ont été révélés en 87e position, dans la treizième année de la mission du Prophète.
    Comment Dieu aurait-il commencé la Révélation par une sourate parlant d’évènements qui allaient survenir treize ans plus tard ? Sans parler des sourates suivantes qui peuvent remonter jusqu’à vingt ans.
    2) Quand on entend ou lit le verset «Aujourd'hui, j'ai parachevé pour vous votre religion, et accompli sur vous mon bienfait
    et j'agrée l'islam comme religion pour vous», deux choses se présentent naturellement à l’esprit : d’abord que ce verset se trouve fatalement à la fin du Coran, ensuite qu’il n’y aura après lui aucune nouvelle obligation ou interdiction.
    Or, ce verset se trouve dans sourate «al-Maïda» qu’on rencontre en 5e place dans l’ordre actuel alors qu’elle a été révélée en 112e position. Selon Aïcha, elle serait même la dernière (114e au lieu de 112e) ; selon Ibn Jarir, le Prophète aurait survécu 81 jours à cette révélation ; selon as-Soudy, elle est intervenue à Arafa et aucun enseignement concernant le licite et l’illicite n’est venu après. Comment alors expliquer la présence de la codification des ablutions (wûdhû’) au verset 6, l’amputation de la main en cas de vol au verset 38 et l’interdiction définitive du vin et des jeux de hasard aux versets 90 et 91 de la même sourate ?
    Omar Ibn al-Khattab était présent à Arafa aux côtés du Prophète lorsque cette révélation est descendue et a aussitôt éclaté en sanglots.
    Le Prophète lui en demanda la raison et Omar répondit : «Nous attendions toujours plus d’enseignements concernant notre religion, mais maintenant qu’elle est devenue parfaite, rien n’est devenu parfait sans qu’il ne commence à diminuer.» C’est alors que le Prophète prononça ces paroles énigmatiques : «Tu dis vrai. L’islam est venu étranger et il reviendra étranger. Que le bonheur soit sur les étrangers.»
    Il est à relever que cette révélation capitale qui clôt la mission prophétique n’a pas fait l’objet d’un verset à part, consacré à elle, mais qu’elle consiste en une phrase nichée au milieu d’un long verset (le numéro 3) traitant d’interdits alimentaires, interdits dont il est question plusieurs fois ailleurs dans le Coran alors que cette phrase est unique.
    Voici le verset en question : «Vous sont interdits la bête trouvée morte, le sang, la viande de porc, ce sur quoi on a invoqué un autre nom que celui d'Allah, la bête étouffée, la bête assommée ou morte d'une chute ou d'un coup de corne, et celle qu'une bête féroce a dévorée — sauf celle que vous égorgez avant qu'elle ne soit morte. Vous sont interdits aussi la bête qu'on a immolée sur les pierres dressées ainsi que de procéder au partage par tirage au sort au moyen de flèches. Car cela est perversité.
    Aujourd'hui, les mécréants désespèrent de vous détourner de votre religion : ne les craignez pas et craignez-Moi. Aujourd'hui, j'ai parachevé pour vous votre religion, et accompli sur vous mon bienfait. Et j'agrée l'islam comme religion pour vous.
    Si quelqu'un est contraint par la faim, sans inclination vers le péché alors, Allah est Clément et Miséricordieux.» Ajoutons que les versets le précédant (1 et 2) et lui succédant (4 et 5) traitent également des interdits alimentaires.
    3) Quand on lit le Coran dans l’ordre chronologique pour suivre par exemple le processus de création physiologique de l’homme, on constate une logique manifeste : dans «al-Âlaq», première sourate révélée dans l’ordre chronologique, on apprend que l’homme a été créé d’un «âlaq» ; dans «an-Najm», révélée en 23e position, l’image prend du relief : nous avons été créés de terre (comprendre création biologique à partir d’atomes), puis nous avons été des embryons dans le ventre de nos mères où nous avons évolué vers la forme mâle ou femelle ; dans «al-Furqan», révélée en 42e position, il est dit que l’espèce humaine, à l’instar du reste de la création, a été créée à partir de l’eau, ce que ne nierait pas la théorie de l’Evolution ; dans «az-Zumar», révélée en 59e position, nous apprenons que nous sommes créés dans le ventre de nos mères «création après création, dans trois ténèbres», chose qui n’a été découverte par la médecine qu’au XXe siècle ; dans sourate «Nûh», révélée en 71e position, il est spécifié que nous avons été créés «par phases successives» ; enfin, dans sourate «al-Mû’min», révélée en 74e position, on a une vue complète du cycle de formation de l’homme : «Nous avons certes créé l'homme d'un extrait d'argile, puis nous en avons fait un liquide séminal dans un reposoir solide (utérus) ; ensuite, nous avons fait de ce liquide un «âlaq», et de ce «âlaq» un embryon ; puis de cet embryon nous avons créé des os que nous avons revêtus de chair ; ensuite nous l'avons transformé en une tout autre création.
