Bruxelles inflige une amende de 110 millions d'euros à Facebook.

Le géant du Net avait transmis des informations erronées à Bruxelles lors du rachat de WhatsApp en 2014.

Certaines cachotteries peuvent coûter cher. Jeudi, la Commission européenne a infligé une amende de 110 millions d'euros à Facebook pour lui avoir fourni des renseignements inexacts lors de l'enquête sur le rachat de WhatsApp, une opération à 22 milliards de dollars, validée fin 2014 par le gendarme européen de la concurrence. Le géant américain avait alors affirmé qu'il ne serait « pas en mesure » d'associer les comptes utilisateurs des deux services, ce qui avait apaisé certaines craintes de Bruxelles. Mais, en août 2016, Facebook fait volte-face et modifie la politique de confidentialité de WhatsApp, permettant aux données y étant récoltées d'être utilisées pour cibler les publicités sur les autres applications du groupe, comme Instagram.
Un signal fort

De quoi faire bondir Margrethe Vestager, la commissaire à la Concurrence : fin décembre, elle avait accusé Facebook d'avoir sciemment menti en 2014 et engagé à ce titre la procédure de mise en amende, qui a abouti jeudi. « La Commission a découvert que, contrairement à ce qui figure dans les documents de rachat en 2014, la possibilité technique d'associer automatiquement les comptes des utilisateurs [...] existait déjà à ce moment-là et que les responsables de Facebook le savaient », a répété hier la Commission. Ce nouvel épisode de l'intense bras de fer entre Bruxelles et les géants du Web fait aussi figure d'exemple. « Cette décision envoie un signal fort aux entreprises : elles doivent respecter tous les aspects du règlement sur les concentrations, y compris l'obligation de fournir des informations exactes », a déclaré Margrethe Vestager.
Facebook a encaissé le coup en plaidant la négligence. « Nous avons agi de bonne foi » et « l'erreur que nous avons faite dans les documents fournis en 2014 n'était pas intentionnelle », a réagi Aled Williams, un de ses porte-parole. Facebook ne contestera pas en justice : « L'annonce d'aujourd'hui clôt l'affaire », y explique-t-on. Pour le géant américain, l'essentiel est préservé : Bruxelles a confirmé, comme précisé dès décembre, que cela ne remet pas en cause le feu vert au rachat de WhatsApp. L'amende reste en outre « limitée » quand on sait qu'elle pouvait atteindre jusqu'à 1 % du chiffre d'affaires mondial de Facebook (27,6 milliards de dollars en 2016).
Le changement de politique de confidentialité de WhatsApp à l'été 2016 avait valu à Facebook les foudres des régulateurs européens et nationaux. L'entreprise a depuis cessé cette pratique, mais reste dans le collimateur pour sa gestion des données personnelles, comme l'a rappelé mardi l'amende de 150.000 euros infligée en France par la CNIL pour n'avoir pas protégé les données des utilisateurs contre une utilisation publicitaire.