Pourquoi le privé ne finance pas le cinéma algérien


Lundi 05 Decembre 2016 00:00



«Quand il n'y a plus de pétrole, il n'y a plus d'idées de film.» Ahmed Bedjaoui
Depuis quelque temps le débat sur le financement privé du cinéma s'est installé. Pourquoi le privé n'investit pas dans le cinéma? La réponse est pourtant simple: Il n'y a pas de rentabilité dans le cinéma pour un opérateur privé. Contrairement au cinéma, le privé investit par exemple dans les productions audiovisuelles. Il finance à hauteur de plusieurs milliards des feuilletons et des séries durant le mois sacré du Ramadhan et cela, parce qu'il bénéficie d'espaces publicitaires. D'ailleurs, la télévision Echourouk qui diffuse quatre programmes internationaux, achetés à coups de milliards de centimes à Endemol en France, sont financés par des sponsors privés spécialisés dans l'agroalimentaire et le détergent. Le cinéma s'est visiblement mal commercialisé. La mauvaise qualité des oeuvres, la faiblesse du scénario et surtout l'absence de marketing ont longtemps causé du tort au cinéma algérien. Celui-ci est aujourd'hui indésirable dans les festivals même de nos voisins marocains et tunisiens. II est quasiment absent des festivals de première catégorie comme Dubai ou Marrakech et quand il est présent pour une question diplomatique, il est absent du palmarès. Cette situation a été provoquée par plusieurs facteurs: l'absence de création cinématographique tuée par le cinéma des manifestations. L'absence d'un producteur jaloux de la qualité de ces films et surtout un ministère qui ne veille pas sur la qualité de ses productions a conduit à cette situation. A la télévision on a déjà installé un système pour lutter contre la médiocrité, en imposant un contrôle de qualité sur les productions. Si le film n'est pas bon, le producteur exécuteur ne pourra pas bénéficier de la deuxième tranche de son financement et sera même appelé à revoir la production de son film. Cette situation est de mise même si les derniers films produits par la télévision comme Le héros inconnu d'Ali Hadj Menad et Le marin de Mehdi Abdelhak témoignent de la qualité des réalisateurs et des productions choisies par l'Entv. Le privé n'est pas un connaisseur du cinéma, et ignore l'importance même du 7e art. Parfois, c'est un danger pour le créateur et le cinéaste. Le meilleur exemple est le cas de Saâdi le propriétaire de la chaîne Berbere TV. Ce dernier a financé le premier film de Bouguermouh, La Colline oubliée. Le réalisateur n'avait plus d'argent pour terminer le film, il a dû faire la quête auprès des villageois pour le finaliser. Le patron de Berbere TV, une chaîne qui défendait l'amazighité à ce moment-là, lui a proposé de compléter le financement à condition d'entrer dans la coproduction. Le film terminé, l'oeuvre n'appartenait plus à Bouguermouh qui s'est rendu compte plus tard du piège du financement privé