    Gloire à Dieu le meilleur des créateurs ! Et puis, après cela, vous mourrez. Et puis au Jour de la Résurrection vous serez ressuscités.» Mais quand on lit le Coran dans l’ordre où il est, on s’aperçoit que cette logique n’existe pas puisque «al-Âlaq» se trouve à la 96e place, «an-Najm» à la 53e, «al-Furqan» à la 25e, «az-Zumar» à la 39e, «Nûh» à la 71e et «al-Mû’min» à la 23e.
    4) Voyons maintenant le processus de création historique de l’homme : dans sourate «Sâd», révélée en 38e position, Dieu parle pour la première fois de la création historique de l’homme et de sa raison d’être sur la terre en annonçant aux Anges qu’il va créer un être humain («bacharan min tin») à partir de la terre (argile, boue, poussière, peu importe puisque l’allusion à la composition physico-chimique est évidente) et que quand il lui aura insufflé de son Esprit (âme, raison, intelligence), ils devront lui rendre hommage en reconnaissance de sa supériorité sur eux.
    Le dialogue dans les cieux va se poursuivre dans la sourate qui vient tout de suite après, «al-A’râf», révélée en 39e position. Là il n’est plus question d’un être humain mais de l’humanité : «Nous vous avons donné du pouvoir sur terre et vous y avons assigné subsistance…» (verset 10). Puis la jonction entre la création physiologique et la création historique se réalise dans le verset 11 : «Nous vous avons créés, puis nous vous avons donné une forme, ensuite nous avons dit aux Anges : “Prosternez-vous devant Adam”. Dans sourate “al-Isra”, révélée en 50e position, Dieu bénit et honore la descendance d’Adam, c’est-à-dire le genre humain, et lui accorde la précellence sur les autres règnes. Enfin, dans sourate “al-Baqara”, révélée en 87e position, Dieu nous révèle qu’il a fait de l’homme son “lieutenant”, son “vicaire sur la terre” (“khalifatan fil ardh”) après l’avoir pourvu de facultés cognitives dont ne sont pas dotés les êtres énergétiques (les Anges).»
    En réponse à l’incompréhension des Anges devant la décision de Dieu de créer une entité intelligente, l’homme, qui allait «faire du mal sur la terre et répandre le sang», Dieu a dit : «En vérité je sais ce que vous ne savez pas… Je connais les mystères des cieux et de la terre.»
    Effectivement, l’homme et la femme ne tarderont pas à désobéir à Dieu, entraînant leur exclusion du Paradis. Puis un de leurs deux fils tue l’autre. Néanmoins, Dieu savait à quoi il destinait l’espèce humaine, chose dont nous commençons à peine à nous douter. L’essentiel n’est pas encore survenu, c’est dans quelques siècles seulement que la raison de notre présence dans l’Univers deviendra évidente. Que sont quelques siècles ou millénaires devant l’étendue de temps vécue par l’Univers (14 milliards d’années) ?
    La principale qualité de Dieu étant d’être le Créateur suprême, que peut être la mission d’un «lieutenant», d’un «vicaire», sinon celle de créer à son tour et à sa propre échelle ? Créer ses moyens de subsistance et de défense, aménager un habitat, domestiquer les bêtes, découvrir des sources énergétiques, bâtir des cités, des nations et des civilisations, élaborer et perfectionner en permanence les règles de vie en société, valoriser la planète, embellir la vie au moyen des arts et de la culture, inventer des engins pour se déplacer sur terre, sur mer, par air, sous les océans et loin dans l’espace à la recherche d’autres formes d’intelligence, concevoir des systèmes de communication, inventer des automates, mettre de l’intelligence dans la matière inerte, se dupliquer, se cloner à partir de cellules-souches… La courbe ne cesse de monter. Où et quand s’arrêtera-t-elle ? Là encore on constate en lisant le Coran dans l’ordre actuel un renversement des choses, puisque «al-Baqara» occupe la 2e place, «al-A’raf» la 7e, «al-Isra» la 17e et «Sâd» la 38e.
