A LA UNE/ACTUALITÉ_Printemps Berbère du 20 avril 1980
le 20.04.16 | 10h00
La mobilisation reste intacte
L’anniversaire du Printemps berbère est particulier cette année. Les acteurs du Mouvement culturel
berbère (MCB), parmi lesquels d’anciens détenus de 1980, se sont retrouvés à l’auditorium de
l’université Mouloud Mammeri de Tizi Ouzou pour apporter leurs témoignages sur ces événements et sur la période
durant laquelle le pouvoir avait réprimé la population et les défenseurs de la cause amazighe.
Le doyen des militants, Me Ali-Yahia Abdennour, était là, aux côtés de Saïd Khelil,
Mouloud Lounaouci, Ali Brahimi, Arezki About, Rachid Aït Ouakli et d’autres encore,
comme Amar Fali, Saïd Boukhari, Arab Aknine et Saïd Douamne. Les interventions ont porté
sur un point principal : dépasser les divergences pour la remobilisation.
Pour Samy-Hassani Ould Ouali (coordinateur du syndicat des universitaires, le CNES,
organisateur de la rencontre) «les retrouvailles d’aujourd’hui sont un hommage à nos aînés et
une opportunité pour tracer des projets communs dans le respect des divergences politiques,
mais dans l’union». Cette rencontre, décidée par le CNES, le Snapap et la Coordination locale
des étudiants (CLE), était une réponse au pouvoir, qui a interdit des conférences dans les enceintes
universitaires, et un socle pour ériger un nouveau départ pour le mouvement berbère, a-t-on espéré.
Dans ce sens, Me Ali-Yahia a appelé à la mobilisation et à l’union : «Rien ne se fera sans la Kabylie et
rien ne se fera contre la Kabylie. L’union que nous voulons n’est pas uniquement pour la Kabylie
elle-même, mais aussi pour l’Algérie.» Tout en vilipendant le régime qui se «maintient par la corruption»,
il a qualifié le président de la République, le Parlement dans son ensemble et la Constitution d’«illégitimes».
Pour sa part, Rachid Aït Ouakli est revenu sur l’esprit de 1980 et ses valeurs
«Notre université, bastion de la réflexion et de la protestation, était une véritable communauté, unie et
soudée derrière des objectifs bien définis.Nous étions traversés par des courants politiques différents
FFS, trotskystes, berbéristes — mais ces différences étaient une richesse. Nous avons pu éditer des publications
clandestines sous la répression et le dénigrement du pouvoir. Peut-on aujourd’hui poursuivre cet idéal et
reconstruire ce qu’on a démoli ?» La rencontre d’hier n’a pas été une rétrospective des événements du
Printemps berbère et une opportunité pour les détenus de narrer les conditions de détention ; elle a été
un creuset pour construire un avenir pour d’autres combats, l’officialisation de tamazight étant considérée
comme une autre étape du déni identitaire, tant tamazight est confiné dans une position de langue mineure,
ont relevé les participants à cette rencontre. A noter que le détenu le plus populaire, Saïd Sadi,
a décliné l’invitation. Il était également absent, avant-hier, à une rencontre similaire à Draâ El Mizan.
Saïd Gada