Cybercriminalité
Les institutions toujours vulnérables
Ministère de la Poste et des Technologies de l’information et de la communication (TIC)
le 02.08.16 | 21h00
Le hacker qui a réussi à pénétrer dans la base de données du ministère de la Poste et des
Technologies de l’information et de la communication (TIC) a été arrêté.
«A l’issue des investigations lancées suite à la plainte contre X déposée par
le représentant légal du ministère de la Poste et des TIC, la section de recherche
et d’investigation d’Alger a arrêté, le 27 juillet dernier, le dénommé T. A., âgé
de 28 ans et titulaire d’un mastère 2 en informatique, qui a réussi à pénétrer frauduleusement dans la base de données du ministère de la Poste et TIC»,
a indiqué, hier, la cellule de la communication et des relations publiques du
groupement territorial de la Gendarmerie nationale d’Alger dans un communiqué.
Les enquêteurs de la section ont lancé leurs investigations, en coordination avec
le Centre de prévention contre la criminalité informatique et la cybercriminalité
relevant de la gendarmerie de Bir Mourad Raïs (Alger), ainsi que l’Institut national
de criminalistique et de criminologie de Bouchaoui. Les unités de la gendarmerie
ont identifie le présumé coupable, qui s’est servi de «ses connaissances scientifiques
pour développer un virus informatique et l’introduire dans le système de traitement automatique des données du ministère de la Poste et des TIC». Selon le
communiqué, le mis en cause avait précédemment réussi à pénétrer dans les sites électroniques de l’université des sciences et technologies Houari Boumediène
(USTHB) et du Centre de recherches et d’études en informatique. A l’issue de cette enquête, le mis en cause a été présenté devant le procureur de la justice près le
tribunal de Sidi M’hamed, qui a transféré l’affaire au juge d’instruction de la 5e
chambre qui a décidé de le placer dans l’établissement pénitentiaire d’El Harrach.
Une structure de lutte indispensable, signale Grar
Selon Younes Grar, consultant spécialisé dans les technologies de l’information
et de la communication, le phénomène du piratage informatique, qui a
«pris de l’ampleur», a plusieurs motivations. «Les motivations des hackers sont
variées. Parfois, ce sont des jeunes qui se lancent des défis en s’introduisant dans
le site d’une institution ou d’une entreprise sans en connaître les vraies
conséquences.Il s’agit souvent de vengeance d’une personne mise à l’écart par
son entreprise. L’autre situation concerne la guerre industrielle entre entreprises concurrentes qui cherchent à se positionner.On peut être en face d’une guerre
électronique pour connaître la position politique caché d’un pays sur un conflit en
piratant les bases de données de ses institutions de souveraineté, à l’instar du
ministère des Affaires étrangères», détaille M. Grar. Le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, a envoyé dernièrement une instruction aux ministères et aux entreprises pour
la prise en compte de solutions leur permettant de lutter contre la cybercriminalité.
Il est fait obligation à ces institutions de se conformer à un référentiel de sécurité information qui a été adjoint à la décision. Selon M. Grar, cette décision est un
«premier pas» qui reste «insuffisant». L’expert suggère la mise en place d’une
structure qui s’occuperait de la sécurité informatique et devrait être placée sous
l’autorité du Premier ministère. «Cette structure s’occuperait d’uniformiser des
pratiques entre les différents intervenants qui doivent adopter une même stratégie
et ne pas avoir certains à la traîne. Elle ferait appliquer une stratégie déclinée sur
trois volets. Cette autorité mettrait en place les solutions techniques comme les
logiciels et les antivirus fiables à adopter pour sécuriser le réseau. Elle s’occuperait
de l’aspect juridique par la mise à jour des textes et s’occupera, troisièmement, de
la sensibilisation et de la formation des équipes», résume l’expert, qui affirme que
ces propositions ont été inscrites dans la stratégie e-Algérie en 2013.
Nadir Iddir