    On aimerait bien que de vrais «ulémas» répondent à de tels questionnements car Dieu n’a pas demandé aux hommes d’adorer le Coran ou de rester pétrifiés de peur devant sa splendeur, mais leur ordonne au contraire de l’étudier, le méditer, chercher à travers ses descriptions, ses allusions, ses paraboles, ses métaphores et ses allégories les clés des mystères de la création, de l’univers, de Dieu et de notre raison d’être dans l’univers nous qui, dans notre système solaire et jusqu’à preuve du contraire, sommes les seuls à le peupler, sachant qu’à chaque grain de sable se trouvant sur notre planète, sur terre et sous les mers et océans, correspondent 10 000 systèmes solaires dans la seule partie visible de l’univers pour le moment, soit environ 5%.
    Dans la très belle sourate «al-Qamar», il est une demi-douzaine de fois répété : «Nous avons rendu le Coran facile pour la méditation. Y a-t-il quelqu'un pour réfléchir ?» Ma réponse personnelle serait : «Non, mon Dieu, il n’y a presque plus personne dans le monde musulman en perdition pour réfléchir sur Ta création ou Ton Livre.
    Le ‘’îlm’’ se réclamant de Toi enseigne que le “salaf”, les ulémas des premiers siècles de l’islam ont tout compris, tout élucidé, tout découvert, et que le “khalaf”, nous autres misérables successeurs, ignares et de peu de foi, n’avons qu’à révérer ce “îlm” aussi sacré et peut-être davantage que le Coran.
    Dans notre pauvre Algérie quelques-uns essayent, en dépit du faux “îlm” dominant et du “nifaq” du ministre des Affaires religieuses en poste, de tenter de se hasarder à commencer à appliquer Tes exhortations à méditer sur Ton Livre, Ô Seigneur !» Des intervenants sur ma page facebook ont cité à juste titre des versets attestant que le Coran a été révélé par Dieu, qu’il en est le garant, qu’il est gardé sur une table auprès de Lui, «prototype céleste» et «mère des Livres».
    Bien sûr, tout cela est vrai ! Mais si l’on veut comprendre la vraie signification de ces versets, il faut les mettre en corrélation avec d’autres, plus nombreux encore, qui affirment que le Coran est un Rappel, le rappel de la même Ecriture sainte, du même Message ponctuellement adressé par Dieu aux hommes depuis les origines et dont le dernier a été adressé à l’humanité par le biais de notre Prophète (QSSSL).
    Ce Message unique et toujours le même a été adressé aux communautés humaines à tour de rôle sous forme de Révélation faite à un envoyé choisi parmi leurs membres et dans la langue en usage parmi eux. Chaque fois qu’une version de ce Message (spécifique à l’époque, à la langue et au peuple concerné) a été perdue (comme «Souhoufs Ibrahim») ou altéré (comme les Ecritures bibliques), un Rappel a été adressé par Dieu à une autre communauté, dans une autre langue et par le truchement d’un autre prophète.
    Il faut donc distinguer clairement entre les Ecritures saintes envoyées aux hommes sous le nom de «Souhoufs Ibrahim», «Souhoufs Moussa» (la Thora), «Ez-Zabour» (les Psaumes), «al-Injil» (les Evangiles) et le Coran, et le «Prototype» lui-même qui est écrit dans une langue que personne ne connaît.
    Les Ecritures saintes, celles que nous venons de citer ou d’autres, visées allusivement par le Coran (parmi lesquelles, selon un ijtihad personnel, on peut présumer les Védas, les Upanishads, le Tao-To-King, le Code de Hammourabi, l’Avesta, le livre de Salomon («l’Ecclésiaste»), les Lois de Manou et les textes sacrés de plusieurs civilisations précolombiennes). Tous ces noms, tous ces intitulés ne sont en fait que les dénominations portées par ce «prototype» au moment de sa communication à une communauté donnée.
    Ce qui est gardé auprès de Dieu, c’est ce «prototype» que personne ne peut toucher ou altérer, et non l’une de ses versions en particulier qui, elle, peut être touchée et altérée de bonne ou de mauvaise foi, avec ou sans volonté de mal faire.
