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Résultats BAC 2015
11.07.2015|10H00

Longtemps réduit à la régulation des flux des élèves

Le bac en quête d’un saut qualitatif

Le taux de réussite de 51,36%, qui a beau être le plus élevé depuis trois ans,
révèle les limites du système actuel d’évaluation scolaire.

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Enseignants, pédagogues et parents d’élèves sont unanimes à juger que les chiffres ne sont plus représentatifs du niveau des élèves. La tutelle a été réduite, depuis l’instauration des réformes, à la gestion des flux et est appelée aujourd’hui à réaliser ce saut nécessaire pour passer à une autre étape, celle de la qualité de l’enseignement et de la réhabilitation, entre autres, du baccalauréat qui constitue le premier plus important examen dans la scolarité des Algériens.
Car, du point de vue d’une grande tranche d’enseignants, le baccalauréat est resté longtemps tributaire des conditions générales de scolarité, caractérisées notamment par la priorité donnée exclusivement à la gestion des flux des élèves au détriment de la modernisation des systèmes d’évaluation. «Le secteur de l’éducation n’avait pas trop le choix. Il fallait faire face aux importants effectifs d’élèves qui atterrissent à tous les niveaux de la scolarité.
Surcharge, pénurie d’enseignants, équipements, réalisation des structures…»
«Le baccalauréat reflète aujourd’hui les conséquences de cette approche.

Avait-on réellement le choix ? Aurions nous pu opter pour un diplôme sanctionnant un volume défini de connaissances ? Ou plutôt étions-nous obligés de retenir celui sanctionnant simplement un certain nombre d’années d’études ?» s’interroge Idir Achour, porte-parole du Conseil des lycées d’Algérie, qui estime que cet examen
«montre aujourd’hui qu’on est encore loin des objectifs fixés au lancement des réformes de Benzaghou».

35% des élèves ont la moyenne annuelle
Le syndicat estime que la ministre actuelle, Nouria Benghebrit, a donné des signaux forts démontrant sa volonté de mener le secteur vers «ce saut», mais elle est appelée à faire plus d’efforts pour ce qui est des conditions de réalisation de ce bond conditionné par le soutien de tout le gouvernement.
Car, selon le CLA, les résultats obtenus au baccalauréat «ne sont pas des indicateurs réels du niveau de nos élèves». Le CLA estime que le taux des élèves ayant obtenu la moyenne égale ou supérieure à 10 durant l’année scolaire ne dépasse pas les 35%. Les questions et les barèmes des sujets étaient très avantageux pour les élèves.
Le CLA se réjouit, par ailleurs, de l’organisation par la tutelle de la conférence les 25 et 26 juillet, qui sera consacrée à l’évaluation de l’enseignement secondaire. «Nous espérons que des mesures réelles pour la refonte du baccalauréat seront prises et les autres examens de fin de cycle doivent être plus réalistes. Le secteur doit bénéficier de l’appui de toute la société et des pouvoirs publics pour l’amélioration de la qualité de l’enseignement.
La réhabilitation de l’enseignement professionnel doit également être cet outil efficace pour soulager la pression sur l’enseignement général», soutient le syndicaliste. Bachir Hakem, professeur de mathématiques, s’inquiète quant à lui du sort des 439 000 nouveaux universitaires «alors que nos capacités d’accueil
ne peuvent dépasser les 300 000 places universitaires en première année».

Comment arrivera-t-on à gérer le cas des 414 780 candidats qui ont échoué qu’il faut impérativement placer dans l’éducation ou dans les centres de formation ? «Les beaux discours sont dépassés», lâche-t-il. L’Union nationale des personnels de l’éducation et de la formation abonde dans le même sens : «Les résultats du bac 2015 montrent les limites du système d’évaluation en vigueur depuis des décennies.» Messaoud Amraoui, chargé de l’information, estime que la tutelle est appelée en urgence à décréter des mesures permettant, en même temps, de réhabiliter cet examen en sanctionnant
les connaissances réelles des élèves et en lançant des mécanismes pour ne pas les pénaliser.

Pour ce syndicat, un débat sérieux autour du baccalauréat s’impose pour des mesures sur le court terme. «Aucune entreprise sérieuse ne peut donner ses résultats sans la réhabilitation du conseil des classes»,
soutient le même syndicaliste.


Fatima Aït Khaldoun-Arab