«On ne peut pas réformer avec un pouvoir illégitime»

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Le FFS débat de la situation socio-économique
le 18.09.16 | 10h00

Le Front des forces socialistes (FFS) remet sur la table sa démarche
de reconstruction du consensus national.
Après les premières consultations non abouties, le parti persévère
dans sa démarche en estimant qu’il ne peut y avoir d’autre solution
à la crise que si elle est «consensuelle» et «acceptée par les forces
politiques actives». C’est le message fort qui est sorti de la conférence nationale économique sociale, que ce parti a organisée hier à Alger
sous le slogan «Pour un projet économique et social consensuel».

Ce choix assumé a été réaffirmé par le 1er secrétaire du parti,
Abdelmalek Bouchafa, qui a assuré qu’aucune politique de réforme
ne peut réussir, si elle n’est pas le résultat d’un dialogue consensuel
entre les différents acteurs à la fois politiques, économiques et sociaux. Dressant un constat sombre de la situation économique du pays,
faite d’un déficit qui se creuse, d’une inflation qui grimpe, d’une
croissance en baisse, d’un chômage en hausse et de ressources
finances de plus en plus faibles, le 1er secrétaire du FFS accable le
pouvoir qu’il considère comme «la source» de cette crise.
«Cette
crise est le résultat naturel d’une gestion unilatérale et autoritaire
des affaires du pays. Elle est la preuve irréfutable de l’échec des
politiques entreprises par le système en place et les réformes
engagées par les gouvernements successifs», soutient
Abdelmalek Bouchafa qui met en avant l’échec de toutes les
tentatives d’abandon du système économique bâti sur la rente
pétrolière.
Le 1er secrétaire du FFS poursuit en affirmant que le développement est basé sur deux valeurs majeures. La première,
selon lui, est la participation du peuple. La seconde est la
responsabilité. Le 1er secrétaire du FFS estime qu’il n’y a pas de
volonté politique pour trouver des solutions radicales aux crises
que vit l’Algérie. «Au FFS, nous ne croyons pas aux réformes
basées sur la répression politique et judiciaire qui viennent en
appui à la répression économique», affirme M. Bouchafa qui
critique vertement la politique d’austérité du gouvernement et le
projet «virtuel» d’un nouveau modèle économique.
Abdelmalek
Bouchafa s’interroge dans ce sillage sur ce nouveau modèle de
croissance annoncé en grande pompe en avril dernier par le
Premier ministre, Abdelmalek Sellal. Il affirme que «jusque-là,
on n’a vu que des décisions antinationales et antisociales
imposées aux Algériens qui aggravent les injustices et inégalités».
Pour le 1er secrétaire du FFS, la croissance et la stabilité
socioéconomique que ne cessent de mettre en avant les dirigeants
du pays ne sont que «mensonge et utopie». Il assure qu’aucun
choix fait depuis l’indépendance n’a été concrétisé. M. Bouchafa
regrette que malgré les «dangers qui pèsent sur la pérennité de
l’Etat-nation», le pouvoir refuse de tendre une oreille attentive aux
incessants appels pour un dialogue national constructif d’un
consensus sur une sortie de crise. «Au FFS, nous sommes
intimement convaincus que la crise est éminemment politique.

«Contrecarrer le statu quo»

C’est une crise systémique d’abord, une crise économique ensuite»,
soutient M. Bouchafa qui exprime la détermination de son parti à aller
de l’avant pour «reconstruire» avec toutes les forces politiques un
consensus national qui va concrétiser le «changement espéré par les Algériens». Le 1er secrétaire du FFS précise qu’on ne peut pas
engager de réformes avec un pouvoir illégitime.
Pour sa par, Mohand Amokrane Chérifi, membre de l’instance présidentielle du parti et expert onusien, a donné les raisons qui poussent le pouvoir à œuvrer dans le
sens du maintien du statu quo. Faisant une introduction politique au
débat économique et social, Mohand Amokrane Chérifi assure que
«le système se sent fort grâce à son administration par laquelle il
contrôle la société, par ses services de sécurité notamment la police
qui réprime les contestations sociales». C’est, selon lui, pour cette
raison qu’il refuse le dialogue et la médiation. Pour ce membre de
l’instance présidentielle, le pouvoir, qui bénéficie d’appuis extérieurs,
ne se sent nullement menacé par les émeutes.
Il souligne en revanche
que ce système, qui se sent fort, ne pourra pas durer. Il estime que la troisième génération d’Algériens «ne va pas se laisser faire».
Le changement va avoir lieu, soutient-il. La question qui se pose, en revanche, c’est de savoir s’il serait pacifique ou violent. Des experts
de renom ont également livré, lors de cette conférence-débat, leurs
analyses et visions sur l’économie nationale sous différents angles.

Mokrane Ait Ouarabi