    Wallahou Â’lam !D’autres intervenants m’ont demandé pourquoi personne en quatorze siècles n’avait soulevé le sujet ? Il faut, si la chose est encore possible, leur poser la question à eux. Je peux juste, pour ma part, faire remarquer que si chaque fois que quelqu’un a fait une découverte ou une invention on lui avait demandé pourquoi les 80 milliards d’êtres humains ayant vécu avant lui n’y ont pas pensé, on ne serait certainement pas en train de papoter sur les réseaux sociaux car il n’y en aurait pas. Une objection de cette nature ne peut naître que dans l’esprit d’un faux «alem» et ne peut tétaniser («tu’âjjiz») que quelqu’un du niveau de réflexion et d’expression de notre ministre des Affaires religieuses qui promet de restaurer l’islam de Cordoue alors qu’il en est le premier ennemi.
    Quant à moi, il faut me juger sur le raisonnement et les arguments que j’ai présentés par écrit et non dans un chuchotement à l’oreille de ma grand-mère. En le faisant, je ne pensais pas aux faux ulémas mais à «dhou-l-albab», ceux évoqués par ce verset : «Nous avons fait descendre vers toi un Livre béni afin qu’ils méditent sur ses versets et que les doués d’intelligence réfléchissent» (Coran, «Sâd», v. 29).
    N. B.
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    Post Et pourtant elle coule…

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    27 Avril 2015

    Aâm aâm celui qui nous avait taxé de ghachis...

    Et pourtant elle coule…


    Par Nour-Eddine Boukrouh
    [email protected]
    Les vestiges historiques récemment détruits en Irak par l’Etat islamique de Daesh sous le regard effaré de l’humanité étaient à leur place depuis des millénaires. Y compris à l’époque du Prophète et de ses successeurs dont aucun n’a eu l’idée de les détruire. Ni d’autres trésors archéologiques en d’autres endroits des trois continents où l’islam a dominé sans discontinuer pendant des siècles.

    Ce n’est donc pas l’islam qui commande de tels actes mais le «îlm», celui-là même qui a inspiré, il y a une dizaine d’années, aux talibans la destruction à l’artillerie des statues de Bouddha. N’empêche, aucun Etat musulman n’a condamné ces actes ni les foules musulmanes ne sont sorties crier leur colère contre ces atteintes à l’esprit authentique de l’islam. J’ai bien peur qu’elles y aient vu elles aussi des survivances d’«idolâtrie» nuisibles à l’unicité d’Allah alors que l’idolâtrie, en supposant que le rapprochement ait un sens, n’a pas empêché l’avènement de l’islam ni entravé son expansion.
    Ce «îlm» n’est pas sorti du néant, il est l’héritier d’un «tafsir» qui, au fil des siècles, a enseveli l’esprit originel du Coran sous une chape de plomb pour lui faire dire ce qu’il veut, quand il veut. Il l’a enveloppé comme les couches atmosphériques enveloppent la terre, sauf que lui ce n’est pas pour le protéger mais pour empêcher que la lumière y pénètre ou en sorte. Bennabi, qui en a particulièrement souffert, a appelé cette chape de plomb la «gangue post-almohadienne».
    L’état de la «umma-l-islamiya» est plus mauvais à notre époque qu’il ne l’a jamais été. Avant, elle souffrait du fait de ses ennemis (croisades, colonisation, sionisme, impérialisme…) ; aujourd’hui, elle se meurt sous les coups de ses adeptes, assassinée par leurs «idées mortes» (l’ancien «îlm») et les «idées mortelles» (l’islamisme dans toute sa diversité) nées de la décomposition des premières. Elle est en train de couler corps et biens malgré les saintes dénégations des uns et l’optimisme béat des autres.
    De plus en plus de pays arabo-musulmans sont la proie du terrorisme et de la guerre civile, le nombre de victimes se compte par centaines de milliers dans chaque pays touché depuis la fin du siècle dernier et la querelle qui a opposé il y a quatorze siècles Ali et Mu'âwiya s’est ravivée, prenant les traits d’une guerre de religion entre sunnites et chiites, d’où l’urgence d’une solution prophylactique. Le conflit qui a opposé l’Iran de Khomeyni et l’Irak de Saddam dans les années 80 a duré huit ans et causé la mort d’un million de personnes dont notre ministre des Affaires étrangères et la délégation qui l’accompagnait. Qu’en ont gagné les belligérants ?
    Les contours d’une guerre encore plus ruineuse pour l’avenir des musulmans prennent forme par petites touches dans l’esprit des non-musulmans de la planète, de plus en plus persuadés que c’est l’islam en tant que tout qui est à l’origine de l’évidente incompatibilité entre les musulmans et le reste du monde. Même si ce n’est qu’une minorité qui porte des idées qualifiées d’extrémistes mais découlant en droite ligne du«îlm» officiel et des prêches quotidiennement servis sur les chaînes de télévision.
    L’«ignorance sacrée» (la formule serait de Mohammed Arkoun, viens-je d’apprendre grâce à un facebooker) travaille sans relâche à faire de cette minorité une écrasante majorité. Dans notre pays, les avancées réalisées sont fulgurantes et prometteuses.
    Comment, après tout cela, ne pas s’alarmer, ne pas ressentir le besoin express de tout revoir dans l’univers de l’islam, de tout remettre à plat, de remonter au point de départ et, de là, suivre à la loupe le chemin parcouru par la pensée islamique pour retrouver le moment, l’évènement, l’endroit où tout s’est joué, le carrefour où, au lieu de continuer d’aller dans la direction du progrès, elle a pris celle de la décadence et du terrorisme intellectuel puis physique.
    Sur la base de cet état des lieux, de cet exposé des motifs, j’ai publié jusqu’ici huit contributions dans Le Soir d’Algérie (dont deux ont été traduites en arabe) dans lesquelles j’ai proposé une feuille de route pour une «réforme de l’islam», entendant par là la mise à niveau de la conception du monde des musulmans et sa mise en adéquation avec les orientations mondialistes prises par l’humanité. J’ai suggéré le cadre idéal où pourrait être traitée cette affaire et menée comme un cycle de négociations multilatérales au long cours, l’Organisation de la Conférence islamique, en précisant qu’il ne faut pas la lier à un calendrier car des décennies pourraient s’avérer nécessaires, l’essentiel étant que le projet aboutisse à pulvériser la «gangue post-almohadienne», à mettre en place un nouveau «tafsir» (interprétation du Coran) et un nouveau «fiqh» (l’«esprit des lois» dans le langage de Montesquieu), à unifier les «madhahibs» (écoles doctrinales) et à uniformiser les programmes d’enseignement et de formation en matière religieuse.
    J’ai également suggéré une méthode pour rénover et actualiser l’exégèse coranique : exploiter la perspective stimulante qu’offre l’étude du Coran dans l’ordre où il a été révélé. J’ai précisé dès le départ qu’il ne s’agit pas de remplacer le Coran actuel par un nouveau, mais de tirer toutes les ressources cognitives possibles de son étude dans l’ordre où il est venu. Ce qui contribuera à élargir et conformer au savoir actuel notre conception de Dieu, de l’Univers, de la raison d’être de l’homme sur la terre et de notre vision des non-musulmans. Qu’est-ce qui choque dans tout cela ? Où est l’atteinte à l’islam, à Dieu, au Prophète ou au Coran ?
    Deux tentatives ressemblantes ont eu lieu dans le christianisme aux XIXe et XXe siècles sous le nom de Vatican I et Vatican II et ont échoué, mais les obstacles sont beaucoup moins importants dans le cas de l’islam où le problème ne porte pas sur le dogme, comme c’est le cas pour les catholiques et les protestants, mais seulement sur l’œuvre des hommes. Rappelons que sunnites et chiites partagent le même Coran, celui rassemblé au temps de Othman.
    L’islam aujourd’hui, en ce sujet comme en d’autres, c’est très peu de Coran et beaucoup d’archaïsme hérité d’un corps de connaissances forgé il y a plus de mille ans. La réforme islamique est impossible sans le retour au Coran pour y puiser un nouveau souffle, une nouvelle énergie, et sans cette réforme la «umma-l-islamiya» continuera de couler jusqu’à sombrer définitivement dans le charlatanisme, l’ignorance, la pauvreté et la guerre civile.
    L’islam c’est d’abord le Coran, ensuite l’exemple et les paroles du Prophète et enfin le libre arbitre de l’homme et ses ressources mentales et intellectuelles. Dans le lointain passé, des esprits libres, brillants et audacieux ont naturellement interprété le Coran dans le sens de l’Histoire et du progrès. De leurs efforts et de leur «ijtihad» est né l’âge d’or islamique qui a développé le savoir humain, les sciences exactes, la philosophie, les arts et les techniques, emportant dans son essor d’anciens peuples et d’autres confessions. Puis cette belle saga a cessé comme par enchantement un jour et à sa place s’installa durablement la sècheresse dans l’esprit, le cœur, l’âme, le visage, le propos… Le souffle originel du Coran a porté les musulmans jusqu’à cette étape, jusqu’au point d’inflexion au-delà duquel la raison a été vaincue par le conservatisme, le littéralisme, le soufisme, le rigorisme, le maraboutisme… Depuis, les «hommes de religion» ont monopolisé l’étude du Coran et son interprétation, interdit à quiconque de s’en mêler et figé l’islam dans l’immobilisme et la décadence. Après les maigres acquis arrachés à la colonisation comme des butins de guerre, le monde arabo-musulman s’est de nouveau mis sous les fourches caudines de l’ancien «îlm», plus déphasé qu’à toute autre époque.
    Nous vivons la tête farcie de superstitions et d’approximations sur la religion, Dieu, le diable, l’inconnaissable («îlm-al-ghaïb», confondu avec l’invisible et l’immatériel) ; nous craignons de blasphémer en cherchant à comprendre quelque chose, en posant une question de fond ou en avouant un malaise devant des propos insensés ou une fatwa heurtant la raison. Nous sommes culpabilisés sans relâche, persécutés dans nos moindres pensées, nous doutons de tout et de tous, nous avons mis à la place de nos cerveaux les directives de «cheikhs» cathodiques de plus en plus impudiques et envahissants. D’où vient cette addiction au charlatanisme ? Cette éternelle prédisposition au raspoutinisme ?
    Le Dieu du «donnant-donnant», du «prêté pour un rendu», de la récompense éternelle en contrepartie de quelques années de piété individualiste et intéressée ne peut plus satisfaire la quête spirituelle à l’ère moderne ; les choses ne peuvent pas être aussi simplistes, aussi vulgaires ; ce n’est ni à la mesure du Dieu qui a créé un Univers en perpétuelle expansion ni compatible avec une religion rationnelle comme l’islam ; cette «raison d’être sur la terre» ne peut ni inspirer des vocations et des génies, ni inciter à produire des idées neuves, ni conduire à des avancées scientifiques et philosophiques, mais juste emplir la terre de moutons de Panurge, d’êtres n’ayant rien à faire en ce siècle.
    Un débat public est né spontanément autour de la problématique que j’ai soulevée et dont la finalité, dois-je encore le rappeler, est de sortir la mentalité islamique de l’impasse intellectuelle où elle se trouve, et non de jeter le doute sur la foi islamique en soi. Ce qui revient à passer entre les gouttes, comme je l’ai écrit la dernière fois, car il est impossible de viser un tel but sans — à tout le moins — perturber l’humeur de l’«ignorance sacrée» drapée dans ses certitudes dont celle d’être la gardienne attitrée de l’islam qu’elle dresse immédiatement contre quiconque la critique.
    J’ai déploré que ce débat ait été réduit à la seule question du classement des sourates du Coran par des esprits étroits qui n’ont pas lu ce que j’ai écrit, n’y ont rien compris ou estiment tout bonnement que je n’ai pas le droit d’en parler. Au nom de quoi ? Au nom de qui ? Ce droit, le Coran me le donne comme il le donne à tout autre musulman qui réfléchit et produit des idées. Je l’ai exercé en écrivant sur l’islam sans interruption depuis 1970, sans en demander l’autorisation à quiconque ni que quiconque me l’interdise. L’étude du Coran dans l’ordre chronologique ne dérange en rien Dieu, le Livre saint ou l’islam. Au contraire, elle éclaire d’un nouveau jour l’intellect et revivifie le rapport personnel à l’islam. En renouant avec la perspective originelle du Coran, on découvre combien, en plus de ses autres vertus, il est logique et cohérent.
    Le débat gagne en ampleur (curieusement dans la seule presse arabophone), ce qui est un signe de bonne santé intellectuelle de la société algérienne surtout quand les interventions ne consistent pas en des invectives ou des procès d’intention mais se concentrent sur les idées mises en débat pour les enrichir, les critiquer ou les réfuter. Car si quelque chose manque en notre pays, c’est justement la liberté de pensée, l’échange de points de vue pacifiques, le débat qui monte spontanément de la société au lieu d’être commandé ou téléguidé d’en haut. Pourquoi la pensée algérienne ne serait-elle pas, dans ce domaine ou un autre, à l’origine d’un mouvement de pensée novateur qui s’étendrait au reste du monde arabo-musulman ? Il s’est trouvé des intervenants qui, contre tout bon sens, ont nié l’existence de l’ordre chronologique tandis que d’autres, m’imputant des actes auxquels ils doivent être, eux, familiers, le plagiat, ont mesquinement prétendu que j’ai pris mon inspiration dans les travaux des orientalistes. Ils sont trois ou quatre à avoir enfourché ce cheval à travers de vagues insinuations sans montrer en quoi, dans quel article ou paragraphe, eux qui auraient été bien heureux de me «confondre».
    Ils ont dû penser, mus par je ne sais quel ressentiment, qu’il leur suffisait de le dire pour que ce soit cru. Eh bien non, messieurs les ulémas et «douktours», il vous faut mouiller le burnous un peu plus. Pas un seul critique, sur la vingtaine d’articles parus à ce jour dans la presse arabophone, sans parler des centaines, voire des milliers de commentaires postés, ne s’est arrêté à ce que j’ai écrit pour dire : ceci est faux, cela est un plagiat, cette idée est attentatoire à l’islam... Aucun n’a esquissé le moindre début de réponse aux questions que j’ai soulevées, se contentant de survoler le sujet et de faire chorus avec ceux qui, plus franchement, hurlent au blasphème.
    Je rappelle qu’il s’agit du verset 3 de sourate «al-Maïda», des versets relatifs à la création physiologique et historique de l’homme et de ceux relatifs à la création des cieux et de la terre. Se trouvera-t-il des ulémas et des «douktours» assez honnêtes et compétents pour nous aider, moi et ceux que le sujet intéresse en Algérie et ailleurs, à trouver des réponses à ces questionnements et à d’autres comme cette nouvelle fournée (non volée aux orientalistes) :
    1) Le Prophète (QSSSL) a dit : «Dieu enverra à cette communauté au début de chaque siècle qui rénovera sa religion.» Le pronom relatif «qui» («men yujaddidou») s’applique, en français comme en arabe, au singulier et au pluriel, «rénover» est à prendre au sens de renaissance historique et «religion» renvoie à la dimension civilisationnelle et non au dogme. Si cette lecture du hadith est correcte, il devrait être apparu au cours des treize siècles passés un grand nombre de «rénovateurs» ou au minimum treize. Or, on n’en connaît pas un seul à qui il ait été permis de «rénover» l’islam. Serait-ce que l’état de la «oumma», étant excellentissime, ne l’a pas nécessité ? En quel cas, pourquoi ce hadith ?
    2) Si le Coran a été révélé en la forme des sourates actuelles, comme persistent à le soutenir certains, pourquoi une quinzaine d’entre elles portent-elles de multiples noms comme «al-Fâtiha» (près de 20 noms dont «al-Madh», «al-Asâs», «Umm-al-Kitab» et «Sab’u-l-mathani»), «at-Tawba» («al-Barâa», «al-Mûqashisha», «al-Mûba’thira», «al-Fâdiha», etc), « An-Nahl » («an-Nâ’m»), «al-Isrâ» («les Israélites»), «as-Sajda» («al-Madjadji’»),«Fâtir» («al-Mala’ika»), «Ghafir («al-Mu’min»), «Fussilat» («as-Sajda»),«Mohammed» («al-Qital»), «al-Mulk» («Tabâraka » et «Mûnjiya»), «al-Insan» (« ad-Dahr ), «al-Alaq» («al-Qalam»), «al-Ma’ûn» («Araayta»), «al-Massad» («Abou Lahab», «la Flamme» et «Périssent») et «al-Ikhlas» («at-Tawhid») ?
    Voici l’avis sur le sujet d’un «aâlem» algérien, auteur d’une excellente traduction du Coran, Hamza Boubakeur, rahimahou Allah, ex-recteur de la mosquée de Paris et père de l’actuel, le Dr Dalil Boubekeur : «Dans la plupart des sourates, le titre retenu par les premiers recenseurs du Coran et respecté par la tradition n’a qu’une valeur indicative. Il facilite pour la mémoire la désignation d’une sourate (qui ne constitue nulle part un chapitre) grâce à la mise en relief d’un mot qui paraît caractéristique dans le texte. Le titre n’est ni un argument, ni un leitmotiv, ni un rappel d’évènement ou de circonstance, ni une précision du thème développé… Les sourates sont classées par ordre de longueur. Ce classement arbitraire, officiellement imposé, est différent de celui du corpus d’Ibn Mas’ûd et de Ubayy. Il ne correspond ni à un enchaînement logique ni à un quelconque souci de la chronologie de la révélation. Les 114 sourates du Coran sont réparties suivant un usage traditionnel compte tenu des besoins de l’étude par cœur du texte sacré…» (traduction du Coran, Ed. Enag, Alger, 1989).
    3) Tout le monde sait que le Coran se compose de 114 sourates, 86 mecquoises et 28 médinoises. En réalité, il se compose de 51 sourates mecquoises, 22 sourates médinoises et d’une troisième catégorie que j’appellerai les sourates «mixtes» et qui sont au nombre de 41, soit un peu plus du tiers du Coran. Par «mixtes», j’entends les sourates mecquoises hébergeant des versets médinois et les sourates médinoises hébergeant des versets mecquois. Elles se répartissent en 35 sourates mecquoises comportant des versets médinois et 6 sourates médinoises comportant des versets mecquois. Connaît-on les raisons de ces permutations, même si elles ne portent que sur un petit nombre de versets en regard de l’ensemble ?
    Les sourates mecquoises comportant des versets médinois sont : «al-An’âm», «al-A’râf», «Yûnus», «Hûd», «Youcef», «Ibrahim», «al-Hijr», «an-Nahl», «al-Isra», «al-Kahf», «Maryam», «Ta Ha», «al-Furqan», «ach-Chouâra », «al-Qassas», «al-Ankabût», «ar-Rum», «Luqman», «as-Sajda», «Sabâ», «Ya Sin», «az-Zumar», «Ghâfir», «ach-Choura, «az-Zukhrûf», «ad-Doukhan», «al-Djathiya», «al-Ahkaf», «Qaf», «an-Najm», «al-Qamar», «al-Waqi’â», «al-Qalam», «al-Muzammil» et «al-Ma’ûn». Les sourates médinoises comportant des versets mecquois sont : «an-Nisa», «al-Anfal», «at-Tawba», «al-Hadj», «Mohammed» et «ar-Rahmân».
    4) Il est plus ou moins facile de comprendre que des versets médinois aient été transférés dans des sourates mecquoises, leur étant postérieures. Mais comment expliquer la montée de versets mecquois, très antérieurs, vers des sourates médinoises comme «an-Nisa», révélée en 92e position, «ar-Rahman», révélée en 97e position, ou «al-Hadj», révélée en 103e position ? Où se trouvaient ces versets avant cette mutation ?
    5) Les ulémas des premiers temps de l’islam ne s’accordent pas sur le nombre et/ou les numéros des versets transférés dans les sourates «an-Nisa», «al-An’âm»,«al-A’râf»,«Hûd», «Yûsuf», «Ibrahim», «al-Kahf», «Maryam», «Ta Ha», «Ach-Chouâra», «Ghâfir», «ad-Dûkhan» et deux ou trois autres. Pourquoi ?
    6) Sourate «al-Qalam» est la 2e dans l’ordre chronologique et la 68e dans l’ordre actuel. Elle se compose de 52 versets dont 22 sont médinois (17 à 33 et 48 à 52). Entre les versets mecquois et médinois il a dû s’écouler entre 13 ans si les versets médinois lui ont été annexés pendant la première année de l’hégire et 22 ans s’ils l’ont été durant la dernière. Quand exactement ces versets ont-ils été révélés ? Quand ont-ils été affectés à sourate «al-Qalam» ? Où étaient-ils entre-temps ?
    7) Sourate «at-Tawba» ne comporte pas de «basmala» parce qu’à l’origine elle faisait partie de sourate «al-Anfal» avant d’en être séparée. Elle occupe dans l’ordre chronologique la 113e place et dans l’ordre actuel la 7e, tandis que «al-Anfal» occupe la 88e place dans l’ordre chronologique et la 8e dans l’ordre actuel. Pourquoi cette inversion, «al-Anfal» venant juste après «at-Tawba», au lieu du contraire qui serait plus logique ?
    8) Sourate «at-Tawba» comporte le fameux «verset du sabre» qui est censé avoir abrogé plusieurs versets qui l’ont précédé. Si elle faisait partie d’«al-Anfal», elle perd ipso facto la capacité d’abrogation qui lui est prêtée (nâsakh et mânsûkh) puisqu’elle passerait de la 113e à la 88e place dans l’ordre de la Révélation. Qu’en penser ? La réflexion et le débat continuent…
    Wallahou aâlem !
    N. B.
    Dernière modification par zadhand ; 27/04/2015 à 21h16. Motif: Et pourtant elle coule…
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    Re : Et pourtant elle coule…

    291- Abû Mas'ûd al-Badrî rapporte ces propos du Prophète :saws : " Quand un homme fait une dépense pour sa famille, en vue d'obtenir
    la satisfaction de Dieu, elle lui est comptée comme une aumône."


    (Bukhârî/Muslim)

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